Querelle entre Kemi Seba et Claudy Siar : diagnostic de l’écrivain Fotsing Nzodjou


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L’histoire d’une révolution émotive ou un autre échec des damnés de la terre. C’est le résumé de la position de Fotsing Nzodjou, écrivains essayiste, coordonnateur panafricain du club Afrique vision, militant de la cause africaine.

Tous les mouvements révolutionnaires qui ont réussi leur mission étaient fondamentalement des courants idéologiques et spirituels. Je dis bien, un mouvement révolutionnaire africain non fondé sur un socle spirituellement africain est essentiellement perte d’énergie, voué à l’échec.

2 février 2018 à 16h 55 mn, le Combattant Panafricaniste Kémi séba lance sur sa page Facebook une publication critiquant la présence de son compagnon, le célèbre animateur radio Claudy Siar qui publiait 55 mn plus tôt une photo prise depuis le Sénégal, invité par Emmanuel Macron lors du partenariat mondial consacré à l’éducation en Afrique. Cette publication va faire le tour des réseaux sociaux avant d’accoucher d’une réponse de Claudy Siar. Laquelle réponse amènera Kémi Séba à réagir une fois de plus, entrainant ainsi un jeu de réponses en boucle.

Et si les deux réglaient cela en privé ?

La révolution n’est pas une blague où l’on doit se livrer à tous les jeux. Si l’ONG Urgence panafricaniste de Kémi Séba a accepté en son sein Claudy Siar malgré les critiques, il était important, vu le niveau de pourrissement de la scène panafricaniste, de ne pas faire cette guerre en publique, vu qu’elle divise l’opinion et questionne notre capacité à rester solidaire dans nos actions. D’ailleurs, la seconde publication/riposte de Kémi Séba faite le 3 février 2018 invitait Claudy Siar à un débat fraternel sur Africa24 Tv en reconnaissant que chaque famille a ses problèmes. La riposte de Claudy Siar va amener ce dernier à conclure, avec ou sans raison, cédant à la pression populaire positionnée en sa faveur, que Claudy Siar tente la diversion tout en l’accusant de haineux pour le décrédibiliser.

On peut ainsi se demander pourquoi est-il impossible pour les panafricanistes de lutter ensemble pendant longtemps, lorsqu’on sait que même les anciens compagnons de Kémi Séba ne sont plus avec lui, et qu’il est lui-même l’objet des critiques dans le milieu panafricaniste européen. Mais l’émotion continue de prendre le dessus, les égos s’expriment en publique et les partisans et sympathisants deviennent des spectateurs de ces leaders. L’opinion est divisée, chacun prend son camp et supporte son mentor, mais entre-temps, le monde entier est au Sénégal pour se moquer une fois de plus de notre peuple avec un autre plan diabolique sur l’éducation.

On dirait même qu’ils se sont entendus pour nous distraire de la problématique de la rencontre de Dakar, ou que MACRON a comme ses prédécesseurs, réussit à nous diviser d’avantage. Mais non, la division serait plutôt inscrite dans notre ADN.

Mais ils se sont livrés au clash du genre DJ Arafat contre Debordo Leekunfa où chacun ne cherche qu’à accroître sa popularité. Peut-être une immaturité intellectuelle dans le sens du leadership ou chauvinisme éhonté.

Mais, pour moi, le problème de la révolution en Afrique se trouve ailleurs.

Mais sur quoi doit être fondée une Révolution ?

La nuit du 14 au 15 août 1791 marqua un tournant dans l’histoire de la résistance noire. Cette nuit-là, de nombreux esclaves noirs des grandes plantations sucrières du nord de Saint-Domingue (République d’Haïti) se réunirent au lieudit Bois Caïman sur la plantation Lenormand de Mézy et, pour se donner du courage, organisèrent une cérémonie vaudou au cours de laquelle les participants sacrifièrent un cochon noir et burent son sang. Ce pacte totalement spirituel va marquer le début d’une longue résistance qui se soldera par l’abolition de l’esclavage et la libération d’Haïti.

Ici, aucune trahison n’était possible, puisque seuls les esprits invisibles Vaudou étaient juges. C’est l’un des courants révolutionnaires qui marqua l’histoire de l’humanité par sa réussite. Mais aujourd’hui, comme depuis les luttes indépendantistes, si les révolutions ont échoué avec l’émiettement des partis, les trahisons et autres formes de divisions, c’est justement parce que ces révolutions sont fondées sur des courants idéologiques de l’oppresseur et portent en elles des membres aux socles spirituels différents, qui entrent en coalisions sur le plan cosmique. On ne peut combattre l’impérialisme avec un mouvement ou l’on trouve au même moment des chrétiens, musulmans, francs-maçons, bouddhistes… aux seins de son bureau directeur. Non, c’est peine perdue, on aura beau avoir la masse, de l’aura, des soutiens, la volonté, les marches et manifestations, mais si le socle spirituel du mouvement n’est pas constitué et consolidé par les même esprits, aucune victoire durable n’est possible puisque nos oppresseurs se constituent en courants spirituels et collectionnent des énergies de notre peuple à travers les religions, pour nourrir leurs égrégores afin de tirer des pouvoirs pour nos dominer d’avantage. On oppose à une force qu’une autre.

Tous les mouvements révolutionnaires qui ont réussi leur mission étaient fondamentalement des courants idéologiques et spirituels. Ainsi, Vous ne pouvez prétendre être révolutionnaires africain tout en étant adeptes des courants spirituels de vos bourreaux.
Je dis bien, un mouvement révolutionnaire africain non fondé sur un socle spirituellement africain est essentiellement une perte d’énergie et voué à l’échec. Lorsqu’on veut libérer un peuple, on se connecte à l’âme de ce peuple, les chinois, les indiens ou les nord-coréens ne nous diront pas le contraire. Il ne s’agit pas d’une révolution exclusive, mais d’une structuration de la matrice révolutionnaire ou chaque membre du pilotage adhère totalement à l’idéologie et accepte le pacte révolutionnaire. Le peuple doit juste accompagner le mouvement. Mais à regarder notre division spectaculaire, on se demande sur quoi est fondé nos projets.

Mon message à Kémi Séba et Klaudy Siar, aussi à l’ONG URPAF

Chers frères, notre continent a déjà trop souffert de divisions. Vous êtes des leaders et trainez avec vous des milliers de sympathisants qui croient que par vous le salut de l’Afrique viendra. Seulement au nom de nos martyrs, ne continuez pas la trahison par la division, apprenons à pardonner, à dialoguer, à se dire des vérités en famille sans vindicte populaire ou autres formes de lynchage et querelles publiques. Je vous suggère, si la révolution est vraiment votre Mission, de retourner dans la spiritualité de vos ancêtres africains. Pour cette raison, vous devez désormais prêter serment devant la mémoire de nos ancêtres en présence d’une calebasse fétiche, ou chacun jura de ne jamais trahir, sous peine de punition par nos esprits de justice. Ainsi, ceux qui refuseront de le faire seront juste considérés comme des imposteurs populistes qui n’ont point besoin de se sacrifier pour l’avenir de notre continent. Vous verrez des dizaines de personnes déserter le bureau du mouvement, en vous épargnant ainsi des futures trahisons.

Le mouvement évoluera doucement, mais avec des hommes justes, pragmatiques, dévoués et spirituellement constitués pour la libération de notre mère Afrique. Mais si c’est le populisme qui nous tient à cœur, notre engagement ne sera qu’un épiphénomène au problème africain. La division et autres formes de cancers révolutionnaires ne profitent qu’au bourreau.

Recevez mes salutations les plus sincères, chers frères africains. Le combat pour notre liberté est ce qui me préoccupe le plus, et cette liberté ne viendra pas sans une convergence des forces et une solidarité inouïe. Cette liberté nous l’arracherons entre les mains des forces endogènes et exogènes qui créent et soutiennent les systèmes politiques médiocrates. Le rôle de chacun de vous est central et les divisions ne profitent pas à la lutte.

Fotsing Nzodjou,

Écrivains essayiste, coordonnateur panafricain du club Afrique vision, militant de la cause africaine.

Puissent nos ancêtres nous montrer le chemin juste, la voie juste et les actes justes.

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