Sommet de Durban : couacs au sein des Brics


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C’est sur la volonté de créer une banque de développement commune que les Brics ont achevé leur sommet mercredi à Durban, en Afrique du Sud. Mais derrière cette apparente unité, des failles sont soigneusement dissimulées. Eclairages.

Les Brics. Une unité de façade ? Le groupe composé des États émergents Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ont achevé leur sommet mercredi à Durban. Ils se sont accordés sur la création d’une banque commune de développement afin d’améliorer leurs infrastructures. L’objectif est clair : ne plus être sous le joug de l’occident, ni de la Banque mondiale, ni des réserves du Fonds monétaire international (FMI) non plus.

Seulement, l’équation parait plus compliquée à résoudre qu’elle n’y parait. D’autant que le projet avait déjà été mis sur la table lors de leur dernier sommet à New Delhi, 30 mars 2011. Sans concrétisation. Même si les Brics, qui représentent à eux seuls 45% de la population mondiale, affichent une homogénéité sincère face à l’imposant occident, ils sont loin de jouer toujours la même partition. Oui, il y a des fausses notes au sein de cet immense ensemble, qui détient le quart de la richesse de la planète et les deux tiers de sa croissance.

Avec une réserve de change de 4 000 milliards de dollars, le groupe a pourtant les moyens financiers de mettre en place cette banque commune qui serait dotée d’un capital de 50 milliards de dollars. En clair, chaque État y investirait 10 milliards. Mais les intérêts de chacun viennent plomber la réalisation du projet.

La Chine sous surveillance

D’ores et déjà, les Sud-Africains se demandent comment ils vont réunir une telle somme, sachant qu’elle représente 2,5% de leur PIB. La Russie, elle, préfère jouer la partition de la modératrice, en proposant que chaque État investisse 2 milliards au lieu de 10, mettant en garde contre la précipitation, estimant qu’il faut avancer pas à pas.

La Chine, elle, la mieux lotie du groupe avec un PIB supérieur à 25% à celui de tous ses camarades réunis, tient à préserver son influence actuelle dans le monde, notamment en Afrique. L’empire du milieu qui est au coude à coude avec l’Inde sur le continent africain veut à tout prix maintenir sa prépondérance. L’idée est de ne pas permettre aux autres camarades d’être suffisamment à l’aise pour lui supplanter sa place de leader. L’ordre mondial actuel dont la Chine tire largement avantage ne doit surtout pas être chamboulé. Sous aucun prétexte.

De son côté, le Brésil voit d’un très mauvais œil l’avance nette de la Chine. Sur ce point précis, Moscou aussi surveille minutieusement Pékin, qui ne cache pas ses ambitions pharaoniques. Tout comme New Delhi d’ailleurs.

S’affranchir de la domination de l’occident est donc le principal cordon ombilical qui raccorde les cinq États. Jusqu’à quand ?

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