RFI expulsée du Tchad : « Un coup de semonce contre la France qui soutient la dictature de Deby »


Lecture 3 min.
arton49222

Alors qu’il se rendait au Tchad pour effectuer une série de reportages à l’occasion de l’ouverture, le 20 juillet, à Dakar, du procès de l’ancien Président tchadien, Hissène Habré, l’Envoyé spécial de RFI, Laurent Correau, a été interpellé à N’Djamena par deux hommes, prétendant être des policiers, qui l’ont expulsé du territoire tchadien.

Le journaliste Laurent Correau, Envoyé spécial de RFI au Tchad, où il était parti préparer une série de reportages à l’occasion du procès d’Hissène Habré qui s’ouvre le 20 juillet à Dakar, a été expulsé, ce mardi 23 juin au soir, de N’Djamena, où il a déposé ses valises dans un hôtel, en compagnie de Reed Job, porte-parole de Human Rights Wtach.

Selon RFI, tout commence lorsque deux hommes, se présentent à leur hôtel, dans le restaurant où ils se trouvaient, prétendant être des policiers, les prennent à parti. Ils signifient à Laurent Correau qu’il n’était plus le bienvenu au Tchad sans aucune explication. Laurent Corrreau tente alors de passer des coups de fil, mais les deux présumés agents s’impatientent. Ils giflent alors Reed Job lorsque ce dernier tente de prendre une photo de leur badge. Le ton monte. Et Laurent Correau est aussi giflé. Selon RFI, le journaliste est immédiatement conduit à l’aéroport sans ses lunettes perdues lors de son agression.

Pour le moment, les autorités tchadiennes n’ont pas donné de motif de cette mesure soudaine. Alors même que le journaliste de RFI affirme avoir effectué toutes les démarches pour pouvoir mener à bien sa mission au Tchad. « Je suis arrivé jeudi dernier au Tchad et dès vendredi, j’ai effectué les procédures habituelles d’enregistrement. Les autorités m’ont alors indiqué clairement que je pouvais commencer à travailler en attendant de recevoir le document officiel », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio pour laquelle il travaille.

Troisième expulsion d’un journaliste de RFI

De son côté, l’ambassadrice de France au Tchad, qui s’était présentée à l’aéroport, n’a pu qu’apercevoir le journaliste sans pouvoir lui parler, selon RFI. La direction de RFI « s’indigne et proteste » contre cette expulsion, et affirme qu’ « aucun motif n’a pour l’heure été invoqué » pour justifier cet acte posé par les autorités tchadiennes.

Les arrestations ou encore intimidations contre les journalistes sont récurrentes au Tchad où le chef de l’Etat Idriss Deby dirige le pays d’une main de fer. Ce n’est pas la première fois que les journalistes de RFI sont expulsés du Tchad. Déjà en 2006, Stéphanie Braquehais, correspondante à N’Djamena, avait été expulsée du pays puis Sonia Rolley, en 2008. ?Toutefois, si ?les autorités tchadiennes soupçonnent régulièrement Radio France Internationale de véhiculer des informations qui leur sont hostiles?, ?l’opposition tchadienne, quant à elle, a toujours ?accusé ?RFI d’être conciliante dans son traitement des informations sur le Tchad.

Contacté par Afrik.com, le journaliste tchadien à la radio internationale allemande Deustche Welle, Eric Topona, exilé en Allemagne, se dit « pas surpris par l’expulsion de mon confrère de RFI Laurent Correau, qui n’est pas une première au Tchad. Le régime de Deby vient encore une fois de prouver à la face du monde son caractère autoritaire et anti-démocratique ». Le journaliste exilé va encore plus loin en indiquant que « Deby a peur d’une presse libre et indépendante. C’est assez choquant de constater cette animosité à l’encontre des journalistes ». Et Eric Topona de mettre en garde : « C’est également un coup de semonce à l’endroit de la France qui soutient bec et ongles cette dictature au vernis démocratique », lance-t-il.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News