Lutte sénégalaise à Bercy : Bombardier terrasse Baboye


Lecture 4 min.
Lutte sénégalaise
Lutte sénégalaise (illustration)

Il avait promis de laver l’affront subi le 16 avril 2006 au stade Maniang Soumaré de Thiès après s’être fait terrasser par Baboye de Pikine. Bombardier de Mbour a réussi ce samedi son pari en battant son challenger, dans la salle mythique de Bercy, où un combat de lutte sénégalaise a été organisé pour la première fois par le promoteur Amadou Badiane.

Si Gris Bordeaux de l’écurie de Fass a réussi à éviter le plaquage de Bombardier le 22 juillet 2007, tel n’a pas été le cas de Baboye qui a cédé sous le poids de ce mastodonte de Bombardier, en seulement 35 secondes de confrontation. En effet, il a suffit d’une longue immobilisation au sol, suivie d’un plaquage pour venir à bout de Baboye. A rappeler que ce dernier a un poids approximatif de 100 kg, là où Bombardier gère bien ses 140 kg.

Les préparatifs mystiques terminés, l’arbitre centrale Babacar Diop donne le coup d’envoi du combat. Après quelques balancements de bras, Baboye tente de rééditer le coup de 2006 en s’engouffrant dans la gare de son vis-à-vis pour saisir sa jambe et créer un séisme de magnitude supérieur à celle de 2006. Sauf que Bombardier est présent ce samedi. Les deux adversaires se heurtent l’un à l’autre et échangent quelques coups de poing sans grand danger. Il s’en suivit un accrochage et Baboye tente à nouveau de se saisir de la jambe de Bombardier. Le Mbourois parvient à bloquer son adversaire au sol pendant pratiquement une minute. Sur ses trois appuis, Baboye qui commençait sans doute à étouffer sous le poids du B52 de Mbour, tente de battre en retraite. C’est le moment saisi par Bombardier pour le plaquer au sol et signer ainsi sa belle victoire.

Bercy, une véritable arène de lutte

Le promoteur Amadou Badiane qui a organisé ce combat de lutte n’a pas fait les choses à moitié. Sa promesse de transformer Bercy en une véritable arène de lutte traditionnelle sénégalaise, il l’a tenue. Méconnaissable. L’espace mythique où l’artiste sénégalais Youssou Ndour effectue régulièrement ses concerts n’a ce samedi soir presque rien à envier au stade Demba Diop de Dakar, où ont lieu les plus grands combats de lutte. Il n’y a quasiment pas de divergences entre les deux endroits. L’arène remplie de sable est dressée au cœur de la salle comme cela se fait dans la tradition du sport roi du pays de la Téranga. Les sons des tambours accompagnés des voix puissantes des chanteuses traditionnelles résonnent partout. Les gravins sont occupés par plusieurs centaines de supporters venus acclamer leur champion. « Baboye! », crient les uns en le voyant passer, « Bombardier !», clament les autres. Les deux poids lourds comptent en effet de nombreux adeptes.

Place au mysticisme

Baboye dit le Barodi (le lion en langue peul) est le premier à entrer en scène, bien avant son adversaire alias B52, qu’on aperçoit seulement 1heure après le début des festivités. A tour de rôle, les deux lutteurs effectuent leurs pas de danses portés par les rythmes endiablés des tambours, provoquant l’hystérie du public. L’aspect mystique de la lutte sénégalaise prend rapidement une place prépondérante. Chacun des deux challengers suit à la lettre les consignes que leurs marabouts leur ont dictées. Ils se versent plusieurs litres d’eau, considérée comme bénite. Celle-ci est censée porter chance à celui qui l’utilise ou encore affaiblir son adversaire. Le mysticisme et la lutte ne font qu’un au Sénégal. « Tout ce que voyez en ce moment est tout à fait normal, ils doivent appliquer les consignes de leurs marabouts », souligne au public le célèbre animateur sénégalais Boubacar Diallo dit « Boobs », qui anime la soirée.

Elégance des femmes sénégalaises

Comme à chaque combat de lutte, plusieurs chanteurs sénégalais tels que Viviane, Papa Ndiaye Tiopet sont également apparus, interprétant leurs chansons phares du moment. Un show très apprécié des spectateurs qui dansent, chantent, prennent des photos, et filment le spéctacle. Venu aussi assister au face-à-face, le charismatique lutteur Gris-Bordeaux est accueilli en grande pompe par le public qui l’acclame. « Je suis venu pour mes fans et je suis très fière qu’un combat de lutte se tienne pour la première fois à Bercy », dit-il. Un discours très applaudi par le public, composé aussi de nombreuses femmes. Très élégantes, beaucoup sont vêtues de boubous colorés et scintillants, mariés à des bijoux qui ornent leurs poignets. Lors des grandes rencontres de ce genre, les femmes sénégalaises sont en effet toujours très coquettes. Celles présentes ce soir non pas fait exception. Bref…un véritable voyage dans l’univers de la lutte sénégalaise. Il n’y a pas de doute, ce soir on est bien au pays de la Téranga.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News