Addition salée


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Le prix du pardon est un conte cruel et poétique. Amour, haine et vengeance au bord de l’eau. Son réalisateur, le Sénégalais Mansour Sora Wade, signe son premier long métrage. Un talent à suivre.

Maxoye est la plus belle fille du coin. Sensuelle et aguicheuse, elle fait tourner les têtes de Mbanik et de son ami d’enfance Yatma. Alors que le village est recouvert d’un étrange brouillard qui empêche les pêcheurs de sortir en mer, Mbanick, le fils du marabout, va oser défier les esprits pour faire disparaître la brume opaque. Plus que la gloire que Mbanick en retire, c’est l’amour que Maxoye lui offre que convoite Yatma.

Fou de jalousie, Yatma poignarde son ami et le noie. Son crime est étouffé par son père,  » lion  » du village qui va pousser le cynisme jusqu’à demander la main de Maxoye pour son fils. Cette dernière accepte, pour mieux venger son premier fiancé. Yatma devra élever l’enfant qu’elle porte et qu’elle prénomme comme son père : Mbanick. S’ensuit une série de tortures morales dans le but d’affaiblir Yatma, de le ridiculiser, de lui faire payer chèrement la mort de l’aimé.

Loin du folklore

Le Sénégalais Mansour Sora Wade signe ici son premier long-métrage de fiction et s’en sort plus qu’honorablement, travaillant les ambiances et les couleurs avec doigté. Le scénario est adapté du roman de Mbissane Ngom, issu, comme le réalisateur, de l’ethnie Lebu, peuple de pêcheurs vivant sur le littoral atlantique.  » J’ai voulu tourner dans la région même où se situe l’action du roman « , explique Mansour Sora Wade. Ce dernier a pris soin de s’éloigner de tout folklore et de tout cliché. Ainsi, les boubous des femmes n’ont pas cette bigarure très  » couleur locale  » que l’on peut voir habituellement. Ils sont unis, sans pour autant être sobres.

A côté de la beauté fraîche de Rokhaya Niang (Maxoye), on retrouve Hubert Koundé, apparu dans différents films français, de Métisse ou La Haine de Matthieu Kassovitz à Comment j’ai tué mon père d’Anne Fontaine. Les deux acteurs servent avec brio ce conte cruel qui ne s’épargne pas quelques moments de poésie.

Le prix du pardon, de Mansour Sora Wade, 90 min. Sortie française le 6 mars 2002.

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