Soudan du Sud : non-respect du cessez-le-feu, Bor croule sous les combats


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Selon des sources militaires, les rebelles de Riek Machar sont parvenus à Bor où des scènes de combats ont actuellement lieu. L’accord d’un cessez-le-feu prévu ce mardi est en péril.

Alors que l’ultimatum de pays d’Afrique de l’Est expire ce mardi pour un cessee-le-feu et entamer des négociations, le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer, rapporte qu’ « il y a des combats ce matin dans la ville de Bor », capitale de l’Etat du Jonglei (est), située à quelque 200 km au nord de Juba. Les combats auraient en effet commencé avant l’aube, selon un porte-parole de la Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss), Joseph Contreras.

La situation chaotique à Bor ne présage rien de bon, d’autant plus que Riek Machar exige toujours la libération de tous les prisonniers politiques arrêtés au lendemain du présumé coup d’Etat avorté, et le dirigeant Salva Kiir refuse de partager le pouvoir avec son ex-vice président limogé en juillet 2013.

Précédemment aux mains des rebelles loyaux à Riek Machar, la ville de Bor avait été reprise le 24 décembre par l’armée régulière. Mais la menace d’une avancée rebelle vers la ville pesait. Pour mener cette progression, l’ex-vice président avait été accusé par Juba d’avoir mobilisé 25 000 jeunes Nuer, la tribu dont est issue Riek Machar. Surnommée « Armée Blanche », les miliciens de Nuer sont redoutés pour leur force et leur brutalité.

La présumée tentative de coup d’Etat mené le 15 décembre par Machar et ses troupes a plongé le pays dans le chaos. Pas moins de 180 000 personnes auraient été déplacées, et le conflit aurait fait des milliers de morts. Des informations faisant état de massacres, de viols et de meurtres à caractère ethnique ont émergé. Car même si le conflit est officiellement alimenté par une vieille rivalité politique entre les deux hommes, il revêt aussi une dimension tribale. Salva Kiir est issu des Dinka et Riek Machar des Nuer. Les observateurs craignent d’ailleurs que ces massacres entre tribus ne débouchent sur une guerre civile. D’où la mobilisation d’une délégation de dirigeants d’Afrique de l’Est, entre autres, pour convaincre les deux protagonistes d’accepter un cessez-le-feu et d’accepter l’ouverture d’un débat. Mais les efforts de paix semblent être dans l’impasse. Les deux propositions de la délégation d’Afrique de l’Est devaient prendre effet ce mardi…

Riek Machar dépassé par les évènements ?

Certains soupçonnent Riek Machar de ne plus disposer d’un contrôle total sur l’ensemble des milices et des commandants mutins de l’armée qui détiennent notamment Bentiu, la capitale de l’Etat pétrolier d’Unité. Le risque est désormais que des factions se dessinent au sein des groupes mobilisés autour de Riek Machar. Si demain Riek Machar décident de déposer les armes et de discuter avec son rival, il n’est pas certains que tous les rebelles le suivent dans sa décision, à moins que Salva Kiir quitte le pouvoir. Une décision toutefois inenvisageable pour le Président sud-soudanais. Dans un entretien à la BBC, Salva Kiir a assuré vouloir régler le conflit par des « moyens pacifiques ». Ce dernier a exclu tout partage de pouvoir avec Riek Machar et a indiqué que ses alliés seront libérés en fonction du processus judiciaire. « Vous n’enfermez pas juste des gens et le lendemain vous leur dites Sortez, vous êtes libre », a-t-il lancé.

« Cet homme est un rebelle. Si vous voulez le pouvoir, vous ne vous rebellez pas pour recevoir le pouvoir », a-t-il déclaré. « Quand je suis arrivé (au pouvoir), je ne l’ai pas fait via un coup militaire, je suis venu (au pouvoir) élu par le peuple ».

L’Union africaine a haussé le ton contre les belligérants, promettant d’imposer des « sanctions ciblées » à tous ceux qui « inciteraient à la violence, y compris suivant des clivages ethniques », « poursuivraient les hostilités » ou « commettraient des actes de violence contre les civils et les combattants désarmés ». Washington, principal soutien du Soudan du Sud depuis son indépendance en juillet 2011 dit multiplier les efforts pour trouver un terrain d’entente mais avoue faire face à une situation « très compliquée et précaire ».

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