RDC, Mines : le mégaprojet de Tenke Fungurume Mining en question


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En République Démocratique du Congo, le dossier minier du moment, c’est la possible cession de la mine de Tenke Fungurume, l’un des plus grands gisements de cuivre et de cobalt au monde, situé dans l’ex-Katanga. Le 21 juillet dernier, le canadien Lundin a obtenu de son partenaire américain Freeport McMoran un délai supplémentaire pour décider si elle achètera ou non la participation que détient cette dernière dans le projet de cuivre de Tenke Fungurume.

Les intérêts colossaux des grands miniers mondiaux se livrent comme à l’accoutumée sur ce marché une bataille de titans. Si la date limite pour la prise de décision a été repoussée du 8 août au 15 septembre 2016, on assiste en RDC à une levée de boucliers pour dénoncer les méthodes entourant une telle cession.

Le 9 mai dernier, l’américain Freeport-McMoRan fait part, par voie de communiqué, de son intention de revendre, via un holding immatriculé aux Bermudes, sa participation de 70 % dans TF Holdings, qui détient 80 % du projet de Tenke Fungurume Mining (TFM), à la compagnie chinoise China Molybdenum pour un montant de 2,65 milliards de dollars.

Le canadien Lundin, qui détient les 30 % restants dans TF Holdings, est alors avisé de cette intention en raison d’un droit de première offre qu’il peut exercer pour acquérir la participation de Freeport, si la compagnie américaine décide de se retirer du projet. Initialement, Freeport accorde à Lundin un délai de réflexion jusqu’au 8 août. Finalement, celui-ci a été reporté au 15 septembre 2016. En cas de décision positive de la part de Lundin, la transaction se ferait au même prix et suivant les mêmes conditions que l’offre proposée par China Molybdenum.

un délai diplomatique?

Mais selon certains experts, ce délai supplémentaire pourrait également – surtout ? – être mis à profit pour tenter d’aplanir les différends avec les autorités du Congo-Kinshasa et la Générale des carrières et des mines (Gécamines), qui gère les actifs publics miniers dans l’ex-Katanga. Au Congo-Kinshasa, beaucoup en effet se sont émus de l’attitude de FreePort-McMoran qui « a donné l’impression de faire peu de cas de la partie congolaise dans ce dossier », selon ce spécialiste du secteur minier en Afrique centrale.

Le droit des contrats, voire même l’esprit des accords, ont-il bien été respectés en l’espèce, la Gécamines disposant apparemment également d’un droit de préemption ? Au-delà, une telle cession ne met-elle pas en péril les intérêts miniers de la RDC, à qui on dénierait le droit de défendre ses intérêts sur le sujet ? Beaucoup, tant à Lubumbashi qu’à Kinshasa, s’interrogent. Pour mémoire, l’Etat congolais avait qualifié d’«unilatérale » une telle cession et appelé, dans le même mouvement, Freeport-McMoRan et ses partenaires sur le projet à honorer leurs engagements vis-à-vis du pays.

Compte tenu de l’enjeu économique et symbolique qui entoure ce dossier, la pression sur FreePort McMoran, et désormais également sur Lundin, semble être maximale. « Le Congo, ça n’est pas le Far West. Nous, Congolais, sommes bien décidés à faire respecter nos droits et défendre nos intérêts dans ce dossier », avertit cette experte des questions minières, basée dans l’Est de la RDC. Américains, Canadiens et Chinois sont désormais prévenus, le Congo n’entend pas se laisser faire les yeux fermés.

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