Tchimbamba PN 242 (The story of)


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Afrik.com offre à ses lecteurs le récit de voyage du réalisateur de Tchimbamba PN 242, film traçant le quotidien d’une jeune enfant, Naomie, là-bas dans le quartier de Tchimbamba à Pointe Noire en République du Congo. Une rencontre entre un homme blanc et une enfant noire, comme un éclat de chance appelé à bousculer le destin de Naomie…

(De notre correspondant)

Tchimbamba PN 242
(The story of – # 1 – Mille francs CFA)

En novembre comme en décembre de cette année là, j’avais dû la croiser quelques dizaines de fois, sans arrêter mes tongs, sans un mot échangé, il y a tant et tant d’enfants dans cette ruelle qui remonte jusqu’au goudron. Nous sommes déjà en Février, elle a treize ans à peine et elle cherche dans cette même ruelle un billet de 1000 perdu dans sa course pour aller acheter une carte téléphonique. Quelque part dans une poche, j’ai un billet pareil à lui tendre, pour la voir quitter son air triste. Tu t’appelles comment ?… Naomie ! Dans cette ruelle du quartier Tchimbamba – à Pointe Noire – où nous sommes l’histoire laissera passer les jours pour étoffer les mots et fabriquer de plus larges sourires.

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C’est une fin d’après-midi et le début du mois. Je pars tête ailleurs – mais vers où ? – caméra à la main. Dans la ruelle, Naomie ; Sa sœur Kelly, son frère Yaviche. D’autres enfants encore à se partager les rires et qui se présentent – liens du sang ou liens du cœur – tous comme frères et sœurs. De quoi parlons-nous ? Peut-être du billet de 1000, peut-être de ma caméra… Tu sais, toi ? Moi non plus et qu’importe ! Qu’importe puisqu’ils chantent plus qu’ils ne disent, qu’ils m’offrent dents blanches dehors quelques refrains du pays. Ce sont mes premières images. Là, dans la ruelle, à quelques mètres de la tôle ondulée qui ouvre sur la parcelle.

J’ai perdu ces images dans l’oubli de ma caméra. Laissée sur le siège avant d’un Taxi Bleu, à l’Arrêt deux Poteaux, à revenir, ma tête ailleurs, d’un tournage à la Fondation Sœur Marie Bernard de Mont Brison. Lutte sans véritables moyens en faveur de femmes battues, d’enfants ou aveugles ou sourds, ou muets ou autistes. Ce qu’il faut de lutte acharnée dans cette République pour que rien ne bouge ou presque ! Là où vont mes tongs aujourd’hui, je n’arrive à aucune tristesse pour la caméra et ses images perdues. La tristesse est ailleurs. Nous sommes un 5 mars, un lendemain d’apocalypse. La tristesse est ailleurs, dans ce qui était hier un entrepôt de munitions du quartier Mpila à Brazzaville. La tristesse est ailleurs. Et sur toutes les radios de tous les Taxis Bleus.

Je serai demain dans la nuit à l’Aéroport International Agostinho-Neto. Le pays est en deuil national et seules les musiques Chrétiennes sont autorisées à être diffusées. Il y a dans la ruelle les mêmes enfants dans les mêmes rires et dans mon bagage une vieille Cannon de secours. J’aimerai les mêmes chansons. Mais aux refrains perdus d’il y a trois jours Naomie préfère « La Congolaise ». Hommage aux victimes de Mpila me dit-elle.  » En ce jour le soleil se lève et notre Congo resplendit… » Qu’il est émouvant cet hymne national chanté à l’arrache dans la ruelle et que je passe en boucle dans l’avion qui me ramène à Paris-Orly. Dans le ciel Africain, loin au dessus des maisons en planche, l’idée de Tchimbamba PN 242 commence alors son voyage.

A suivre…

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