Kofi Annan inquiet pour l’avenir de la RD Congo


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Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, ainsi que neuf anciens présidents africains, ont mis en garde contre l’existence d’un danger considérable pour la République démocratique du Congo en raison de l’incertitude sur la tenue des prochaines élections et sur la volonté du président Joseph Kabila de mettre en place les conditions pour cette élections d’ici la fin de l’année.

Dans une critique publique, chose rare à l’égard d’un dirigeant africain, Kofi Annan et neuf anciens présidents africains ont déclaré dans un communiqué qu’ils se sentaient «obligés de sonner l’alarme avant qu’il ne soit trop tard» pour répondre à ce qui est devenu «une crise politique aiguë» en République Démocratique du Congo.

Les diplomates et les analystes considèrent qu’il est en effet presque impossible que les élections se tiennent cette année, car il est peu probable que l’inscription des électeurs soit terminée à temps.

Hans Hoebeke, du groupe international Crisis, a déclaré que la déclaration des anciens dirigeants pourrait avoir de l’influence si elle « comble l’écart entre les dirigeants africains assis, qui exercent une légère pression sur Kabila et l’Occident qui imposent des sanctions sur les fonctionnaires en exigeant une élection « .

L’Union africaine a soutenu publiquement le gouvernement de M. Tshibala, mais un diplomate basé à Kinshasa considère que l’incertitude devait durer jusqu’à ce que le président Kabila « décide s’il joue un rôle important pour rester au pouvoir». « Est-ce qu’il va essayer de changer la constitution et de dominer par un état d’urgence ou va-t-il faire son chemin pour trouver un successeur fidèle ? », A-t-il déclaré rapporte le Financial Time « Je ne suis pas sûr même qu’il a décidé et que l’horloge coïncide. »

« Cet appel montre l’importance de la RDC dans la stabilité politique de l’Afrique et des Grands Lacs. La responsabilité de la précarité politique actuelle n’est certainement pas de la responsabilité du gouvernement Kabila« , a répondu à la BBC M. Atundu, porte-parole du gouvernement congolais.

Le texte du Communiqué de Kofi Annan

En tant que dirigeants africains attachés à la démocratie, nous sommes profondément consternés par la situation politique qui prévaut en République démocratique du Congo (RDC). Elle constitue une menace à la stabilité, à la prospérité et à la paix de toute la région des Grands Lacs, voire de l’Afrique dans son ensemble. Nous nous devons de sonner l’alarme avant qu’il ne soit trop tard.

La non-tenue des élections en 2016, conformément à la Constitution, a provoqué une crise politique aiguë. L’accord entre le Gouvernement et l’opposition conclu à la Saint Sylvestre sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco) a permis d’éviter un désastre, mais sa mise en œuvre rencontre des difficultés croissantes qui mettent en péril le processus censé conduire à des élections pacifiques d’ici la fin de cette année.

Tant l’esprit que la lettre de l’accord ne sont pas respectés, minant la possibilité d’une transition non violente, vitale au développement de la RDC. Des élections intègres représentent pourtant la seule issue pacifique possible pour résoudre la crise de légitimité dont souffrent aujourd’hui les institutions politiques congolaises.

Le Gouvernement de la RDC et la communauté internationale doivent fournir toutes les ressources nécessaires à l’organisation des élections dans les délais prévu par l’Accord de la Saint Sylvestre à la commission électorale.

Nous appelons les leaders politiques de la RDC à donner la priorité à l’intérêt national. Le peuple congolais, déjà meurtri par des décennies de dictature, suivies d’années de guerre civile, aspire à la paix, au développement et au respect des droits de l’Homme, qui comprennent le droit à un gouvernement représentatif.

Si la crise actuelle frappe avant tout nos frères et sœurs congolais, elle aura des conséquences continentales si elle n’est pas traitée.

L’avenir de la RDC est en grave danger. Aussi appelons-nous les leaders congolais à redoubler leurs efforts de mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre de bonne foi afin de restaurer la confiance entre les partis et assurer des élections libres, crédibles et pacifiques d’ici la fin de l’année.

Kofi ANNAN, Ancien secrétaire général de l’ONU

 Thomas BONI YAYI, Ancien prés. de la République du Bénin

 John KUFUOR, Ancien prés. de la République du Ghana

 John MAHAMA, Ancien prés. de la République du Ghana

 Thabo MBEKI, Ancien prés. de la Répub. d’Afrique du Sud

 Benjamin MKAPA, Ancien prés. de la Répub. unie de Tanzanie

 Festus MOGAE, Ancien prés. de la République du Botswana

 Olusegun OBASANJO, Ancien prés. de la Répub. fédérale du Nigeria

 Pedro PIRES,Ancien prés. de la République du Cap-Vert

 Cassam UTEEM,Ancien prés. de la République de Maurice

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