Logements : constructions et réhabilitations, Alger s’investit


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L’Algérie reprend de plus belle la construction de milliers de logements et la restauration de milliers d’autres.

Des petites villes de 3 000 à 5 000 logements devraient fleurir aux abords d’Alger d’ici quelques années. Des entreprises motrices au Portugal sont en charge du projet. Une nouvelle stratégie semble se dessiner dans un pays où la construction massive de logements sociaux était dernièrement menée en majorité par des sociétés chinoises. Ainsi, le ministre algérien de l’Habitat et de l’Urbanisme, Abdelmajid Tebboune, et le secrétaire d’Etat portugais en charge de l’économie et du développement régional, Antonio Almeida Henriques, ont signé ce lundi à Alger un protocole d’accord qui porte sur la création de joint-ventures pour ces constructions futures. « Ce protocole représente un vrai partenariat, car les Portugais (…) vont s’installer ici pour une longue durée, ce qui permettra la formation de nos jeunes, avec un transfert de savoir-faire », a souligné à la presse locale Abdelmajid Tebboune. Côté Algériens, c’est l’entreprise SGP Indjab qui s’associera au projet, à hauteur de 51%.

Près de 50 000 unités sont d’ores et déjà réservées à ces joint-ventures. L’édification de la nouvelle ville de Sidi Abdallah, à 30 km au sud-ouest d’Alger, sera l’une des principales cibles. Par ailleurs, un quota de 100 000 logements sera attribué à des sociétés étrangères. Le secrétaire d’Etat espagnol au Logement, avec qui un accord similaire devrait être signé, sera en visite dans la capitale algérienne le 5 novembre. La France aussi veut sa part du gâteau. A ce titre, la ministre française du Logement, Cécile Duflot, devrait, dans le courant du mois de novembre, se rendre à Alger où elle rencontrera son homologue, Tebboune. Les Italiens, les Russes et les Indiens sont également intéressés par ce programme de construction.

La capacité nationale de réalisation de logements est estimée autour de 80 000 logements par an, alors que la demande annuelle moyenne s’élève à 225 000 unités. Mais selon le ministre algérien, la capacité annuelle de réalisation devrait passer dans cinq ans à 150 000 logements.

Alger, à neuf !

Une bouffée d’oxygène à Alger. La « transformations de la Capitale » devrait débuter très prochainement. Un avis d’appel d’offre national et international sera lancé d’ici à une semaine par la wilaya d’Alger pour la réhabilitation de 12 500 logements dans son hyper-centre. « L’objectif assigné à cette opération est de sauver les bâtiments ainsi que notre patrimoine », a déclaré Mohamed El Kebir Addou, le wali d’Alger, au cours d’une présentation du programme de réhabilitation, selon Algérie-Focus.

Les rues de Ben M’Hidi, Zighout Youcef, Hassiba Ben Bouali, Malika Gaid et Krim Belkacem seront les premières à se voir refaire une beauté. Le projet « transformation de la Capitale » devrait prendre fin en 2030.

Des affectations…

Bonne nouvelle aussi à Oued Tlétat. Une remise des clés de 138 logements sociaux se fera le 1er novembre dans cette daïra située dans la wilaya d’Oran. Des familles en charge de quatre enfants bénéficieront d’office d’un logement à quatre pièces. Pour 35 autres familles en lice avec à charge trois enfants, elles seront tirées au sort et réparties dans 24 logements de type trois pièces. Les dix familles restantes ainsi que les derniers bénéficiaires seront logés dans des appartements à deux pièces.

…Et des expulsions

D’autres, sont, au contraire, expulsés de leur domicile, comme l’indique le quotidien algérien El Watan qui en dénombre 400 depuis l’arrivée du grand froid. « Des familles se retrouvent sans ressources à la rue. Une femme est actuellement sous une tente avec ses trois filles à Bordj El Kiffan », signale Salmi Hakim, président du comité SOS expulsion, hébergé par la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDL). La capitale est la plus touchée par les expulsions. Sur les 800 dossiers traités par le comité, plus de la moitié des familles vivent à Alger.

« (…) J’ai reçu avant l’Aïd un vieil homme qui pleurait à chaudes larmes. Il sue sang et eau pour payer son loyer. Il craint de se retrouver à la rue, lui et sa famille, quand il ne pourra plus payer le propriétaire. Il faut imaginer la souffrance de ces familles. Ces gens n’ont pas construit de baraques et ne mettent pas le couteau sous la gorge au responsable du coin. Sans possibilité de louer ou de se faire héberger par des proches, ils se retrouvent sous des tentes ou louent, pour certains, des baraques dans des bidonvilles», raconte le président de SOS expulsion, lui-même victime de la situation. Certaines familles qui ont saisies la justice pour faire valoir leur droit, à l’instar d’Amine Mounir, n’y ont trouvé aucun écho. Installé dans une maison d’Alger depuis 1962, il a été contraint, ainsi que sa famille, de quitter sa maison. La justice n’aurait pas tenu compte de l’âge de sa mère, une septuagénaire qui, en toute rigueur, est non expulsable. En vain.

La trêve hivernale peine visiblement à être respectée par certains propriétaires et dans quelques wilayas, à commencer par celle d’Alger. De force, des familles entières se retrouvent donc contraintes de dormir dans des tentes ou de migrer vers les bidonvilles où les attendent les familles expulsées et démunies. Une situation bien complexe pour ces Algériens qui vivent dans un pays où la capitale dispose de centaines de logements vacants et où des milliers d’autres seront prochainement en cours de construction…

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