Les Africains se mettent sur leur 31


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Les uns courent faire leurs derniers achats. Les autres s’activent dans les cuisines pour préparer un bon repas. Le 31 décembre est sur toutes les lèvres en Afrique. Les capitales du continent vivent à un rythme effréné. Comme si la fête avait déjà commencé avant l’heure. Tour d’horizon sur l’état d’esprit des Africains en attendant les douze coups de minuit.

L’ambiance est palpable partout en Afrique. Les habitants des grandes villes sont pressés, courant de droite à gauche effectuer leurs derniers achats. Les Africains sont déjà sur leur 31 avant même les douze coups de minuit. Ils comptent bien malgré les difficultés du quotidien fêter la Saint-sylvestre comme il se doit : musique à flot, repas délicieux, chants religieux, poignées de main chaleureux.

« C’est la fête avant l’heure, la joie partout » dans les rues de Cotonou, affirme Josias, 33 ans, président de l’association des amis du Bénin. Les enfants se déguisent, mettent des masques vaudous sur leurs visages, parcourent les quartiers en riant, pour marquer l’évènement. « Même dans les villages les plus reculés du Bénin, les gens se démènent pour faire la fête. Ils ont peu de moyens mais gardent le sourire », souligne-t-il. Ce soir sur la table, il n’y aura pas de poisson « mais de la bonne viande ! Les gens égorgent des coqs, moutons, bœufs et versent le sang des animaux dans leurs maisons pour nourrir ceux qui sont déjà morts, une façon de leur rendre hommage! L’objectif est des rester en communication avec eux. Tout le monde effectue cette pratique même les chrétiens ».

Au Sénégal, l’ambiance est moins à la fête en raison du « Maagal Touba », le pèlerinage annuel, pour rendre hommages aux guides religieux mourides. Beaucoup sont donc concentrés sur les prières. Mais ce n’est pas le cas de Mamadou, qui compte bien célébrer le nouvel an. « Les poulets et pommes de terres ont déjà été assaisonnés par les femmes depuis hier soir », explique le Dakarois qui s’impatiente déjà de déguster ce bon repas. Ce 31 décembre est spéciale pour le jeune informaticien de 29 ans car ses huit frères et sœurs se réunissent tous dans la maison familiale. Quatre de ses frères, vivant en Italie, ont fait spécialement le voyage pour l’évènement. « Ici au Sénégal la Saint-sylvestre est une fête importante car elle permet aux gens de se réunir » explique-t-il.

Les concerts battent leur plein au Rwanda

Sa compatriote Marie, 30ans, chef d’un restaurant à Saly, a prévu pour ses clients des chaperons accompagnés de croquettes de poulets, de pommes de terre, et double Gambas. « Ils dégusteront ce repas au rythme de la musique sénégalaise et internationale ».

L’ambiance est déjà très festive à Alger. Depuis une semaine, les jeunes multiplient leurs achats de vêtements et chaussures pour se mettre sur leur 31, raconte Youssef, 38 ans, commerçant. Beaucoup ont prévu d’aller en boîte. Les plus vieux comme moi resteront à la maison boire du thé entre amis.

La marocaine Fatma, 33 ans, résidant à Rabat, a prévu, elle, de faire la fête entourée de sa famille autour d’un bon plat traditionnel. « Il y aura du poulet, des pastilles d’Amandes, des bûches ». Au Maroc, les plus aisés « n’hésitent pas à dépenser beaucoup d’argent pour la Saint-sylvestre. Ceux qui ont les moyens se rendent même dans des hôtels cinq étoiles pour marquer le coup », explique-t-elle.

Contrairement aux jeunes de son âge, le Burundais Innocent, 22 ans, réceptionniste dans un hôtel, à Bujumbura, n’ira pas en boîte de nuit. Il célébrera la Saint-sylvestre au sein de sa famille et a déjà acheté des cartes de vœux pour ceux qu’il aime. Comme beaucoup d’autres Burundais, il va aller prier demain à l’église. Dans les régions, « beaucoup organisent ce qu’on appellent des fêtes communales autour de mets traditionnels », explique-t-il.

La misère à Kinshasa

Au Rwanda, la musique bat déjà son plein. A Kigali, la capitale, plusieurs concerts en plein air y seront organisés. Wendy, 35 ans, présidente d’une association pour les handicapés, n’a pas le temps d’effectuer ses premiers pas de danses comme le font la majorité de ses compatriotes. Elle doit s’activer dans la cuisine pour recevoir ses invités : « Ici, les gens célèbrent la saint sylvestre entre amis, familles. Ils mangent des bananes Plantin, du poulet, pommes de terre. Mais les Rwandais sont avant tout des grands consommateurs de chèvre. Les brasseries proposent souvent des brochettes de chèvre ».

En revanche à Kinshasa, l’ambiance est toute autre. Contre toute attente, les Kinois, connus pour être des grands fêtards, n’ont pas le cœur à la fête cette année, en raison de leurs difficultés économiques. « Les gens n’ont pas d’argent ! Il n’y a pas d’engouement pour le 31 comme les années précédentes », constate Mama Timba, présidente d’une association pour les orphelins. La cinquantenaire, elle, a prévu de célébrer la Saint sylvestre auprès de ceux qu’elle appelle « ses enfants ». Dès 22h, elle ira à l’Eglise comme beaucoup de ses compatriotes, pour la veillée. « Nous chantons et dansons jusqu’à l’aube à la gloire de Dieu. Dieu nous a préservé cette année, nous sommes en bonne santé, donc nous devons le remercier. » Mais La veillée sera cette année moins festive, affirme-t-elle. Car les années précédentes nous préparions pour le repas des poulets griller mais cette année on se contentera de boissons car nous n’avons pas assez d’argent. »

Même son de cloche pour son compatriote Thief : « Les temps sont difficiles », insiste le banquier de 30 ans. C’est la crise économique. Ici on n’a pas l’impression que c’est la fête. C’est la misère ! »

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