Pétrole comorien : « les premiers revenus sont attendus pour 2018 »


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Suite aux nombreuses déclarations faites à tort et à travers, sur l’existence d’un « stock de pétrole aux Comores », Afrik.com a joint la société Discover Exploration plc qui a tenu à rétablir les « vérités » sur ce dossier qui fait jaser la population comorienne. Le directeur commercial de l’entreprise, Alexander Mollinger, fait le point.

Cela fait plusieurs années qu’on parle de l’existence des gisements de pétrole aux Comores. Nombreuses déclarations ont été faites de part et d’autre. Mais rarement une société spécialisée dans les hydrocarbures s’est prononcée sur l’affaire du « pétrole comorien », ce qui laisse la communauté comorienne perplexe. Afrik.com annonçait, le mois dernier, la signature d’un « contrat gazier et pétrolier » entre l’Etat comorien avec des sociétés étrangères. La signature de ce contrat n’a pas levé le doute sur l’existence réelle des stocks de pétrole dans l’archipel de l’océan indien.

Aujourd’hui, la société Dicover Exploration Plc basée à Londres, lève le doute et parle d’une probabilité croissante sur l’existence du pétrole aux Comores. Une quantité peut-être pas « supérieure au stock du Qatar » comme l’ont affirmé les autorités comoriennes, mais assez pour sortir les Comores de la pauvreté.

Afrik.com : Selon la presse comorienne de mars et juin 2013, votre société (Discover Exploration) a signé avec l’Etat comorien un contrat d’exploitation pétrolière et gazière. Confirmez-vous cette information?

Alexander Mollinger : En mars 2013, Discover Exploration plc, via sa filiale Discover Exploration Comoros B.V. et Bahari Resources Ltd ont signé un Contrat de Partage de Production (CPP) avec le gouvernement de l’Union des Comores. Ce contrat vise les blocs A,B, et C, représentant une superficie de près de 18 000 km², qui se situent dans les eaux très profondes de la partie ouest des Comores, limitrophes au Mozambique. Le CPP est un contrat pétrolier standard qui a été choisi par l’Etat comorien pour réguler les opérations pétrolières aux Comores, que ce soit l’exploration, le développement, la production ou le transport d’hydrocarbures.

Afrik.com : Quelle sera la prochaine étape ?

Alexander Mollinger : Conformément au Code pétrolier des Comores entériné en début 2013, notre CPP a d’abord été approuvé en Conseil des ministres, puis a été signé en mars 2013, par le ministre en charge des Hydrocarbures (alors Fouâd Mohadji, vice-président en charge des Hydrocarbures. Le poste est occupé aujourd’hui par Abdou Nassur Madi, ministre de la Production, de l’Environnement, de l’Energie, de l’Industrie et de l’Artisanat, ndlr). Actuellement, notre CPP attend de recevoir l’approbation de l’Assemblée nationale. Dès lors, nous entamerons un programme d’exploitation approfondi aux larges des mers comoriennes. Pendant les premières années, nous effectuerons des études sismiques. Ensuite, nous procéderons à un ou plusieurs forages pour confirmer ou infirmer la présence d’hydrocarbures.

Afrik.com : On parle du pétrole aux Comores depuis l’époque du Président Mohamed Taki Abdulkarim (1996-1998). A l’époque, le Président faisait référence au pétrole sans l’évoquer explicitement et promettait une ère merveilleuse à la population comorienne. Est-il vrai que le dossier du pétrole est connu du monde des hydrocarbures depuis plusieurs années ?

Alexander Mollinger : Pendant longtemps, l’Afrique de l’Est a été ignorée par l’industrie internationale du pétrole. De nombreux experts et compagnies pétrolières demeuraient convaincus qu’il n’y avait pas d’hydrocarbures dans cette région et que tout effort d’exploration serait perdu d’avance. Ce n’est qu’après les importantes découvertes de gaz au large du Mozambique en 2010 (par Anadarko Petroleum Corporation, ENI S.p. A., Cove Energy plc, entre autres) que l’intérêt de l’industrie pour cette région s’est éveillé. La preuve est que, d’ici dix ans, le Mozambique a le potentiel de devenir un exportateur de gaz de même envergure que le Qatar ou l’Australie.
L’équipe de Discover Exploration est la même que celle de Cove Enegy.
Nous avons donc une bonne connaissance géologique de la région et croyons au potentiel d’hydrocarbure des Comores.

Afrik.com : Comment expliquez-vous la longue attente de la population comorienne, soucieuse de savoir la vérité sur ce dossier du CPP ? Quels nouveaux éléments apportez-vous ?

Alexander Mollinger : Un programme d’exploration dans les eaux profondes et inexplorées des Comores nécessite de la part des compagnies pétrolières, un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars sur de nombreuses années. Si une découverte est faite, un investissement de plusieurs milliards de dollars sur quatre ou cinq ans sera alors nécessaire pour développer le champ du pétrole et pour construire les infrastructures indispensables pour la production. Dans le cas d’une découverte de gaz, l’investissement et la période de développement peuvent être encore plus élevés.

Afrik.com : Le gouvernement comorien ne s’est-il pas alors précipité en invoquant la présence de l’or noir aux Comores ?

Alexander Mollinger : Etant donné les enjeux, le gouvernement a eu raison de commencer par instaurer un Code pétrolier, avant de commencer l’exploration de pétrole et gaz par les compagnies pétrolières internationales.

Afrik.com : Que gagnera l’Etat comorien étant donné que la majorité des financements préviendront des sociétés internationales signataires du contrat, comme la vôtre ?

Alexander Mollinger : Ce code pétrolier a pour but de réguler les opérations pétrolières aux Comores, que ce soit l’exploitation, le développement, la production ou le transport d’hydrocarbures. Il prévoit aussi, dans le cas de découvertes, le partage des revenus pétroliers entre le gouvernement et les entreprises détentrices d’une licence d’exploration et de production. Enfin, il protège les intérêts des Comores ainsi que ceux des compagnies pétrolières. Le Code pétrolier des Comores a été revu par un certain nombre de parties indépendantes qui l’ont qualifié comme un des codes pétroliers les plus modernes et transparents au monde. Les Comores sont donc désormais dotées d’une loi ayant vocation à encadrer l’exploitation des ressources en hydrocarbures pour le bien de sa communauté.

Afrik.com : Aucun signe ne laisse présager une prochaine extraction du pétrole dans les mers comoriennes. Combien de temps faut-il encore attendre pour que cela soit effectif ?

Alexander Mollinger : Une opération pareille nécessite d’importants investissements à très haut risque et sur de nombreuses années, d’autant plus dans une zone inexplorée comme les Comores. La première production, et donc les premiers revenus pour le pays, sont prévus pour 2018.

Afrik.com : Les Comores auraient selon ses autorités, « une quantité de pétrole supérieure au stock du Qatar ». L’archipel serait-il en passe de devenir un grand fournisseur du pétrole dans le monde ?

Alexander Mollinger : De par leur proximité, les découvertes récentes de gaz au Mozambique sont encourageantes pour les Comores. Néanmoins, avant de pouvoir se prononcer avec certitude sur le potentiel hydrocarbure des Comores, il est nécessaire de mener un programme d’exploration approfondi consistant, entre autre, à effectuer des études sismiques et de forages. De par son expérience au large du Mozambique, Discover Exploration a une bonne connaissance géologique de la région. S’il y a du pétrole ou du gaz aux Comores nous le trouverons.

Afrik.com : Votre société intervient-elle déjà aux Comores ? Dans quels domaines ?

Alexander Mollinger : Nous attendons l’approbation de notre CPP par l’Assemblée nationale pour commencer nos travaux d’exploration dans les blocs A, B, et C, et espérons pouvoir commencer avant la fin de l’année. Depuis 2012, nous avons des bureaux à Moroni (capitale comorienne, ndlr) et un représentant sur place, ainsi que quelques employés. Nous sommes en communication étroite avec le bureau géologique des Comores, l’organisme mandaté par l’Etat comorien pour gérer le secteur pétrolier, afin de préparer au mieux notre campagne d’exploration.

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