Tunisie : des voix s’élèvent pour la dépénalisation du cannabis


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A l’heure où certains pays réfléchissent à dépénaliser le cannabis, ou réduire d’une simple amende la punition liée à son usage, en Tunisie des jeunes continuent d’aller en prison, jusqu’à cinq ans de prison. Un collectif a décidé de lever la voix pour dépénaliser le cannabis.

Consommer du cannabis en Tunisie peut mener en prison. De un à cinq ans de prison, assorti d’une amende de 1000 à 3000 dinars (500 à 1500 euros). Une mesure punitive qui ne semble pas porter ses fruits puisque les jeunes consomment d’autres types de stupéfiants une fois en prison. Sans compter le fait qu’ils se voient attribués un casier judiciaire et contraints d’abandonner leurs études. Car ce sont en effet les jeunes qui sont les premiers concernés par cette loi comme le prouve les statistiques : la tranche d’âge des détenus pour consommation de stupéfiants varie entre 18 et 35 ans.

Des militants se sont décidés à passer à l’action afin de pousser le gouvernement à dépénaliser le cannabis. Une campagne a d’ores et déjà été lancée. En mars 2012 déjà, une manifestation avait eu lieu devant l’Assemblée nationale constituante, au Bardo, pour une révision complète de la loi 52 qui pénalise la consommation de cannabis.

Ghazi Mrabet, avocat proche du milieu militant a créé la semaine dernière avec un groupe d’activiste l’initiative « Al Sajin 52 » (prisonnier 52). Ce groupe de militants demande l’ouverture d’un débat national et une remise en question de la loi 52, promulguée le 18 mai 1992, qui stipule « sera puni d’un emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 1.000 à 3.000 dinars tout consommateur ou détenteur, à usage de consommation personnelle, de plantes ou matières stupéfiantes, hors les cas autorisés par la loi. La tentative est punissable » (article 4). Il demande, non pas la légalisation du cannabis, mais l’annulation de la peine d’emprisonnement, en la remplaçant, à titre d’exemple, par des travaux d’intérêt général.

Le collectif a rédigé une lettre ouverte au Premier ministre Mehdi Jomâa dans laquelle il demande l’arrêt de « l’hypocrisie ». « Cette loi était utilisée de manière répressive par l’ancien régime contre les voix contestataires. Aujourd’hui, pour les défenseurs de la réforme, c’est toujours le cas. L’emprisonnement du chanteur Kafon, co-auteur de la chanson Houmani, tube national, visionné des millions de fois sur youtube en quelques mois et qui raconte les conditions de vie des jeunes Tunisiens, en serait un exemple », peut-on lire sur cette lettre…

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