Le soufisme ou la quête de l’élévation spirituelle


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Célébration de la naissance du Prophète Mohamed (SAW)
L’islam s’est répandu depuis le 7ème siècle à la fois comme une religion mais aussi une force politique, théocratique et philosophique.

Mohamed le prophète (SAW), fondateur de l’Islam et son messager est né vers 571 à a Mecque, fils d’Amina et d’Abdellah un commerçant de la tribu des Qurayish. L’ « Elu » Mohamed, qui après une jeunesse insouciante de berger à paitre dans la vallée aride de la Mecque, entreprendra plus tard l’art du commerce aux cotés de son oncle, avant de connaître la révélation, à sa quarantaine. C’est sa naissance que les musulmans viennent de célébrer sa naissance autrement intitulée « Mouloud Annabaoui » littéralement « Naissance du prophète », aux quatre coins du monde en ce mois musulman de 12 « Rabouaa AlAwal ».

L’ère musulmane ayant commencé le 15 juillet 622 de l’ère commune qui correspond à l’année où Mohamed (SAW) a émigré de la Mecque vers Médine. Ce moment a été le point de départ de l’Hégire (Littéralement « Emigration ») calculé sur le calendrier de l’islam. Cette émigration du prophète correspond à une expédition suivant celle de ses premiers fidèles, en direction de Yathrib en Arabie (Ville située à 350 km au Nord de la Mecque et qui se fera baptisée plus tard Médina, littéralement « La Ville » en hommage à la ville Sainte du prophète Mohamed (SAW). Les circonstances à la fois tragiques (Mort de son père adoptif, puis sa femme) ainsi que l’invasion des Perses en 614, poussent le prophète à quitter la Mecque vers Yathrib.

La révélation du Saint Coran, via l’ange Gabriel, feront de Mohamed un prédicateur de l’Islam, accueilli par son épouse Khadija, son cousin Ali et son oncle Abu Bakr et quelques amis fidèles. L’islam connaît alors incontestablement une influence sur l’esprit et le cœur des croyants engendrant ainsi un mouvement intellectuel, artistique, philosophique et lyrique. La littérature et la poésie ayant d’ailleurs abondé par ses innombrables oeuvres qui ont marqué les périodes fastes. Un autre aspect puissant et flamboyant qui s’appuie sur le socle spirituel de l’Islam, est celui du soufisme…

Le soufisme «Tassawouf», mysticisme, ésotérisme ou la quête de l’élévation spirituelle suprême ?

C’est ainsi qu’est né le soufisme (Littéralement issu de « Souf » qui veut dire « Laine » en arabe en référence aux robes blanches longues en laine, portées par les adeptes « Soufis » ; symbole de la pureté et du détachement matériel. Les adeptes Soufis se rencontraient dans un mouvement spirituel de prières à la limite du mysticisme, en quête de la purification de l’âme pour rechercher la proximité du Divin. Il s’agit d’une profonde intériorisation si intense que leurs prières « Dikr », qui consistant à réciter le nom de Dieu par des psalmodies de « La ilaha illa Allah » allant jusqu’à 15000 par jour. La prononciation de « Allah » n’est pas son nom propre mais le mot de « Dieu » qui précède de l’article défini.

Le croyant est essentiellement en témoin de la vérité. C’est l’essentiel de la foi islamique qui réside dans l’unicité de Dieu suivie de la révélation faite à Mohamed (SAW). L’invocation du nom Suprême d’Allah détient la préséance sur toutes les autres pratiques du soufisme. Le terme « Dikr » Allah s’étend aussi à d’autres rites et en particulier à la récitation du coran et substantiellement « Un » avec Dieu. Le prophète Mohamed (SAW), a dit « Il existe pour chaque chose un vernis qui enlève la rouille, et le vernis du cœur est l’invocation d’Allah ». Cette invocation à la fois religieuse et philosophique introduit aisément la définition du soufisme. L’Islam qui met au cœur de sa religion la Foi et la Prière, parlant ainsi des vibrations déclenchées et du passage de l’extérieur à l’intérieur. A savoir l’approche spirituelle, venant compléter les rituels extérieurs quotidiens, pour nourrir l’âme à l’intérieur.Le soufisme affirme ainsi la réponse à cette question.

C‘est à l’occasion du « Mouloud Annabaoui », célébrant « La naissance » du prophète Mohamed (SAW), qu’a coïncidé cette année avec la 8ème rencontre du Soufisme internationale, à Madar, à quelques km de Berkane au Nord Est du Maroc. L’objet des réunions et conférences s’articulait autour de « Soufisme et l’édification de l’homme : pour une réforme harmonieuse ». Cette année, la réunion avait pour objectif d’aborder la thématique de la position de l’Homme au sein d’une société en prise à la crise économique et financière, qui touche le monde entier, afin d’asseoir des voies de solution d’équilibre pour l’Homme et avec la Terre. Les quelques centaines de participants venant du monde entier (USA, Mexique, Australie, Emirats, Afrique, France, GB, Italie, Belgique, Algérie, Tunisie, Palestine, Turquie, Syrie, Jordanie, Egypte, Croatie…) ont discuté durant 3 jours sur les sujets confrontant les valeurs dans la spiritualité, la citoyenneté, gouvernance et solidarité ainsi que l’art et l’éducation des âmes par le fruit des réformes du soufisme dans un dialogue interreligieux. La dernière soirée s’est déroulée dans la joie et l’amour du prophète dont on célébrait sa naissance par des chants religieux et « Amdahs » orchestrés par une troupe de chanteurs soufis à la gloire de Dieu et son prophète Mohamed (SAW).

La 8ème rencontre internationale à la recherche du « Bel Agir », selon Moulay Mounir EL Kadiri

Dans la continuité du prophète (SAW) qui avait initié les bases et fondements de la législation divine pour une société réussie de droit et de justice le soufisme s’essaye à prolonger ce message. Aujourd’hui l’éducation soufie, perpétue ces préceptes Islamiques avec le dessein de « La réforme de l’homme » et essaye de faire face à ces crises de civilisation dans un élan d’humanisme universel et transcendant par l’approche de réforme profonde intérieure.
C’est la thématique de cette 8ème rencontre groupant des chercheurs, philosophes, théologiens, professeurs, écrivains, ou simple participants « Soufis » qui se sont réunis au sein de la Zawyia Tariqa Boudchichia, dirigée par Moulay Mounir El Kadiri qui nous livre sa présentation du soufisme.

Le cheikh Hamza El Kadiri (Son grand-père) quant à lui est le maitre spirituel des lieux la Zawyia, qui vit en retraite spirituelle dans cette Zawyia dont il est le détenteur du « Secret Initiatique» qui tient du Tassawaf selon Ibn Khaldoun. Né en 1922, à Madar, fils de Sidi Abbas El Kadiri Boudchiche, a grandit dans la Zawyia de ses ancêtres, bercé dans la spiritualité jusqu’à aujourd’hui. Il étudia la théologie, entre autres par un passage à la prestigieuse université AL Qaraouyine de Fès.

Moulay Mounir EL Khadiri, son petit fils, nous explique que « le secret » se transmet de génération en génération, par le grand maitre Soufi qui choisit son futur successeur. Il a été ainsi été choisi par son grand-père pour assurer la succession. Ce jeune érudit est à la fois cultivé (Doctorat Droit Musulman, Master Communication Paris XIII, Président Centre CEMEIA) et ancré dans la spiritualité de par sa naissance dans la Zawyia Boudchichia. Il explique que « Tariqa » est la voie héritée d’Abdelkader Jilani Bagdad (d’Iraq) et « Boudchichia » est issue du nom Ali Boudchiche un héros de l’histoire qui nourrit avec de l’orge (Littéralement « Orge ») le peuple affamé de la disette. Il parle en bon financier, aidé de son bagage théologique, que c’est de la vigilance du cœur qui permet de s’élever spirituellement vers le Divin par l’examen de conscience et la purification du cœur. « Notre corps est un tableau de bord, outillé d’un GPS qui fait cet examen de conscience pour savoir vers où je veux aller, c’est pourquoi je me positionne dans ma lignée par une attitude humaniste pour partager les valeurs d’un citoyen universel tourné vers l’autre ; d’où mon activité de finance islamique assortie de micro-finance, tournée vers les actions solidaires et de redistribution des partages envers les démunis ; C’est notre rôle en tant que musulman d’apporter cette valeur ajoutée en étant utile quelles que soient les origines de nos destinataires. Il s’agit de parfaire le comportement par le « Bel Agir », pour parfaire la noblesse du comportement selon la tradition du prophète Mohamed (SAW)».

Comment sont ils entrés dans le soufisme de la Zawyia Tariqa Boudhcihia : Les témoignages

Siham Tamansourt : Une jeune femme voilée souriante, rayonne du haut de ses 30 ans, parle du soufisme dans un langage simple et limpide aussi cristallin que son regard est franc. Cette jeune prodige (Hypocâgne, La Sorbonne, Master II de Littérature et Philologie) Française d’origine Tunisienne enseigne « la culture Française » aux futurs Imams, formés à La Grande Mosquée de Paris Paris et explique qu’elle a étudié à Paris (Hypokâgne, La Sorbonne, Master II de Littérature et Philologie). Elle raconte comment elle est devenue «Soufi » parce que sa pratique de musulmane inculquée par ses parents était incomplète. « Il me manquait la profondeur je me sentais absente à la prière et jeune ne me suffisait pas, et depuis une soirée en Tunisienne lors d’une soirée Soufi où il s’est passé quelque chose en moi, je ne saurais l’expliquer, j’ai alors fait des recherches puis je suis entrée dans le soufisme et cela a donné un sens à ma vie ».

Un autre parcours aussi similaire, est celui de ces quatre frères d’un même famille, mais aussi éloignés géographiquement que différents de personnalités. Le plus jeune est « Le plus fun », par son entrain et sa volubilité, le deuxième est « Le philosophe » il parle seulement si c’est nécessaire et ne s’exprime que par des métaphores, le troisième est « Le vieux sage » qui ne parle que peu ou pas, il acquiesce du visage souriant mais silencieux, il garderait les secrets les plus enfouis, quant au quatrième c’est « Le rationnel » l’ainé mais aussi le père de la raison. Il est celui qui a étudié à Paris (Paris VI, Doctorat informatique, francophone, a été happé un jour « Par hasard » dans le métro par un jeune homme qui lui tendit un livre sur « Guérir par la spiritualité ». Deux ans plus tard, il le rencontre une deuxième fois, par « hasard » mais croit plutôt à un opportunisme divin. C’est alors qu’il entreprend des recherches sur le Soufisme et le cheikh Hamza dont l’inconnu lui avait parlé. Il convainc alors ses 3 autres frères de le poursuivre dans cette quête de l’élévation et la facilitation de ses affaires dénuées désormais de stress et d’anxiété dans le business.

Cette histoire des quatre frères Yéménites soufis aussi différents les uns des autres, vivant dans des contrées éloignées et qui se retrouvent chaque année à la Zawyia Boudchichia à Madar, pour s’y retrouver dans la purification des cœurs ont un point commun : Ils sont tous souriants, serviables, emprunts d’une enviable sérénité apparente, et avouent venir se retrouver à la Zawya, pour pratiquer le soufisme, chaque année depuis 22 ans ! Notons parmi les célèbres disciples soufis de la Zawyia Boudchichia, Bariza Khiari vice-présidente du Sénat et le Chanteur de slam Abdel Malik.

A la mort de Ghazali, le grand Soufi du XIème siècle on trouva sous sa tête un poème qu’il avait écrit durant sa dernière maladie où figuraient ce vers :

« Je suis un oiseau : ce corps était ma cage mais je me suis envolé le laissant comme un signe »

Références bibliographiques :

Qu’est ce que le soufisme ? De Martin Lings

Anthologie du soufisme, de Eva De Vitray-Meyerovitch

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