La Tunisie sollicite l’Algérie pour le déminage des « zones terroristes »


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Face à la menace des groupes terroristes qui prolifèrent en Tunisie, les autorités ont sollicité l’aide de l’Algérie pour un terme à leur progression dans le pays.

La chasse au groupe terroriste lié à Al-Qaïda, notamment sa katibate Okba Bin Nafi qui écume les monts Chambi à Kasserine, ne semble pas se terminer de sitôt. Le relief abrupt et l’expérience des jihadistes récalcitrants qui y combattent, vétérans de la rébellion au Mali pour un bon nombre, sont loin d’être une sinécure pour l’armée tunisienne qui poursuit son action anti-terroriste. D’énormes difficultés sont rencontrées sur le terrain, complètement sapé. L’explosion d’une mine anti-personnelle de fabrication artisanale, lundi 6 mai, dans cette contrée proche de la frontière avec l’Algérie et qui a fait deux blessés parmi les militaires tunisiens corrobore les faits. L’un a eu la jambe arrachée et l’autre s’en est tiré avec des blessures à l’œil. Malgré les efforts déployés pour faire face, les autorités tunisiennes reconnaissent qu’il y a certaines insuffisances en moyens et équipements. Suffisant pour que l’aide algérienne soit sollicitée, surtout dans les opérations de déminage du terrain.

Le danger des mines

16 militaires et gendarmes blessés par des mines artisanales
« Les opérations se poursuivent dans la région de Jbel Chambi, non loin des frontières algériennes. Elles ne sont pas encore terminées et peuvent même s’inscrire dans la durée, compte tenu de l’insuffisance de moyens chez nos troupes auxquelles l’expérience fait également défaut. Nous comptons beaucoup sur l’expérience algérienne pour nous en tirer » nous déclare, un journaliste tunisien basé à Tunis et qui requiert l’anonymat. Les spécialistes algériens auront à se lancer dans des actions visant à l’élimination des mines terrestres de la région de Jbel Chambi.

La détection de ces mines, puis leur enlèvement requièrent de l’expérience et des moyens, ce qui ne fait pas défaut aux artificiers algériens qui y excellent pleinement. La demande d’assistance technique s’est imposée d’elle-même, pour éviter le pire aux troupes qui ont enregistré depuis fin avril 16 blessés par des mines artisanales, dont des militaires et des gendarmes . C’est à cet impératif que répond la visite du Directeur général de la Garde nationale tunisienne en Algérie, le 21 mai, pour discuter avec ses partenaires locaux , de la situation sécuritaire dans la région et le long des frontières entre les deux pays.

Echange d’expérience en lutte contre la criminalité

Echange d’expérience en lutte contre la criminalité organisée
La situation sécuritaire qui y prévaut depuis quelque temps, en particulier la montée de la violence, notamment le terrorisme renforce la détermination de la Tunisie et de l’Algérie à œuvrer pour une coopération plus élargie. Le Directeur général de la Garde tunisienne, Mountaser Essakouhi, accompagné d’une importante délégation, a évoqué avec ses homologues algériens l’aspect sécuritaire aux frontières entre les deux états où des mouvements de groupes terroristes portent un sérieux préjudice à la stabilité de la région et du pays.

Des efforts communs seront, ainsi, engagés pour lutter contre la menace terroriste et celle relevant de la criminalité, le long des frontières. La coopération dans le domaine sécuritaire entre les deux voisins s’est traduite par le lancement de nombreux programmes de partenariat visant à faire front commun contre toutes les menaces. Le communiqué de la Gendarmerie nationale algérienne relayé par la presse locale indique que la visite en question « s’inscrit dans le cadre d’échange d’expérience en matière de sécurité publique et de lutte contre la criminalité organisée. Elle vise à consolider et à promouvoir les relations bilatérales entre les deux institutions dans le domaine de la formation et l’échange d’expériences professionnelles ».

« Maghreb une terre d’apostats et de renégats »

Pour s’inspirer de l’expérience algérienne dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, la délégation tunisienne a visité des organes de formation de la Gendarmerie nationale algérienne et différentes structures opérationnelles et spécialisées de ce corps qui jouit d’une solide expérience dans le domaine. Dans l’immédiat et afin d’accentuer la pression sur les groupes terroristes qui sèment les troubles dans la région de Kasserine et les monts Chambi , l’Algérie a décidé de renforcer les mesures de sécurité le long de ses frontières avec la Tunisie. Et ce, aux fins d’empêcher les terroristes fuyant ces opérations militaires de chercher à trouver refuge dsur le sol algérien. L’étau se resserre de plus en plus sur ces combattants affiliés à la katibate Okba Bin Nafi.

Celle-ci est de tendance takfiriste qui veut renvoyer les populations locales à l’islam ancestral par l’usage de la force et de la violence. Cette appellation n’est pas fortuite. Les experts tunisiens attribuent cette éponymie au général arabe envoyé en 670, à la tête des armées musulmanes, par Muawiya Ier, calife omeyyade de Damas aux fins de propager l’islam et d’étendre ses territoires. Les affidés de cette katibate voient en la région du Maghreb une terre d’apostats et de renégats, ce qui explique leur orientation vers la guerre sainte contre tous ceux qui n’épousent pas leur dogme. Une tendance que les autorités du pays veulent combattre par tous les moyens en leur possession.

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