Hommage à Mandela : l’imposteur en langage des signes plaide la schizophrénie


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Les associations de sourds-muets en Afrique du Sud sont outrées. L’interprète en langage des signes, présent à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, était un « imposteur ». Ce dernier plaide la schizophrénie.

« Il n’a rien traduit du tout, aucune de ces gesticulations n’avait de sens ». La directrice de l’organisme Education et développement du langage des signes, situé au Cap, en Afrique du Sud, est formelle. Thamsanqa Jantjie, l’interprète en langage des signes présent mardi au stade de Soweto, à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, était un « imposteur ». « Il gesticulait et bougeait juste ses mains dans tous les sens, il n’avait aucune grammaire, n’utilisait aucune structure, ne connaissait aucune règle de la langue », a affirmé pour sa part Delphin Hlungwanem, interprète au sein de la Fédération des sourds d’Afrique du Sud. « Les sourds d’Afrique du Sud ne le connaissent pas, et les interprètes non plus ». L’ « imposteur » n’aurait d’ailleurs jamais travaillé pour une chaîne de télévision.

Pour sa défense, Thamsanqa Jantjie affirme avoir été victime d’une crise de schizophrénie liée au stress, alors qu’il traduisait les discours de plusieurs intervenants. Il déclare avoir été pris d’hallucinations qui l’empêchaient de traduire correctement. Selon lui, il était également incapable de quitter la tribune. « Il n’y avait rien à faire. J’étais seul dans une situation dangereuse. J’ai essayé de me contrôler et de ne pas montrer au reste du monde ce qui m’arrivait. Je suis vraiment désolé, c’est la situation dans laquelle je me suis retrouvé », a-t-il déclaré au quotidien sud-africain The Star.

« La vie est injuste. Ceux qui ne comprennent pas cette maladie vont penser que c’est une fausse excuse », a ajouté celui que tout le monde surnomme désormais « l’imposteur ». Il a expliqué suivre un traitement contre la schizophrénie depuis plusieurs années.

Une « erreur » de casting

Sa version a été jugée peu crédible. Le London Evening Standard rapporte une anecdote intéressante. Lors du rassemblement de l’ANC pour le centenaire du parti de Nelson Mandela en 2012, Thamsanqa Jantjie était à côté de Jacob Zuma. Alors que le dirigeant sud-africain chantait une chanson anti-apartheid, l’interprète Jantjie répétait les mouvements de Jacob Zuma sans prendre la peine de traduire le texte de la chanson.

Le gouvernement a admis ce jeudi avoir commis une « erreur » dans le choix de l’interprète. « Il est possible qu’il y ait une erreur à partir du moment où d’autres personnes n’ont pas compris l’interprète », a déclaré la vice-ministre sud-africaine aux Personnes handicapées, Hendrietta Bogopane-Zulu.

La communauté des sourds en Afrique du Sud s’est dite « complètement outragée ».

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