RDC : l’archevêque de Lubumbashi boycotte Joseph Kabila


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Le torchon brûle de plus en plus entre Joseph Kabila et l’Eglise catholique en RDC. Vendredi 23 juin, cette dernière a diffusé un message, sous forme de réquisitoire, mettant directement en cause le pouvoir dans la grave crise politique que traverse le pays. Hier, l’archevêque de Lubumbashi a « séché » une réunion prévue entre les responsables des églises et le président RD congolais. Explication.

Ce lundi 26 juin, sur le chemin du retour d’Afrique du Sud, le chef de l’Etat RD congolais, Joseph Kabila, était à Lubumbashi. A cette occasion, il a souhaité recevoir les élus de l’ex-province du Katanga (députés provinciaux, nationaux et les sénateurs), ainsi que les responsables des confessions religieuses.

C’est alors, comme le rapporte La Libre Belgique, que Joseph Kabila s’est « énervé ». La raison de son courroux ? L’absence de l’Archevêque de Lubumbashi, Mgr Jean-Pierre Tafunga, qui s’apparente en réalité à un boycott. « Où est-il », a lancé le président à l’attention du vicaire général M. Moto. « A un deuil », a répondu le vicaire du tac au tac. Une réponse qui, loin de calmer le président Kabila, n’a fait que renforcer son irritation, ce dernier en profitant alors pour accuser les catholiques d’être les responsables de la tension actuelle.

L’échange, acrimonieux, s’est, selon La Libre Belgique qui en a fait le verbatim, déroulé dans un climat pesant. « Vous voulez créer le désordre », a-t-il lancé. « Vous nous menacez s’il n’y a pas les élections en décembre prochain. Vous dites que c’est décembre ou rien », a poursuivi le président avant de tancer sans ménagement les responsables des autres confessions religieuses dont Mgr Kapya Ntumba, de l’Eglise du Christ du Congo ECC, le bishop Mij Npalang de l’Eglise du Réveil, Justin Kachiz de l’Egise kibanguiste, ou encore Useni Ngoy pour les Musulmans, rapporte le grand quotidien belge. « Où est Tafunga [l’Archevêque de Lubumbashi], il faut que je le voie », a conclu un Joseph Kabila sur les nerfs.

Cette passe d’armes lushoise est l’énième signe tangible de la rapide et forte dégradation des relations entre Joseph Kabila et l’Eglise catholique en RDC. « Le fait que des propos tenus en privé sortent aussi rapidement et avec une telle précision est le signe que les responsables religieux sont excédés par la situation », nous indique un interlocuteur présent à cette occasion. De médiateur, l’Eglise catholique tend de plus en plus à devenir acteur dans la grave crise politique (mais aussi sécuritaire, économique, sociale…) que traverse la RDC. A partir du 30 juin prochain, date anniversaire de l’indépendance du Congo-Kinshasa, elle a appelé la population congolaise à se mobiliser. Un tournant qui pourrait bien changer le cours des choses, alors que le pouvoir table toujours sur le raidissement et le pourrissement de la situation pour se maintenir.

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