La rébellion de l’Afrique contre la CPI !


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Les pays africains vont tenter ce vendredi de faire adopter au Conseil de sécurité de l’ONU une résolution pour suspendre les procès du Président kényan Uhuru Kenyatta et son Vice-président William Ruto. Tous deux sont accusés de crimes contre l’humanité durant les violences post-électorales de 2007-2008.

Les pays africains se mobilisent contre la tenue du procès à la Cour pénale internationale (CPI) du Président kényan Uhuru Kenyatta et son Vice-président William Ruto. C’est donc un véritable bras-de-fer avec la CPI, en tentant de faire adopter, vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU, une résolution pour suspendre les procès des deux dirigeants kényans. Tous deux sont accusés de crimes contre l’humanité durant les violences post-électorales de 2007-2008, qui ont fait plus d’un millier de morts et des milliers de déplacés.

Que stipule ce projet de résolution ? Tout bonnement le report d’un an des procès des responsables kényans. Cette requête est entre autres défendue par des pays comme le Rwanda, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité, qui n’est par ailleurs pas signataire de la CPI. L’Ethiopie, qui s’oppose également à la juridiction internationale, soutient aussi le texte, selon l’AFP. Pour les Etats qui soutiennent cette résolution, « le procès des deux dirigeants kényans empêche M. Kenyatta et Ruto de faire leur devoir », alors qu’ils devraient rester aux manettes du Kenya pour pouvoir gérer la lutte contre les combattants somaliens shebabs, qui ont revendiqué l’attentat contre le centre commercial Westgate de Nairobi.

Une requête qui n’aboutira pas

Toutefois, même si les dirigeants africains affichent leur bonne volonté pour que leur réclamation aboutisse, cette dernière n’a aucune chance de passer en raison d’un manque de soutien du Conseil de sécurité, notent des diplomates. Pour être acceptée, elle doit en effet être adoptée par au moins neuf membres. Mais le texte n’a aucune chance de passer, car les Etats-Unis y sont opposés, estiment des diplomates et experts juridiques. D’après ces derniers, cette action risque d’accroître sérieusement les tensions entre l’Afrique et la CPI. D’ailleurs, des observateurs y voient davantage une campagne politique pour mettre fin aux poursuites et une tentative par les pays opposés à la CPI de discréditer la Cour. « Les Africains ont atteint un point où ils parlent de ce vote comme d’un test pour savoir si l’on est pour l’Afrique ou contre l’Afrique », a confié un responsable de l’ONU.

A ce jour, Uhuru Kenyatta et William Ruto, à la tête du pays depuis mars, sont les premiers dirigeants en exercice jugés par la CPI. Poursuivis séparément depuis 2011 pour leurs responsabilités respectives dans les violences politico-ethniques qui ont éclaté après la précédente Présidentielle de fin 2007, ils ont tous deux rejeté les charges retenues contre eux. Le Kenya a déjà déposé deux requêtes écrites au Conseil de sécurité pour réclamer la suspension ou fin des poursuites. Sans succès.

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