RDC : des ONG demandent l’ouverture d’une enquête après la mort de Morgan


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Le chef de la milice Maï Maï Simba, « Morgan », a été tué lundi, alors qu’il tentait d’échapper aux FARDC, quelques jours après s’être rendu de son plein gré. Une mort qui suscite beaucoup d’interrogations, et pour laquelle l’ouverture d’une enquête indépendante est demandée.

La polémique enfle depuis quelques jours en RDC. Lundi, le chef rebelle Paul Sadala, dit « Morgan », était tué alors qu’il tentait d’échapper aux Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Deux jours plus tôt, il s’était rendu aux autorités de son plein gré, en compagnie de 40 de ses hommes. La mort du chef de la milice Maï Maï Simba, tué sous les balles des soldats des FARDC, soulève donc beaucoup d’interrogations.

La Monusco a annoncé lundi son intention d’envoyer une mission d’enquête sur le terrain. Mercredi, c’était au tour des ONG de défense des droits de l’Homme de s’interroger sur les conditions et circonstances de sa mort, demandant également l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale.
Selon la version officielle, le milicien aurait été tué au cours d’un échange de tirs entre ses hommes et des militaires congolais, alors qu’il tentait de prendre la fuite. A en croire les sources des FARDC, le chef rebelle aurait alors opposé une vive résistance, et ses hommes auraient ouvert le feu sur les militaires qui les escortaient.

La version officielle remise en cause

Une version remise en cause selon Radio Okapi, la radio de la MONUSCO, par le député provincial Joseph Ndiya. Ce dernier accuse en effet l’armée d’avoir planifié la mort de Morgan. Il se dit convaincu que Morgan a été abattu délibérément par des militaires congolais. Dans une interview accordée mardi à Radio Okapi, l’élu de Mambasa explique que « cette logique ne tient pas ». « Je ne crois pas (à cette explication). Parce que si Morgan avait l’intention d’ouvrir le feu sur les militaires, il aurait fait cela à eux à Badengaido, le jour où il était sorti », explique-t-il. « Nous comprenons que la mort de Morgan a été planifiée à un certain niveau pour que Morgan ne puisse pas dire des vérités à la population congolaise et plus particulièrement à la population de Mambasa. Je pense que sa mort cache beaucoup de vérités ».

Selon un rapport de l’ONU en date de janvier dernier, Morgan travaillait en effet en toute impunité grâce à des relations étroites avec des membres du haut commandement de la région militaire des FARDC à Kisangani. Ces derniers lui auraient fourni armes et munitions pour ses miliciens en échange d’or.

Dismas Kitenge, président de l’ONG, et vice-président de la FIDH expliquait lui aussi mercredi à RFI que l’annonce de la reddition de Morgan a du inquiéter de nombreux hauts dignitaires de la région : « Non seulement il avait des soutiens des FARDC, mais il avait aussi le soutien de beaucoup de réseaux mafieux qui étaient impliqués dans l’exploitation de matières premières, qui ont accès aux ressources et entretiennent les seigneurs de guerre. Sa mort a contribué à faire taire la vérité que ses révélations devaient faire exploser ».

Mais outre la mort du chef Maï-Maï, c’est également sur la suite du processus de désarmement dans le pays que Dismas Kitenge s’interroge : « Ça risque de porter un coup dur au processus de désarmement, démobilisation, et reddition des autres groupes armés qui risquent d’avoir peur de se rendre, en se disant qu’en se rendant ils peuvent être tués. C’est ce qui nous pousse nous, en tant qu’organisation de défense des droits humains, à demander une enquête indépendante et qui pourrait élucider toutes les circonstances à la fois de sa reddition et de son décès ».

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