Guinée : pluies diluviennes dévastatrices à Conakry, les commerçants en colère


Lecture 3 min.
arton50124

La capitale guinéenne est, depuis cinq jours, en proie à des pluies torrentielles qui paralysent l’activité économique de la ville. Une situation alarmante qui provoque l’ire des commerçants.

La capitale guinéenne est durement frappée par des pluies diluviennes. Depuis cinq jours, une pluie torrentielle s’abat sur Conakry causant d’importants dégâts matériels et humains. De source proche, quatre personnes ont déjà trouvé la mort. Des trombes d’eau ont transformé la capitale en un lac géant, ce qui a provoqué d’importants embouteillages et des accidents de la circulation. A en croire la radio nationale, plusieurs zones se sont retrouvées complètement submergées d’eau.

La population s’indigne. « Nous avons été réveillés par une forte pluie. Vous avez vu les eaux de ruissellement dans le salon ? Les moquettes sont foutues, les matelas sont foutus. Nous n’avons plus où dormir. Nous sommes de pauvres gens. Evidemment, c’est avec des pelles, des brouettes, des seaux, que nous nous battons contre ces intempéries. On s’en sert pour évacuer les eaux usées de nos maisons. Vraiment, nous demandons de l’aide », confie un habitant de Conakry, en détresse.

Au moment où certains pointent du doigt une mauvaise urbanisation de la capitale, d’autres parlent de la position de Conakry et « une combinaison anormale enregistrée dans le rapport entre certains phénomènes atmosphériques ». C’est le cas de Dr Mamadou Bah, directeur nationale de la météorologie et Représentant permanent de la Guinée auprès de l’Organisation Mondiale de la Météo (OMM). « La ville de Conakry a toujours été considérée comme l’une des capitales les plus pluvieuses du monde. Cela est dû à sa position géographique. D’abord, Conakry constitue une presqu’ile à l’intérieur de l’Océan et est située à moins de 100 km des chaînes de montagne (…). Ensuite, nous sommes en été, qui est caractérisé par un réchauffement du continent africain. Pendant cette saison, le continent est surchauffé, donc des conditions très favorables à l’ascension de l’air et la formation des nuages ».

Le scientifique poursuit ses explications. « Pendant cette saison pluvieuse, il y a une augmentation de la température qui se forme à la surface de l’eau de l’océan. C’est ce qui occasionne des zones dépressionnaires, c’est-à-dire des mini-cyclones. Ces derniers ont la particularité d’avoir des vents qui circulent dans le sens contraire de l’aiguille de la montre, c’est-à-dire se déplaçant de l’océan vers l’intérieur du continent ». Un phénomène qui, selon le spécialiste, a donné lieu aux fortes pluies à Conakry.

La situation irrite les commerçants de la ville qui, par la voix de leur président Cherif Abdallah, se sont attaqués au gouvernement. « Le problème de Conakry c’est que l’eau n’a pas de passage. Les canaux d’évacuation sont obstrués (…) Quand nous avons décidé de nettoyer Conakry, on m’a accusé de courtiser une place de gouverneur. Nous avons alors laissé Conakry pour aller nettoyer Labé et N’Nzérékoré. Là aussi, on m’accuse de lorgner le poste de ministre du Commerce (…). Nous ne sommes pas des politiciens, mais par le fait de politiciens nous sommes aujourd’hui en difficulté ».

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News