Une journaliste zambienne victime d’un procès pour avoir diffuser les photos d’un accouchement


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Chansa Kabwela
Chansa Kabwela

La journaliste zambienne Chansa Kabwela risque jusqu’à 5 de prison. Son crime : avoir envoyé à des membres du gouvernement les photos d’une femme en train d’accoucher. Elle essayait d’alerter les autorités sur les conditions dramatiques dans lesquelles ses concitoyennes accouchaient. La justice zambienne l’accuse de faire la promotion de la pornographie. Deux autres journalistes, qui avaient publié un article soutenant Kabwela, sont mis en accusation. Ils doivent comparaitre, mercredi, devant le tribunal de Lusaka.

Etre journaliste indépendant aujourd’hui en Zambie, c’est un métier risqué. Chansa Kabwela, directrice de la rédaction du quotidien privé The Post, en sait quelque chose. Elle encourt jusqu’à 5 ans de prison. La journaliste est accusée de «mise en circulation d’images pornographiques» pour avoir distribué les photographies d’un accouchement. Des photographies qu’elle avait transmises, le 10 juin dernier, au vice-président Georges Kunda et à plusieurs organisations de défense des droits humains. Elle y avait joint une lettre s’inquiétant des conditions dans lesquelles se trouvaient les patientes pendant une grève nationale du personnel médical.

Les photos incriminées montraient une femme en train d’accoucher seule dans un hôpital. En l’absence d’une assistance médicale, le bébé, qui se présentait par le siège, est mort. Arrêtée le 13 juillet 2009, Chansa Kabwela a été remise en liberté. Son procès, qui s’est ouvert le 5 août, se poursuit à Lusaka.

Les photos en question n’avaient jamais été publiées. Les images, a indiqué Chansa Kabwela aux agences de presse, avaient été prises par la famille de la parturiente et envoyées à la journaliste qui, les jugeant non publiables, les avait à son tour fait parvenir à des membres du gouvernement pour les inciter à faire cesser la grève. « Le vice-président a été très ennuyé de voir de telles photographies. Il a dit n’avoir jamais vu auparavant de telles images », a déclaré au tribunal Kenneth Ngosa, secrétaire du vice-président Georges Kunda.

The Post victime d’«un véritable acharnement»

Egalement à la barre des accusés, deux autres journalistes du Post. Fred M’membe, rédacteur en chef du quotidien, et Muno Ndul, auteur d’un article de soutien réclamant l’abandon des poursuites contre Mme Kabwela. Ils doivent comparaître mercredi pour s’expliquer devant le juge Charles Kafunda.

Pour l’avocat de la défense, la clé du procès réside dans la définition de l’obscénité. Il a insisté sur le fait que ce concept était flou et, pour le clarifier, a appelé à multiplier les témoignages. Quant aux défenseurs de la liberté d’expression en Zambie, présents en force pour soutenir les journalistes, il est clair pour eux que l’inculpation de Mme Kabwela n’a rien à voir avec une banale histoire de mœurs. The Post a poursuivi sans relâche le gouvernement sur des affaires de corruption et le président n’a pas caché son aversion pour le journal, relève un correspondant de la BBC.

Reporters Sans Frontières, qui dénonce « un véritable acharnement », relève que depuis le début de l’année 2009 les journalistes ont subi pas moins de six attaques physiques ou verbales, toutes venant de dirigeants du MMD (Movement for Multiparty Democracy), la formation politique actuellement au pouvoir.

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