Mali : « C’est le début d’une guérilla comparable à l’Afghanistan»


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Des combats violents ont opposé des soldats maliens à un commando islamiste infiltré dans le centre de Gao, la plus grande ville du Nord-Mali. Le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a revendiqué l’attaque. Ce groupe islamiste, affilié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui est à l’origine de deux attentats-suicides en deux jours, a promis de continuer le combat jusqu’à la victoire. Trois questions à Michel Galy, spécialiste du Mali, sur la nouvelle stratégie des jihadistes. Interview.

Afrik.com : On dénombre pas moins de trois attentats-suicides en quelques jours à Gao. Vers quel genre d’affrontement se dirige la guerre au Mali ?

Michel Galy : On rentre effectivement dans une nouvelle phase de la guerre. Elle était prévisible : c’est le début d’une guérilla comparable à celle qui se passe en Afghanistan. Lors de la reconquête des villes, les victoires de l’armée française étaient par défaut car l’ennemi s’était enfui dans le massif des iforhas et s’était replié autour des villes.

Afrik.com : Quelle est la nouvelle stratégie des islamistes ?

Michel Galy : Si les islamistes sont assez audacieux, ils vont essayer de reconquérir la ville de Gao. On entre dans une guérilla asymétrique. Pourquoi cette nouvelle stratégie des islamistes est comparable au conflit en Afghanistan ? Parce que, contrairement à ce qu’on pensait, ce n’est pas une guerre conventionnelle avec, par exemple, des missiles solaires, mais il s’agit d’une guerre des pauvres (jihadistes) qui utilisent des armes artisanales telles que des mines antipersonnel, des Kalachnikov et des roquettes.

Afrik.com : Que doit-on craindre d’une telle guérilla ?

Michel Galy : Tout dépend de la technique et stratégie adoptées par les armées française, malienne et africaine. Personnellement, je pense que mieux vaut cantonner les islamistes dans les massifs du Nord-Mali plutôt que de faire comme François Hollande l’a dit, c’est-à-dire de les détruire et exterminer. Ce qui pourrait devenir un problème sahelo-sahelien, en débouchant par une violence qui s’étendrait dans tous les pays voisins du Mali.

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