Présidentielle en Guinée : entre anomalies et faits inédits!


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Ce dimanche 11 octobre, près de six millions de Guinéens se sont rendus aux urnes pour élire leur prochain président de la République pour les cinq années à venir. Même si ce scrutin s’est déroulé dans le calme, beaucoup d’anomalies ont été constatées sur le terrain. Reportage.

A Conakry,

On pouvait constater le long de notre trajet la présence des forces de l’ordre qui veillaient au grain. Au bureau de vote numéro 006, dans la commune de Ratoma, un fait inédit s’y déroule. En effet, le bureau de vote se trouve à l’intérieur d’un vieux bus. Là, il est 9 heures 10, et le vote n’a pas encore débuté. Une vive discussion éclate entre le président du bureau de vote et les membres qui doivent le composer. Sur place, on peut constater la présence des délégués de la mouvance, de l’UFDG, de l’UFR et du Pedn.

A Hamdallaye, toujours dans la Commune de Ratoma, au bureau de vote numéro 16, à l’école primaire Mouminatou Bah, le constat est qu’il n’y a pas de liste d’émargement et c’est un registre qui est utilisé par les membres de ce bureau de vote pour faire émarger les électeurs. Il y a aussi un manque d’isoloirs et le président du bureau de vote utilise une classe comme isoloir. Mamadou Diallo, électeur dans ce bureau de vote est furieux. « Le chef de quartier de hamdallaye 2 Mamady Kourouma s’est enfui avec la liste d’émargement. Et ce n’est pas normal », s’écrie-t-il.

A l’école primaire de Madina, dans la Commune de Matam, le Président du bureau de vote affirme, de son côté, qu’il n’y a pas eu d’anomalie et que tout s’y déroulait normalement. Dans la Commune de Kaloum, à l’école primaire Fréderico Mayor, le Président du bureau de vote numéro 8 précise qu’ils ont débuté les opérations à 7h 45 et qu’aucun incident n’a été signalé.
Dans l’après-midi, au quartier général de l’Uinion des Forces démocratiques Nadia Nahman, 2ème porte-parole du leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo, au cours d’une conférence de presse a dénoncé plusieurs irrégularités en déclarant : « On constate une mascarade électorale en cours et une impréparation manifeste de la CENI à organiser une élection libre et transparente sur toute l’étendue du territoire nationale. Ce simulacre d’élection donne lieu à de graves irrégularités et à des fraudes massives constatées sur le terrain. Il y a une technique développée par les administrateurs locaux aux mains du RPG (parti au pouvoir) qui consiste à chasser les délégués chargés de la surveillance électorale issus de l’Opposition et de les remplacer unilatéralement par des individus qui signeront au nom de l’opposition ».

Le responsable de l’Union des Forces Républicaines (UFR) a noté quelques dysfonctionnements, en dénonçant l’intimidation des forces de l’ordre sur certains membres du bureau de vote. Selon lui, « c’est un sentiment de satisfaction d’avoir accompli mon devoir de citoyen. J’ai voté au bureau 17 à l’église anglicane. Je crois que ça s’est bien passé sauf que à un certain endroit, il y a eu quelques pagaille à temenetaye ou l’armée a envahi les lieux pour intimider les membres du bureau. Mieux que ça, il y a aussi eu des problèmes à l’école Federico Major où les représentants du pouvoir en place font le pied de grue pour soudoyer les votants en leur disant de voter pour leur candidat. Idem au bureau de vote de sonitpeche à Corontine ».

Saramady Touré, Secrétaire permanent du RPG arc en ciel, a déclaré au siège dudit parti sis à l’aéroport : « Des problèmes nous parviennent. On constate des anomalies. Ces anomalies sont de divers ordres. Sur l’ensemble du territoire guinéen, nous avons recruté près de soixante mille jeunes qui sont déployés sur l’ensemble du territoire pour assurer une représentation digne de notre parti dans l’ensemble des bureaux de vote. Vers 10 heures du matin, il y avait beaucoup de bureaux de vote qui n’avaient pas ouvert encore pour que les électeurs puissent voter à Kankan, Mandiana, puis à Kerouane. Des cas nous ont été signalés en région forestière. Certains autres cas nous ont été signalés à Conakry, à Dubreka. Mais nous avons toujours fait recours à la CENI. Le fichier a été tronqué de façon délibéré par l’acte d’une personne. Parce que nous avons beaucoup d’électeurs dans les préfectures de Kouroussa, Mandiana, Kankan, Kerouane, qui doivent aller jusqu’à vingt kilomètres ».

Dans la soirée du 11 octobre, la Commission Électorale Nationale Indépendante, dans un communiqué a prolongé le vote jusqu’à 20 heures.

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