Mandela, matricule 46664


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27 ans de prison, dont 18 ans dans l’Alcatraz sud-africain. Nelson Mandela a consacré sa vie à lutter contre l’apartheid, puis à réconcilier les populations blanches et noires du pays arc-en-ciel lorsqu’il fut élu président.

La ferveur de Nelson Mandela à vouloir établir un Etat de droit en Afrique du Sud l’aura conduit durant 18 années, sur 27, dans l’une des prisons les plus sordides au monde. D’une léproserie en un hôpital psychiatrique, la prison Robben Island s’est mutée au fil du temps en un Alcatraz sud-africain. Désormais fermée, cet îlot de 5 km2, peuplé de phoques, était l’endroit idéal pour isoler les prisonniers politiques et empêcher toute tentative d’évasion.

Cette prison, le matricule 46 664 l’a fréquenté à partir de 1964. Ce numéro, c’était celui de Nelson Mandela, condamné à la perpétuité pour sabotage et trahison. Ce n’est qu’en 1982 qu’il quitte la forteresse sous haute surveillance pour être muté vers une autre prison.

« L’Université Mandela »

Le héros de la lutte anti-apartheid a ainsi sacrifié 27 années de sa vie pour avoir combattu la ségrégation. Dans sa cellule inhumaine, tout était fait pour le laminer. Au total, 800 prisonniers blancs, noirs ou encore asiatiques séjournaient dans cette prison de la mort. Robben Island était loin d’être une maison de repos, les détenus étaient condamnés aux travaux forcés. Malgré ses journées à passer à pelleter du guano, Mandela fit tout son possible pour garder l’esprit vif. Il entreprit des cours de droit par correspondance. Il transforma sa cellule en une véritable classe avec des livres comme seuls professeurs et lui-même comme seul étudiant. Son acharnement paya puisqu’il devint diplômé de l’Université de Londres. Madiba fait de Robben Island une tribune – Robben Island fut surnommé « l’Université Mandela » – où il diffuse son message politique à ses codétenus.

Malgré tout, les conditions de vie à Robben Island étaient désastreuses lorsque l’on était Noir. Les rations, par exemple, étaient moins importantes que celles des autres.

Aile B

Mandela était classé prisonnier D. Les prisonniers de cette classe logeaient dans l’aile B de Robben Island, la partie de la prison la plus dure. La cellule de Mandela faisait 3m2. Celui qui quelques années plus tard deviendra président d’Afrique du Sud n’a pas pu étendre les jambes durant son sommeil pendant 18 ans ! Il avait droit à deux visites et deux lettres par an. Pas de douche, pas de toilettes, les prisonniers se lavaient à l’eau de mer. Une eau froide…

Pendant ce temps, le message politique du leader de l’ANC ne cesse de croître, et bien au-delà des frontières de « l’Université Mandela ». Au vu de cette notoriété grandissante, on propose à Mandela de réduire sa peine et même de le libérer en échange de son silence. Mandela choisi sa mini cellule avec la fierté de ne jamais avoir trahis sa parole et cette conviction certaine de continuer à transmettre son message.

La sagesse d’un homme

Ses geôliers prenaient plaisir à humilier Mandela et quelques autres détenus. Parfois, ils leurs faisaient creuser un trou, obligeaient Mandela et quelques codétenus à descendre avant de se faire uriner dessus et retourner dans leur cellule sans se laver. Ce sont d’ailleurs ces mêmes bourreaux que Mandela a convié, même exigé leur présence, à son premier repas de Président nouvellement élu. Il invita également le procureur qui avait demandé sa tête. Mandela atteint l’apogée d’une sagesse et d’une bonté innées.

Madiba recouvrira la liberté le 11 février 1990. Il deviendra en 1994 le premier président noir de l’Afrique du Sud. Le prix Nobel de la paix lutte, à presque 95 ans, contre une infection pulmonaire. Son état est jugé grave à l’hôpital de Pretoria où il est soigné depuis le 8 juin 2013.

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