Viol au Maroc : après « Danielgate », la police abuse d’une jeune Ivoirienne


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Au Maroc, les affaires de pédophilie et de viol n’en finissent pas. Cette fois-ci, c’est le cas de Tina Melon, une jeune Ivoirienne de 16 ans, qui affirme avoir été violée par cinq membres des forces auxiliaires marocaines, qui suscite l’indignation.

Enième bavure sur un migrant subsaharien au Maroc. Alors que le pays baigne encore dans l’affaire « Danielgate », il attire une nouvelle fois l’attention avec cette sombre histoire de présumé viol de cinq policiers sur une jeune Ivoirienne de 16 ans. Soutenue par l’Association marocaine des Droits humains (AMDH), la jeune fille a déposé une plainte mercredi au commissariat de Tanger, pour viol collectif.

Le 1er août dernier, en plein mois de Ramadan, des policiers arrêtent Tina, alors qu’elle se dirigeait vers une pharmacie pour s’acheter des médicaments, et trois autres femmes, dont une enceinte. Dans la fourgonnette, les quatre femmes sont malmenées et les papiers en règle de l’une d’entre elles sont déchirés par les policiers, selon un témoignage. Elles finissent par être relâchées, sauf Tina et la femme enceinte avec qui elle est proche. La jeune fille aurait été emmenée dans la forêt de Tanger. Commence alors le calvaire. Une heure interminable. Un des policiers fait le guet et surveille la femme enceinte, pendant que les autres auraient obligé Tina Melon à baisser son pantalon avant de la violer à tour de rôle, la plumer de ses biens et l’abandonne dans la forêt à 17 heures, selon Lakome.com. Elle parviendra à rentrer chez elle, meurtrie, qu’après 23 heures.

« Elle avait déjà été violée »

Ce drame replonge la victime deux ans en arrière, en 2011. Selon un membre de l’antenne AMDH à Tanger, Aboubakr El Khamlichi, Tina Melon, a été violée en Côte d’Ivoire, à l’âge de 14 ans, par des militaires pendant les troubles post-électorales. Le militant a tenu à accompagner Tina Melon pour déposer plainte au commissariat, de peur qu’elle soit « arrêtée et simplement mise dans une fourgonnette ou un bus à destination d’Oujda ». Le procureur a ordonné un examen médical. Aux dernières nouvelles, le Wali de Tanger a promis ce jeudi, après avoir reçu la victime, d’ouvrir une enquête et de protéger Tina contre toute agression future.

Tina Melon est originaire de Yopougon, un quartier d’Abidjan. Elle a quitté à cause des violences. « Mon père a été tué sous nos yeux, ma mère, ma petite sœur et moi », a-t-elle confié par téléphone à Lakome. « Les membres de la milice m’ont violé devant ma maman et ma petite sœur pour les tuer ensuite. Je suis restée là jusqu’à ce qu’un homme m’aide à quitter le pays vers le Mali », a-t-elle ajouté. C’est en août 2012, après un passage à Bamako comme aide-ménagère, qu’elle parvient à rejoindre le Maroc. Une vie déjà difficile au moment d’arriver au Maroc. Sauf que cela va s’empirer puisqu’elle se fera sauvagement violée par des policiers.

Après avoir mis quelques jours pour trouver la force de témoigner, elle a rendez-vous ce vendredi avec un psychiatre pour l’aider à traverser cette épreuve. Aujourd’hui, Tina ne rêve que d’une chose : « Je veux aller à l’école, c’est très important pour moi afin de mettre fin à ce climat de violence quotidienne ».

Les Subsahariens maltraités

Ce nouveau scandale remet non seulement en question le laxisme dont le Maroc fait preuve à l’égard des violeurs et des pédophiles, mais aussi le traitement qu’il réserve aux migrants subsahariens. Quelques jours plus tôt, le 24 juillet, les forces de l’ordre de Tanger procèdent à une opération « nettoyage ». La rafle de migrants dégénère. Parmi les subsahariens arrêtés, se trouvait Alex Toussaint, 40 ans, enseignant à Rabat. Ce dernier rendait une visite à des amis à Tanger. Malgré sa carte de séjour, il a été embarqué, au même titre que les migrants sans papiers. Alors que les migrants pensent être conduits au commissariat, le bus prend la direction d’Oujda, où les migrants sont abandonnés à la frontière algérienne, en plein désert. Pendant le trajet, Alex Toussaint tente de raisonner les policiers. Il est jeté hors du bus par l’un d’entre eux. Il décèdera cinq jours plus tard à l’hôpital Mohammed V de Tanger.

L’AMDH se dit scandalisée par « l’ampleur que prend la brutalité policière », devenue légion à Tanger contre les migrants subsahariens. « Les autorités agressent à l’arme blanche des émigrants sans défense et fragiles pour leur subtiliser leurs biens ! Notre collectif recense chaque jour des cas de violences graves commises contre cette population », affirme Aboubakr Khamlichi.

De son côté, le ministère de l’Intérieur avait démenti fin juillet toute infraction à la loi lors de l’arrestation et du refoulement des Subsahariens sans-papiers…

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