Mondial 1982 : un joueur allemand s’excuse pour l’élimination de l’Algérie


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Hans-Peter Briegel
Hans-Peter Briegel

25 ans après, l’ex défenseur allemand Hans-Peter Briegel s’excuse auprès de l’Algérie pour le non-match disputé entre son pays et l’Autriche lors de la Coupe du Monde de football 1982. Une prestation honteuse qui a privé les Verts algériens, vainqueurs surprise de la RFA, d’une qualification au second tour. Hans-Peter Briegel réfute néanmoins toute idée « d’accord préalable » avec l’Autriche.

« Oui, je suis désolé. Et je n’ai rien d’autre à dire que de présenter mes excuses à l’Algérie parce qu’elle méritait de se qualifier au second tour après avoir présenté des prestations de qualité durant le Mondial [1982]. Il était en notre pouvoir de battre l’Autriche par plus de deux buts d’écart, mais cela ne s’est pas produit et je m’en excuse auprès de l’Algérie. » Celui qui s’exprime ainsi dans le journal émirati Al-Ittihad est le défenseur de la République fédérale d’Allemagne de 1982, Hans-Peter Briegel, actuellement sélectionneur du Bahreïn.

Lors du Mondial espagnol de 1982, les Verts algériens, pour leur première participation à la compétition, sont opposés dans le groupe B à l’Autriche, au Chili et à la RFA (République fédérale d’Allemagne). Le 16 juin, en guise de match d’ouverture, ils affrontent les champions d’Europe ouest-allemands dans un stade d’El Molinón de Gijón qui leur est acquis. « Tout le monde affirmait à l’époque que l’Algérie était une équipe faible (…) Certains de nos joueurs parlaient de victoire par cinq ou six buts », déclare aujourd’hui le défenseur allemand pour expliquer ce qui a suivi.

Zidane, Belloumi, Madjer…

À la 52e minute de jeu, les Verts récupèrent la balle dans leur surface et lancent un contre sur le flanc droit. Djamel Zidane – Zinédine se faisait passer pour son cousin lorsqu’il était jeune – reçoit la balle, repique vers le centre en se débarrassant de trois adversaires et adresse une passe dans l’intervalle à Lakhdar Belloumi. Harald Schumacher, parfaitement sorti, détourne le tir du Ballon d’Or africain, mais Rabah Madjer devance deux défenseurs allemands et pousse le ballon d’une légère volée dans la cage vide. L’exploit est en route.

À la 68e minute, l’inévitable Karl Heinz Rummenigge ramène son équipe à égalité en reprenant au premier poteau un centre puissant tiré à ras de terre, depuis l’aile gauche, par Felix Magath. Mais dans la remise en jeu, l’Algérie fait tranquillement tourner le ballon sur le côté gauche avant de reproduire la copie conforme du but qu’elle vient d’encaisser. Lakhdar Belloumi offre la victoire à l’Algérie face au double Champion du monde lors d’un match de légende dont on parle encore dans les foyers algériens.

Au soir du 24 juin, après avoir disputé ses trois rencontres, l’Algérie est à égalité de points (4 points, 2 victoires contre la RFA et le Chili et une défaite face à l’Autriche) avec l’Autriche et la Mannschaft, mais avec une différence de but inférieure. Pour se qualifier, elle doit compter sur une victoire par plus de deux buts d’écart de la RFA ou de l’Autriche, qui se rencontrent le lendemain.

« Il n’y avait pas d’accord »

Le 25 juin, les fans de football de la planète observent 80 minutes durant lesquelles les deux sélections germaniques jouer à la passe à dix, après que Horst Hrubesch a ouvert la marque à la 10è minute pour la RFA. Le score qualifie les deux équipes. Les Allemands ne cherchent pas à l’aggraver, pas plus que les Autrichiens ne tentent d’égaliser. L’Algérie est éliminée. La Fifa valide le résultat mais depuis cette rencontre, les derniers matchs de poule de la Coupe du monde se disputent simultanément afin d’éviter toute entente préalable.

D’entente, il n’en a jamais été question, selon les joueurs des deux équipes. Hans-Peter Briegel ne répète d’ailleurs pas autre chose à Al-Ittihad. « Il n’y avait pas d’accord et nous n’avons pas parlé avec les joueurs autrichiens pour marquer un seul but. Comme je l’ai dit, nous sommes entrés sur le terrain pour gagner par un seul but, et quand nous avons marqué concrétisant notre objectif, nous avons stoppé notre effort sans le vouloir. Effectivement, ce qui s’est passé est désolant ». Peut-être faudra-t-il encore attendre 25 ans pour que les langues des Autrichiens, à qui il revenait d’attaquer, se délient.

Lors du Mondial 1982, la RFA s’est inclinée en finale 3-1 face à l’Italie de Paolo Rossi. Quant à l’Algérie, elle a connu avec sa génération exceptionnelle une deuxième phase finale de Coupe du Monde, en 1986, au Mexique, sa dernière, et remporté la Coupe d’Afrique des Nations 1990, qu’elle a organisée.

L’équipe d’Algérie 1982 : Cerbah Mehdi, Merzekane Chaabane, Kourichi Nourredine, Guendouz Mahmoud, Dahleb Mustapha, Mansouri Faouzi, Fergani Ali(c), Belloumi Lakhdar, Madjer Rabah, Zidane Djamel, Assad Salah, Bensaoula Tedj, Larbes Salah. Entraineur : Mahieddine Khalef et Rachid Mekhlouf.

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