Abdou Diouf, premier francophone


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De gauche à droite : Bernard Kouchner, Doris Leuthard, Abdou Diouf, Joseph Kabila

L’ancien président sénégalais Abdou Diouf a été élu dimanche à l’unanimité, au sommet de Beyrouth, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il succède à l’Egyptien Boutros-Boutros Ghali, qui occupait ce poste depuis sa création en 1997. L’Algérie s’apprête à devenir membre à part entière de l’OIF.

Le longiligne ancien président sénégalais, Abdou Diouf, a été élu ce dimanche à Beyrouth au poste de Secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Après le retrait d’Henri Lopès, ambassadeur du Congo à Paris, Abdou Diouf restait seul en lice. Il a été élu à l’unanimité par les chefs d’Etat et de gouvernement réunis dans la capitale libanaise depuis vendredi dernier. A la tête de l’OIF qui regroupe 56 Etats et provinces, Abdou Diouf succède au diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali qui avait été élu à ce poste au sommet de Hanoi en 1997.

Lopès en colère

L’écrivain et diplomate congolais, candidat malheureux à Beyrouth, a retiré sa candidature dans la nuit de samedi à dimanche  » à cause des grandes pressions  » qu’il a subies. Plusieurs pays, notamment le Gabon d’Omar Bongo, avaient soutenu la candidature d’Henri Lopès.  » Le candidat de l’Afrique centrale  » , selon les propres termes du président gabonais, avait reçu en juillet 2001 le soutien de 22 chefs d’Etat des pays francophones d’Afrique qui s’étaient engagés par écrit en sa faveur, au sommet de l’organisation de l’Unité africaine (OUA) à Lusaka. C’était avant qu’Abdou Diouf ne déclare sa candidature. Et que le président Abdoulaye Wade ne se fasse le premier soutien de celui qui l’avait précédé à la tête de la République du Sénégal.

Le nouveau Secrétaire général a affirmé que son mandat sera axé sur trois points : la démocratie, la paix et la démocratisation de la langue française dans le respect des différentes cultures. L’ensemble des pays francophones attendent de celui qui fut le fils spirituel, le dauphin puis le successeur de Léopold Sédar Senghor un nouvel élan pour la communauté francophone : il a assurément l’autorité politique et l’intelligence diplomatique pour donner une impulsion neuve à des institutions parfois jugées poussiéreuses ou inefficaces. A coup sûr il portera haut et fort la voix de la Francophonie dans le concert complexe d’une mondialisation qui paraît trop souvent favoriser la langue anglaise…

Le sommet a aussi été marqué par la présence du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, en qualité d’invité. L’Algérie, premier pays francophone après la France, n’était pas membre de l’Organisation internationale de la francophonie jusque là. Elle va y adhérer. Ce ralliement est un acte politique fondamental du président algérien, tant vis-à-vis de son propre pays, de son histoire personnelle, que vis-à-vis de la France et du reste des pays francophones. L’Algérie reconnaît ainsi qu’au terme du long processus qui lui a permis de se détacher de sa parenthèse coloniale, elle peut utiliser pour elle-même ce « butin de guerre » que constitue la langue française, pour reprendre les mots de Kateb Yacine.

Cette adhésion majeure et l’élection d’un fils de l’Afrique noire à la tête de la communauté francophone font à coup sûr du sommet de Beyrouth une date historique : il est possible d’en attendre un véritable renouveau de la Francophonie, qui entre ainsi dans une nouvelle époque. De toutes les familles auxquelles nous appartenons, celle-là nous est peut-être la plus chère! Et quelle joie de constater, dans un monde dont l’équilibre est compromis, qu’elle au moins se porte bien!

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