Mendicité des enfants au Sénégal : le bras de fer entre l’Etat et les imams se poursuit


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Le Premier ministre sénégalais a annoncé cette semaine la fermeture de tous les établissements coraniques favorisant la mendicité des enfants. Cette décision intervient après qu’un violent incendie ait ravagé une école coranique de Dakar faisant neuf morts.

Une décision choquante. L’annonce faite par Abdoul Mbaye, Premier ministre sénégalais, de mettre un terme à la mendicité ne cesse de faire des remous. Cette annonce intervient en effet à la suite d’un terrible incendie dans une école coranique de la médina, un quartier de Dakar. Neuf enfants avaient alors perdu la vie.

A l’occasion d’une réunion concernant les enfants, le Premier ministre réaffirme son engagement. « Il faut que l’ensemble de la population sénégalaise décide de se battre contre cette mendicité des enfants. Il faut que la population se sente également concernée par ce problème. Quand on voit plusieurs fois des enfants s’entasser à 50 dans de petites baraques, qu’on le dénonce, qu’on informe la police », déclare Abdoul Mbaye. « La police n’est pas là seulement pour incriminer. Elle est également là pour assurer la sécurité des citoyens, même s’ils ont trois ans ou quatre » martèle-t-il.

« L’Etat doit consulter et informer les associations islamiques »

Une décision qui dérange. Le Sénégal est un pays à majorité musulmane, (environ 96%), où les écoles coraniques, communément appelées « Daaras », occupent une place primordiale. Les maitre-coraniques (imams) ne s’y opposent pas, mais exigent des mesures préalables.

Les imams sénégalais qui faisaient face à la presse ce mercredi, réclament une consultation collective sur les « Daaras » avant la prise de quelconque décision de la part du gouvernement.

Ils demandent à l’Etat de faire preuve de plus de responsabilité dans la gestion de ce dossier en impliquant les différents acteurs dans la prise de décision qui engage plus d’un. « L’Etat doit, avant de prendre toute mesure, consulter et informer les associations islamiques, les maitre-coraniques, et les chefs religieux. Le Sénégal nous appartient tous », déclare Omar Diène, le secrétaire général des imams et oulémas du Sénégal. « L’Etat doit veiller à ce que ceux qui veulent ouvrir des écoles coraniques remplissent les conditions nécessaires. Ils doivent être encadrés par le ministre de l’éducation nationale », ajoute-t-il.

Les imams ont aussi profité de cette occasion pour lancer un appel aux plus hautes autorités du Sénégal afin que les maitres-coraniques arrêtés suite aux incendies de Médina soient libérés. « Nous demandons au chef de l’Etat de faire preuve de clémence à l’endroit des maitres coraniques qui ont été arrêtés lors des événements de Médina. L’Etat doit considérer cet homicide volontaire comme une œuvre divine, car même ces derniers (les responsables) en souffrent énormément », affirme Omar Diène.

Le gouvernement reste toujours campé sur sa décision, mais les maitres-coraniques se veulent optimistes et espèrent qu’un accord sera trouvé entre les deux partis afin de mieux réguler les « daaras ».

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