Les Dakarois déconnectés du sommet Africités


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Principale plateforme d’échanges sur le continent africain, le sommet Africités a pris place à Dakar du 4 au 8 décembre pour sa 6e édition. Mais alors que tous les objectifs sont braqués sur le complexe du King Fahd Palace où se tiennent les conférences et ateliers, force est de constater qu’en dépit de la campagne de communication réalisée pour annoncer l’évènement, peu de Dakarois sont réellement au courant de la nature de ce rendez-vous et de la teneur des débats. Reportage.

(De notre envoyé spécial)

Il suffit de s’éloigner quelque peu du lieu des rencontres pour s’apercevoir que les Sénégalais ne sont pas au courant des enjeux que revêt le Forum Africités. Pourtant, le sommet bat son plein du côté de la capitale sénégalaise, Dakar, avec la venue de nombreux représentants d’Etats, comme le ministre de l’Intérieur du Maroc, Mohand Laenser, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, ou encore l’ancien président de l’Afrique du Sud, Tabo Mbeki. Malgré le matraquage publicitaire en amont mené à grands coup d’affiches, rares sont les Dakarois qui peuvent expliquer quels sont les tenants et aboutissants d’Africités.

Les Dakarois n’en savent également pas plus sur le thème du Forum : « Construire l’Afrique à partir de ces territoires ». Même s’ils sont unanimes pour saluer l’organisation de ce sommet sur le sol sénégalais, qui est « une très bonne chose pour le pays », car la venue de nombreux dignitaires africains, européens, chinois, turcs va « permettre de donner un coup de fouet à l’activité économique de la ville », en voir un parvenir à annoncer des axes de réflexion qui sont abordés ou le nom de quelques invités relève presque de l’exploit. Un constat que Bara Ndour, commerçant dans le quartier des Almadies, justifie par la « lassitude du peuple à toujours entendre parler de discussions et rencontres ».

« Il est temps que les discussions se traduisent par des projets »

Pour le vendeur de 33 ans, « il est temps que les réunions et les nombreuses discussions des décideurs africains se matérialisent par des projets concrets qui vont leur permettre d’améliorer son quotidien et celui des Sénégalais. » Même son de cloche du côté de Modou Diop, chauffeur de taxi qui, s’il s’étonne encore de voir tant d’affluence vers le lieu du sommet Africités, estime également que « ces rencontres et discussions entre les collectivités locales doivent avoir des suites et que le temps de la réflexion est passé. » Mais alors qu’il voit sa recette quotidienne augmenter de façon considérable en raison du monde présent à Dakar, ce père de famille domicilié à Ouakam, n’est lui non plus pas en mesure d’expliquer la nature et les objectifs du sommet.

Deux exemples qui sont loin d’être anecdotiques dans la capitale sénégalaise et que les Dakarois tentent de justifier par le fait qu’ils ont l’impression que ce sommet est « déconnecté de leur quotidien ». Nombreux sont ceux qui trouvent que les difficultés qu’ils rencontrent au jour le jour, au premier rang desquels la pauvreté et le chômage, ne sont pas prises en compte par les décideurs. D’où la nécessité que cette 6e édition d’Africités permette de rapprocher les décisions des politiques locales aux attentes des populations pour aider à l’amélioration de leur qualité de vie et au développement. Sous peine de voir les populations du continent être une nouvelle fois bercées d’illusions.

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