« Journal d’un prince banni » : quand Moulay Hicham provoque Mohammed VI


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Le premier livre du prince marocain Moulay Hicham, « Journal d’un prince banni », sortira le 9 avril prochain. Un récit qui ne fera pas, à coup sûr, l’unanimité auprès du roi Mohammed VI et de son entourage.

La presse le surnomme « le prince rouge », en raison de son engagement pour une démocratisation du régime politique marocain, bien qu’il réfute toute implication idéologique d’un tel code couleur. Journal d’un prince banni, le premier ouvrage de Moulay Hicham El Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, sera publié le 9 avril en France aux éditions Grasset. Il s’attaque de manière explosive aux fondements même du pouvoir dont il est issu. Moulay Hicham est le fils du prince Moulay Abdallah, frère du roi Hassan II et de Lamia es-Solh, fille de Riyad es-Solh, premier des Premiers ministres libanais. Tout comme Le roi prédateur d’Eric Laurent, ce livre devrait être introuvable dans les librairies du royaume.

Ce ne sont pas un, ni deux, mais de nombreux tabous de la monarchie alaouite brisés par le prince rebelle. Ses propositions de réforme sont jugées outrageantes par le Palais. D’ailleurs, comme il le dit lui-même, « jamais dans la longue histoire dynastique du royaume, un membre de la famille régnante n’a pris la plume pour partager ses idées avec l’“extérieur” au-delà des murs du Palais ».

Ce chercheur et homme d’affaires a toujours nié ses ambitions de devenir roi. Il précise qu’il n’est « candidat à rien » et ne souhaite « prendre la place de personne », contrairement à ce qu’affirme le Palais qui atteste que « le prince rouge » aspire à devenir « vizir à la place du vizir ». Au Palais, on le surnomme même « Iznogoud ».

Pas de « progrès » avec l’Etat-Malhzen

L’un des principaux ennemis de Moulay Hicham au Maroc est « l’Etat-Makhzen ». A ce propos, il estime qu’il n’y aura pas de « progrès digne de ce nom, c’est-à-dire réel pour le plus grand nombre au Maroc, avec l’Etat-Makhzen tel qu’il existe ». Le Makhzen est, en quelque sorte, le cabinet occulte ou gouvernement invisible du roi Mohammed VI. En d’autres termes, il s’agit d’un système puissant qui fait que le roi est aujourd’hui la plus grande fortune du royaume, selon le classement Forbes, et que son trône ne tremble jamais.

Le système politique au Maroc est, selon le « prince banni », « clôturé » : « Il est facile d’accabler de mépris la classe politique marocaine. Or, dans le cadre qui lui est imposé, ses options se résument à un dilemme qu’elle aborde les mains liées : le risque systémique tout de suite, ou l’effondrement à terme de l’ordre dont elle fait elle-même partie ? Nos politiques sont des eunuques. Les analystes se plaisent à les traiter de minus habens mais, s’ils étaient à leur place, ils ne feraient pas mieux qu’eux. Car, à moins de s’attaquer au Makhzen, le champ des possibilités reste clôturé. »

Au-delà de la dimension politique, de nombreuses révélations apparaissent au fil du livre, notamment sur les humeurs d’Hassan II ou les rivalités du Palais. A deux jours de la sortie du « Journal d’un prince banni », la contre-attaque du Palais ne devrait plus trop tarder. Moulay Hicham explique justement comment le Palais a l’art et la manière d’activer ses réseaux, et ce, jusque dans la presse française et les allées du pouvoir à Paris…

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