L’Algérie vue du Maroc : un pays riche et solitaire


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Solitaire mais pas solidaire. Certains Marocains ont l’image d’une Algérie riche, qui ne sait que faire de son argent, mais qui pourtant ne s’active pas pour sauver un Maghreb qui stagne.

D’un côté, il y a le Maroc qui souhaite la réouverture des frontières terrestres avec l’Algérie. Même si le royaume parvient à se
« débrouiller » grâce notamment à son agriculture, son textile mais aussi et surtout à son tourisme, le pays de Mohammed VI rêve d’investir en masse le marché algérien. Un souhait qui prend aujourd’hui tout son sens face à une Europe en crise et dont laquelle l’économie marocaine dépend énormément. De l’autre côté, l’Algérie critiquée pour ne pas investir ses réserves de change estimées à plus de 200 milliards de dollars. Certains Marocains jugent l’attitude du pays d’égoïste car il pourrait, selon eux, sortir le Maghreb du gouffre dans lequel il continue de s’enfoncer. Malgré l’abondance de cette manne financière, il n’existe pas que des classes privilégiées en Algérie. Tous les Algériens ne profitent pas des richesses engendrées par les ressources d’hydrocarbures de leur pays. Ainsi, plusieurs régions du pays, principalement à l’est (Kabylie), sont en proie à des difficultés. Ce qui entraîne depuis plusieurs temps bon nombre de manifestations avec en première ligne celles des chômeurs et des diplômés-chômeurs.

Mais au-delà des intérêts politiques et économiques du Maroc et de l’Algérie, les populations de ces deux pays, de manière générale, souhaitent la paix et un retour à la normalité qui se traduirait par la réouverture des frontières. Cela faciliterait également le tourisme mais surtout les visites entre membres de mêmes familles bloqués de chaque côté des frontières. Dans le Nord-est marocain, le commerce souffre du manque d’investissements. Une situation difficile que vivent les habitants de la région qui attendent avec impatience cette réouverture des frontières.

Pour rappel, les frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie ont été fermées en 1994 par l’Algérie après que Rabat ait imposé le visa aux Algériens. Une mesure prise par le souverain Hassan II suite aux attentats terroristes de l’hôtel Atlas Asni à Marrakech et pour lesquels le royaume soupçonnait les services secrets algériens d’en être les commanditaires.

Pas d’investissements hasardeux en Algérie

Un des cadres de la deuxième plus importante banque du Maroc, Attijariwafa Bank, estime, selon Maghreb Emergent, que l’Algérie doit cesser ces « fausses promesses », comme « la réouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie ». L’Algérie a « beaucoup de liquidités, beaucoup d’argent, mais qui n’est pas investi ni rentabilisé. Pourquoi toutes ces réunions (de l’UMA, ndlr) pour rien ? », s’interroge-t-il. A ce sujet, l’Algérie n’a pas pour habitude d’investir dans des actifs hasardeux. A moins de créer un fonds souverain pour prendre part à des participations industrielles, et là l’Algérie ne dispose pas des compétences techniques pour ce type d’investissement, le gouvernement privilégie les placements peu risqués, notamment dans l’industrie locale.

Les querelles entre dirigeants maghrébins, qui entraînent avec eux les populations en otage, n’empêchent pas, malgré tout, les échanges, restreints entre le Maroc et l’Algérie. Il existe notamment un commerce lucratif, qui se veut être discret mais est connu de tous : le marché au noir (trafic d’essence…). La réouverture des frontières, pour l’heure à inscrire aux calendes grecques, permettrait sans l’ombre d’un doute, à force de travail et d’échanges, la rehausse de l’économie marocaine.

Mais le problème persistant du Sahara occidental, qui ne fait que commencer, est une épine qui entache encore plus les relations bilatérales. L’Algérie, ce pays riche et solitaire, soutient le Front du Polisario favorable à l’indépendance du Sahara occidental, alors que le Maroc revendique la souveraineté de ce territoire.

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