15 ans de conférences internationales : la mort à la louche, solutions à la petite cuillère


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Sida (illustration)
Sida (illustration)

La passion des appels à l’urgence n’a d’égale que la réticence à trouver des budgets décents : l’argent s’avère encore le meilleur curseur de la volonté des Etats pour lutter contre le sida. Pas brillant.

Main sur le coeur… plutôt qu’au portefeuille. A chaque rencontre internationale pour la lutte contre le sida, les espoirs entretenus par les malades et les chefs d’Etat africains font face aux bilans toujours aussi catastrophiques. Mais les résultats carrément aux antipodes des programmes établis et des moyens engrangés ne découragent pas la communauté internationale. La dernière conférence internationale sur le sida s’est tenue à Durban en Afrique du Sud en juillet dernier. Au programme, le rappel des moyens de transmission du VIH, virus responsable de la maladie, les chiffres actuels et l’occasion de souligner les maigres avancées qui percent enfin après de longues années d’attente. Et l’ONUSIDA de citer en exemple l’Ouganda, où l’usage des préservatifs s’inculque progressivement dans les esprits et où l’infection des femmes enceintes décroît sensiblement grâce à l’utilisation des antibiotiques.

Lenteur et misères

Et avant Durban, première ville africaine à accueillir cette conférence, il y en a eu 12 autres. La première eut lieu aux Etats-Unis en 1981 lorsque les premières études montrèrent que cette affection jusque là inconnue, se transmettait par voie sexuelle et sanguine. Commencèrent alors les recherches pour l’enrayer. Ce ne sera pourtant que huit ans plus tard que des malades du Sida pourront s’exprimer lors de ces congrès médicaux ! En 1991, lors de la septième conférence, il n’ y eut qu’à constater l’incroyable évolution de la maladie à travers le monde, mais particulièrement en Afrique. Le continent compte aujourd’hui à lui seul 70% des séropositifs recensés dans le monde. Les XIè et XIIè conférences qui ont eu lieu respectivement à Vancouver et à Genève en 1996 et en 1998-, furent surtout d’ordre médical : vaccin, infections opportunistes, traitements anti-viraux, effets secondaires des traitements étaient les principales préoccupations.

A l’heure actuelle, le sida est appréhendé comme une « guerre » et des appels à la mobilisation générale ne cessent d’être lancés. C’est que les projections faites se sont transformées en terribles réalités. La prise de conscience de cet échec, du réel danger que représente le virus et ses conséquences s’est fait sentir lors de la XIIIè conférence à Durban. L’un des sujets abordés lors de cette rencontre concernait les soins prodigués aux malades. Après avoir constaté l’inefficacité de la prévention seule, la communauté internationale se penche sur les traitements.

En raison des coûts fixés par les laboratoires, les médicaments restent inaccessibles aux pays africains. Et pour épargner un endettement encore plus lourd, Bernard Kouchner (à l’époque secrétaire d’Etat à la Santé au gouvernement ) et Jacques Chirac (président de la République) ont mis en place, au lendemain de la XIè conférence internationale sur le Sida et les MST en Afrique qui s’est déroulée en Zambie en septembre 1999, un fonds de solidarité thérapeutique internationale (FSTI), jugé inadapté à l’urgence de la situation.A part la Corée du Sud et la France, qui ont versé respectivement 600 000 et 25 millions de FF, aucun autre pays ne s’est manifesté pour le moment.

Ghylaine Mermet

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