Maroc, casino et rock’n roll : Thomas Fabius et ses affaires étranges


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Thomas Fabius, fils aîné du ministre français des Affaires étrangères, est visé par une information judiciaire pour « faux », « escroquerie » et « blanchiment ». La police marocaine a donné la puce à l’oreille à la justice française.

Même dans les plus hautes sphères de l’Etat, les portraits de famille ne sont pas aussi irréprochables qu’ils en ont l’air, aussi bien de gauche comme de droite. Thomas Fabius, 32 ans, fils aîné du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est depuis mardi dans le collimateur de la justice. Une information judiciaire a été ouverte fin juin contre X pour « faux », « escroquerie » et « blanchiment », dans laquelle il est notamment visé. Le luxueux appartement de 280 m2 qu’il a acheté en 2012 sur le boulevard Saint-Germain pour la bagatelle de 7 millions d’euros, soit un million de plus que le patrimoine officiellement déclaré par son père, a plus qu’attiré l’attention. D’autant plus que Thomas Fabius n’est pas imposable sur le revenu, bien que résident fiscal français. D’après lui, cet appartement a été acheté en partie avec l’argent gagné au jeu, assorti d’un emprunt bancaire.

Une histoire de casino

L’image de « flambeur invétéré », vivant au-dessus de ses moyens, « fils de », lui colle à la peau. Surtout à l’époque où il fréquentait encore les casinos avant d’en être interdit. A ce propos, un proche de Laurent Fabius a affirmé en avril au JDD que « les seuls soucis des Fabius viennent de leur fils Thomas, né en 1981, un joueur invétéré aujourd’hui interdit de casino ». Le parcours du fiston est assez atypique, des Club Med aux affaires en passant par les plateaux de TF1.

Les problèmes commencent en 2011 quand le VSD révèle une mésaventure subie par le casino de Marrakech, au Maroc, à cause de Thomas Fabius. Afin d’éponger ses pertes au jeu, après un séjour arrosé dans la ville ocre, Thomas a été contraint de laisser en gage une montre de luxe. Le hic, c’est que la montre s’avère être du toc. Le casino dépose plainte pour « tentative d’escroquerie ». La police marocaine se saisit de l’affaire et alerte aussitôt leurs collègues de l’hexagone. Depuis, le train de vie de Fabius fils est scruté à la loupe, ce qui a d’ailleurs permis de découvrir une promesse de vente d’un appartement de 280 m2 sur le boulevard Saint Germain.

Quand la roue tourne

Mais la cellule de renseignements Tracfin (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits Financiers clandestins), qui dépend directement du ministère des Finances, n’a à l’époque pas jugé nécessaire d’ouvrir une enquête fiscale plus approfondie, sur ce chef d’entreprise qui échappe à l’impôt sur le revenu, parce qu’officiellement, cet habitué des soirées Fouquet’s et nuits tropéziennes, ne gagne pas beaucoup d’argent. Le voici désormais rattrapé par la justice.

Thomas Fabius est ce qu’on appelle un touche-à-tout. Après une scolarité brillante, le jeune ado décroche son bac à 16 ans. Un tapis sur lequel se profile un avenir rose se déroule à ses pieds. Mais deux ans plus tard, après une école préparatoire, l’élève exemplaire échoue aux concours d’entrée de la prestigieuse HEC. Débute alors, un an après, sa carrière d’animateur au Club Med, avant d’entrer par la petite porte du groupe hôtelier Accord, après l’intervention de son père. De la plonge à la réception, le jeune homme est propulsé au rang de directeur adjoint du Novotel des Halles.

Dans les coulisses des pouvoirs africains

Il y a quatre ans, rappelle le site d’information diktacratie.com, Thomas Fabius « avait fait affaire avec les chefs d’entreprise Patrick Ulanowska et Ali Hamidi qui entendaient développer un système de paiement par carte à puce sur le continent africain ». Sa mission, extrêmement bien rémunérée, était d’aller convaincre les chefs d’Etats africains de soutenir le projet. Sauf que Thomas aurait raflé l’argent sans ne jamais amener un seul contrat signé. Ulanowska et Hamidi portent plainte pour « abus de confiance », avant que le fils Fabius n’accepte un accord à l’amiable, dans le cadre d’un plaider-coupable. « Une procédure qui permet d’éviter un procès dans la mesure où le fautif reconnaît sa culpabilité et accepte la peine proposée, qui était dans ce cas-là une amende de 15 000 euros dont 10 000 avec sursis… »

Le « défavorablement connu des services » a une fois de plus rendez-vous avec la justice et devra rendre compte des faits qui lui sont aujourd’hui reprochés et de la somme avec laquelle il s’est acheté un appartement à 7 millions d’euros à Paris, tout en étant non imposable. Thomas Fabius bénéficie de la présomption d’innocence, tant que sa culpabilité n’a pas été légalement prouvée. Affaire à suivre.

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