L’hommage à Tabu Ley Rochereau, le roi de la rumba congolaise


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Drapeau de la République Démocratique du Congo
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Il était l’un des rares survivants de la génération à l’origine de la rumba congolaise. Tabu Ley Rochereau est décédé samedi 30 novembre à Bruxelles. Parcours d’un « roi » de la mélodie.

Tabu Ley, surnommé « Rochereau » suite à une blague de potaches, de son vrai nom Pascal Emmanuel Sinamoyi, s’est éteint samedi 30 novembre à l’hôpital Saint-Luc de Bruxelles. Il était considéré, à l’instar de Franco, comme le père de la musique congolaise moderne, précisément de la « rumba mélodique », alors que Franco siégeait sur le trône de la « rumba groove », selon les propos du chanteur Ray Lema, rapportés par Le Monde. Tabu Ley s’intéresse au chant dès son plus jeune âge, dans les chorales d’églises et celles des écoles. Un début de parcours similaire à celui du chanteur de Jazz Ray Lema qui a accompagné « Rochereau » au Festac 77, le deuxième Festival des arts et de la culture négro-africains, à Lagos, en 1977.

C’est en 1956 que Tabu Ley démarre véritablement sa carrière en se faisant recruter par Grand Kallé (Joseph Kabasele), à l’origine du premier tube pan-africain « Indépendance cha cha » (1960). Le « roi » de la rumba congolaise intègre le groupe de Grand Kallé : l’ « African Jazz ». Un air de liberté s’empare alors de « Rochereau » et se met à composer ses premiers titres, dont Kelya, avant de former son propre groupe en 1963, avec le guitariste Docteur Nico : « African Fiesta ». Ambiance fête et chant sont au programme avant que le groupe ne se scinde en deux. Place désormais à la danse, Tabu Ley monte un groupe de danseuses appelé « Les Rocherettes ». L’une d’entre elles deviendra d’ailleurs l’une des clodettes de Claude François.

De la musique à la politique

« Rochereau » poursuit son ascension fulgurante puisqu’il sera le premier artiste africain à se produire sur la scène de l’Olympia, la terre sainte parisienne des artistes dans le monde. C’était en 1969. L’année suivante, Mobutu rebaptise le pays Zaïre, et entreprend la « zaïranisation » forcée du régime. C’est alors que l’artiste se voit contraint d’emprunter un nom authentiquement zaïrois, il se fait appeler Tabu Ley. Son groupe aussi change de nom et devient « Afrisa International ».

Mais ce n’est pas le grand amour entre lui et Mobutu avec lequel il se brouille avant de s’exiler aux Etats-Unis, puis en Belgique. « J’ai toujours été en controverse avec lui, déclare le musicien en 2003, lors d’un entretien à RFI, à l’occasion de la sortie de son album Tempelo. Moi, j’étais républicain, eux, conservateurs. On ne s’entendait pas vraiment. J’étais d’inspiration lumumbiste. Du côté, donc, de ceux qu’on prenait – à tort – pour des communistes. J’étais en revanche défenseur des valeurs républicaines et démocratiques. Mes façons de voir, les chansons que je faisais, défendaient ces aspirations, quelque peu contraires à celles de Mobutu. Donc, de temps en temps, on m’arrêtait. J’ai connu la prison politique deux fois »,

Après la chute de Mobutu, le « roi » de la rumba met partiellement de côté la musique et s’investit dans la politique. Il cofonde le Rassemblement congolais pour la démocratie, devient ministre, puis député et, en 2005, vice-gouverneur de la ville de Kinshasa. Mais en 2008, un accident vasculaire cérébral freine les ambitions politiques de « Rochereau ». Tabu Ley ne s’en est jamais vraiment remis. Doucement, son état de santé se détériore, jusqu’à ce samedi 30 novembre où il finira par rendre l’âme. Des obsèques officielles auront lieu à Kinshasa.

Né dans l’indifférence un 13 novembre 1940 à Bagata (RDC), celui que tout le monde se plaisait à surnommer le « roi » de la rumba congolaise, par ailleurs père du rappeur Youssoupha, marquera très certainement, à tout jamais, l’histoire de la musique congolaise…

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