Sida en Afrique : pourquoi les hommes réagissent mal aux traitements ?


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Ce sont plus de 25 millions de personnes aujourd’hui infectées par le virus du sida en Afrique. Les femmes sont les plus contaminées. Toutefois, une étude révèle que les hommes réagissent le moins bien aux antirétroviraux.

Plus de 34 millions de la population mondiale est atteinte par le virus du sida, dont 75% en Afrique sub-saharienne. Un véritable fléau. Les Africaines sont les plus touchées par la maladie avec un taux de 60%. Mais chez les hommes, la reconstitution immunitaire est beaucoup plus lente. C’est ce que révèle une étude de Médecins sans frontières France au Malawi, en Ouganda et au Kenya. Ainsi, le taux de mortalité est plus élevé du côté des hommes selon des chercheurs d’Epicentre et de l’IRD en Afrique. Pourquoi ?

Malgré le taux le plus important de personnes contaminées, le sida reste un sujet tabou en Afrique. Les hommes, de peur d’être marginalisés, sont pris en charge beaucoup plus tard que les femmes. La maladie a déjà atteint un stade très avancé. Les femmes sont mieux sensibilisées, notamment grâce au programme de prévention de la transmission mère-enfant.

Une différence biologique

Les hommes ont donc tendance à retarder la prise de traitements. Or, les globules blancs sont nettement plus élevés chez les personnes de moins de 30 ans. Les jeunes patients qui suivent un traitement antirétroviral ont montré qu’après une année de prise en charge le taux de globule blanc augmente de 50 cellules par microlite à la différence des personnes âgées de plus de 50 ans chez qui les globules peinent à se recomposer.

Dans le cadre de quatre programmes de Médecins sans frontières, des chercheurs ont, pendant six ans, étudié chez plus de 13 000 patients ougandais, malawites et kényans, l’évolution du taux de lymphocytes appelés T-CD4*. Résultat : les femmes ont récupéré chaque année 20 cellules immunitaires par microlitre de sang de plus que les hommes. Une différence qui s’explique, d’une part, par le suivi irrégulier des traitements par les hommes. Et d’autre part, par la différence biologique. Les hommes possèdent un niveau de lymphocytes T-CD4 moins élevé que celui des femmes. Enfin, les hormones mâles ont un effet négatif sur la fonction du thymus, glande impliquée dans la maturation des cellules immunitaires.

Campagne pour tous

Les organisations de lutte contre le sida invite régulièrement les populations africaines à effectuer des dépistages. Bien que les campagnes de prévention soient à l’attention de tous, elles sont nombreuses à être destinées aux mères et aux enfants. Mais une attention toute particulière doit également être observée chez les hommes qui adoptent fréquemment la pudibonderie comme solution au sida. Les prises en charge doivent être plus réactives pour de meilleures chances de survie.

Autre problème, le coût des traitements encore trop élevé. A ce sujet, Médecins sans frontières tire la sonne d’alarme. Il déplore le faible engagement de certains gouvernements, comme en Guinée, dans la prise en charge des traitements.

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