La bataille de Dakar ou l’humiliation du général de Gaulle


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Après la défaite française face à l’Allemagne en 1940, les Forces françaises libres, appuyées par les Britanniques, veulent continuer la lutte à partir des colonies. C’est à Dakar, capitale de l’Afrique occidentale française, que de Gaulle veut établir son autorité à la suite du ralliement de l’Afrique équatoriale française. Or, les troupes du régime de Vichy ne l’entendent pas de cette oreille et attendent de pied ferme le général rebelle.

En septembre 1940, quelques mois après la défaite française face à l’Allemagne en Europe, la « France libre » veut continuer la lutte à partir des colonies africaines. Suite au ralliement de l’Afrique équatoriale française (AEF) en août, l’objectif de de Gaulle est à présent de prendre le contrôle de l’Afrique occidentale française (AOF) à partir de Dakar, sa capitale. L’ « opération Menace » débute le 23 septembre à l’aube, avec trois bâtiments de guerre français, mais surtout deux cuirassés, un porte-avions et plusieurs croiseurs et destroyers britanniques.

L’Amiral Cunningham, à la tête de la flotte britannique, appelle le gouverneur général de l’AOF, Pierre Boisson, à livrer la ville pacifiquement. Refus immédiat! Les forces en présence sont équivalentes, et quelques semaines après la bataille de Mers El-Kébir, les anciens frères d’armes sont manifestement décidés à se livrer bataille une seconde fois. Cependant, le général de Gaulle, pour éviter la mort de Français de part et d’autre, insiste afin de continuer les négociations.

Deux France décidément irréconciliables

Le 23 septembre dans la matinée, le général de Gaulle adresse un message radio à ses compatriotes et plusieurs avions lancent des tracts sur Dakar dans le but d’obtenir le ralliement des soldats. Ces derniers sont accueillis à coups de DCA. Des aviateurs sont même déposés à terre afin de parlementer mais sont arrêtés comme de vulgaires dissidents. Puis, le capitaine de frégate D’Argenlieu est envoyé au port avec un drapeau blanc. Il est refoulé, par quelques rafales de mitrailleuses. Enfin, les Forces françaises tentent de débarquer à Dakar puis près de Rufisque mais la résistance est vive et les empêche de poursuivre l’initiative.

Visiblement, les troupes de Vichy n’ont aucunement l’intention de négocier et les Britanniques perdent patience. Churchill intime ainsi à Cunningham de mener l’opération à son terme en passant à l’attaque. Ce dernier, sous la pression des Forces françaises libres, envoie tout de même un dernier ultimatum au gouverneur Boisson, qui répond derechef par la négative. La bataille de Dakar aura donc lieu.

L’affrontement final et ses conséquences

La flotte franco-britannique engage l’affrontement contre celle du régime de Vichy les 24 et 25 septembre. Les échanges de tirs font énormément de dégâts mais la situation n’évolue pas. La ville est de même bombardée et l’on déplore de nombreuses victimes civiles parmi les Sénégalais. Le général de Gaulle assiste impuissant à un combat qu’il redoutait. Néanmoins, l’amiral Cunningham se rend rapidement compte que l’opération ne sera pas un succès, et qu’elle pourrait même se transformer en défaite s’il s’entête. Il décide donc de quitter la rade de Dakar pour Freetown en Sierra Leone. Victoire pour la France de Vichy !

Le maréchal Pétain sort par conséquent renforcé de cette épreuve et produit toute une propagande en métropole sur sa « victoire ». A contrario, de Gaulle est fortement isolé : Churchill l’accuse d’amateurisme pour ne pas l’avoir suffisamment mis en garde sur les risques d’une telle opération. De surcroît, il gagne aux Etats-Unis la réputation d’un aventurier dont il faut se méfier. Pendant un temps, les Anglo-saxons vont donc accorder davantage de crédit à Pétain et tenter la négociation plutôt que de tout miser sur les Forces françaises libres. Une page sombre de l’histoire de France qui s’est écrite dans les eaux africaines.

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