Soudan du Sud : incertitude totale sur une éventuelle scission de la rébellion


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Les rebelles sud-soudanais appartenant au Mouvement de Libération du Peuple ont annoncé, ce jeudi 13 août 2015, que de violents heurts ont opposé rebelles et forces pro-gouvernementales. Ces heurts interviennent deux jours après l’annonce d’une scission au sein du mouvement. Mais selon le porte-parole de la rébellion, il n’y a eu aucune scission.

La faction armée de l’opposition du Sud-Soudan, appartenant au Parti Mouvement de Libération du Peuple, a annoncé, ce mercredi 12 août, que des heurts ont éclaté entre rebelles stationnés dans la localité de Magwi, fidèles à l’ancien Vice-président, Riek Machar et les forces gouvernementales présentes dans cette zone.

L’information a été donnée par Oyet Nathaniel Pierino, porte-parole du nouveau gouverneur de la rébellion dans l’Etat de Imatong. Dans un communiqué de presse, Auwas Simon Pidomoe, membre du groupe, précise : « Aujourd’hui, 12 août 2015, à 05h00 du matin, les forces pro-gouvernementales en violation de l’Accord de Cessez-le-feu ont attaqué nos forces dans la localité de Magwi ».

Appel à la destitution de Riek Machar

Selon Auwas Simon Pidomoe, les forces gouvernementales ont été défaites et les combats ont fait des victimes. Il ajoute aussi que les rebelles ont pu saisir des matériels dont un fusil 1 AK47, 1 PKM ainsi qu’un smartphone. Pidomoe explique que l’opération a été dirigée par le commandant Lam Paul sous le commandement de Michael Odogtoo.

Dans une déclaration adressée au Président Salva Kiir, Pidomoe se veut menaçant, exigeant que celui-ci quitte le pouvoir car les forces rebelles ne le reconnaîtront pas en tant que Président. « Le gouvernement de Salva Kiir est totalement illégitime et nous ne le reconnaissons pas. Salva Kiir doit quitter le pouvoir pour éviter de plonger le pays dans le chaos total », soutient-il.

Ces heurts arrivent à un moment critique où la légitimité de Riek Machar, Vice-président et leader de l’opposition armée, est remise en question par des membres hauts placés du groupe rebelle. Mécontents d’avoir été évincés de leurs postes lors du dernier remaniement au sein du mouvement, des commandants rebelles de haut rang avaient publié un communiqué appelant à la destitution de Riek Machar.

« Nous dénonçons et nous désavouons Dr Riek Machar en tant que leader du Mouvement de Libération du Peuple et commandant en chef », avait déclaré le Général Peter Gatdet Yaka, mardi. Dans le communiqué, Peter Gatdet et Gathoth Gatkuoth, deux hommes forts de la rébellion, expliquent que le différend qui les oppose à Riek Machar était lié à des divergences de points de vue sur de nombreuses questions centrales.

Défection ou scission ?

L’autre différence de taille entre les deux hommes et Riekk Machar concerne les pourparlers de paix entre ce dernier et le Président Salva Kiir prévus ce jeudi à Addis-Abeba, dans la capitale éthiopienne. Des pourparlers de paix catégoriquement rejetés par une partie des rebelles, dont Peter Gatdet et Gathoth Gatkuoth.

« Nous rejetons tout traité de paix qui inclut le Président Salva Kiir et Dr. Riek Machar en vue d’un gouvernement d’unité nationale. Les deux leaders sont devenus le symbole de la haine et du conflit et constituent des obstacles à la paix car les deux se querellent même sur la question de savoir qui devrait diriger le pays », ajoute le communiqué de presse. Mais l’information sur la scission au sein du groupe semble être balayée par la rébellion.

Quelques heures plus tard, le mardi, Stephen Par Kuol, porte-parole du mouvement, affirme qu’il n’y a aucune scission. « Il y a une différence entre la séparation et la défection. Ce à quoi nous assistons est la défection de la part de quelques généraux mécontents qui ont été évincés de leur poste après un remaniement. Toutefois, ils ne sont pas encore expulsés du groupe, mais d’après ce que nous entendons d’eux et les communiqués qu’ils ont rendus publics de manière irresponsable, on peut évidemment parler de défection, mais pas de scission ».

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