Mali : la France en mauvaise posture entre Bamako et le MNLA


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Le dialogue est toujours difficile entre les autorités de Bamako et les rebelles du Mouvement national de l’Azawad (MNLA). La France qui met tout en œuvre pour que les deux parties s’assoient à la table des négociations est dans une position très délicate, soutenant les autorités maliennes, tout en évitant de froisser le MNLA.

Une autre guerre pourrait bien se profiler au Mali. Il s’agit de la bataille des négociations entre Bamako et les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Pour le moment, c’est un dialogue de sourd qui oppose les deux parties. Le bras-de-fer ne fait que commencer.

Les autorités de transition maliennes ont en effet été claires : « Il n’y aura pas de négociations tant que le MNLA ne déposera pas les armes, sinon le mouvement sera considéré comme un ennemi du Mali ». Mais la rébellion du nord ne l’entend pas de cette oreille, arguant qu’il faut avant tout garantir les pourparlers. « Si l’on dépose les armes, que va-t-on négocier ? », lance un responsable du mouvement contacté par Afrik.com.

Bamako souhaite aussi que le MNLA reconnaisse « l’unité territoriale du Mali, qui est indivisible ». Or le mouvement rebelle, qui a conscience de la difficulté d’obtenir l’indépendance de l’Azawad, en raison de la ferme opposition des autorités maliennes et françaises, a fait marche arrière. Il réclame toutefois l’autodétermination de la région. Une situation qui met la France dans une position très inconfortable, la plaçant au milieu des tensions entre les deux parties. Paris, qui se hâte de les mettre à la table des négociations, soutient les autorités de transition malienne tout en évitant de froisser les rebelles du MNLA.

Crise diplomatique

D’ailleurs, la crise diplomatique entre les autorités françaises et les rebelles du nord a été évitée de justesse. Suite à l’arrestation de quatre responsables de son mouvement par l’armée malienne à Ménaka, le MNLA a publié un communiqué accusant la France d’être à l’origine de ces interpellations. Des informations démenties par Paris, qui a finalement apaisé les tensions, puisque « le communiqué a été suspendu », a assuré le représentant du MNLA en Europe, Moussa ag Assarid. « Nous avons été contactés par les autorités françaises », admet-il, tout en refusant de s’exprimer d’avantage sur le quiproquo.

Pour le moment, aucun transfert des quatre responsables du MNLA interpellés n’est prévu vers Gao ou Bamako. Mais ces derniers ne sont pas les seuls visés par les autorités maliennes. Ces dernières ont également lancé un mandat d’arrêt contre tous les responsables du MNLA pour leur « rébellion et association de malfaiteurs avec les groupes islamistes ». Moussa ag Assarid, qui est concerné par cette mesure, a refusé tout commentaire sur la question en dehors de son avocat.

Ces vives tensions entre Bamako et le MNLA risquent de mettre en péril les négociations. Paris sait que le dossier est sensible. Elle est consciente que le temps presse et veut à tout prix éviter de nouvelles complications entre les deux parties. La fracture entre l’opinion malienne et les rebelles du MNLA n’a jamais été aussi grande.

Adulée il y a encore quelques semaines pour avoir libérée le nord-Mali, la France est désormais accusée par une partie de la population de soutenir et protéger le MNLA.

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