Sécheresse et famine : 800 000 Angolais pris au piège


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Le sud de l’Angola est en proie à une sécheresse qui dure depuis presque deux ans et à une famine sans précédent. Plusieurs milliers de personnes seraient déjà mortes. Le gouvernement est accusé de ne pas s’investir entièrement pour enrayer le problème.

Ce sont près de 800 000 personnes dans le sud de l’Angola qui sont menacées par une sécheresse persistante et une famine. Le Père Pio Jacinto Wakussanga, le directeur de l’ONG Associação Construindo Comunidades, basée à Huila dans le sud-ouest du pays accuse le gouvernement d’adopter un discours qui ne reflète pas la réalité, alors que sur le terrain « les gens meurent par milliers faute de nourriture et d’eau », explique le prêtre, selon Agenceecofin.com. La plupart des habitants en sont réduits à manger des feuilles et des racines, qu’ils mélangent avec du sel et de l’huile pour obtenir une pâte. Le prêtre affirme que le gouvernement ne fait que peu d’effort pour aider les populations du sud, alors qu’il a mené des « missions d’évaluation des dégâts ». Les provinces les plus touchées sont celles de Cuene, Namibe, Huila et Kuando Kubango.

Selon la tribune des Droits humains Info Sud certains endroits du sud n’ont pas eu une goutte de pluie depuis deux ans. La famine et la malnutrition font actuellement des ravages. « La sécheresse a détruit des milliers d’hectares de plantations agricoles, touchant aussi les pâturages et décimant le bétail », ajoute Info Sud. Des ONG locales, des organisations humanitaires et des groupes religieux s’allient et lancent un appel pour obtenir une aide urgente de l’étranger, étant donné que celle du gouvernement ne suffit pas pour endiguer le problème. Le gouvernement angolais a pourtant formé un comité d’intervention d’urgence en mai dernier. Toutefois, l’action arrive tardivement et les centaines de tonnes d’aide alimentaire et de réserves d’eau envoyées aux communautés du sud ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des besoins.

Le père Pio pense qu’il s’agit avant tout d’un problème de sécurité alimentaire plutôt que de climat. « Le sous-sol regorge d’eau : nous devons donner des moyens aux paysans pour la puiser », affirme-t-il.

Pétrole et famine

Info Sud ne manque pas de rappeler que l’Angola est le deuxième producteur de pétrole en Afrique, derrière le Nigeria, ce qui attribue au pays l’une des croissances les plus significatives au monde. Pourtant, Luanda peine à investir dans les secteurs à longue et faible rentabilité. Ceci s’explique par la guerre civile qui a pris fin en 2002, en ruinant l’économie du pays. Et malgré la sécheresse qui, avant de se déplacer dans le sud, frappait les provinces côtières et montagneuses du centre, le Fonds des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a distingué l’Angola, fin juin, pour avoir réussi le premier des objectifs du millénaire : réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition à l’horizon 2015. Pourtant, 1,8 million de personnes, soit 10% de la population, ont été touchées par les pénuries alimentaires et les mauvaises récoltes. Un chiffre encore très élevé.

En somme, l’or noir ne peut rien pour les Angolais. Le père Pio reconnaît les efforts du gouvernement, mais certaines pilules ne passent pas, notamment celle des 10 millions de dollars que Luanda va verser au FAO alors que le sud a besoin de cet argent. « Le monde pense que l’Angola est un pays riche qui subvient aux besoins de son peuple. Malgré sa fortune, il n’en n’est rien. Ici, les gens souffrent », conclut le père Pio.

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