Guillaume Soro : « Nous sommes méprisés, humiliés »


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Dans une interview donnée dimanche de son domicile à Abidjan, l’ancien chef des rebelles Guillaume Soro a déclaré « Je peux seulement noter que nous sommes méprisés » « C’est une humiliation pour nous – l’état, le président, moi-même et les institutions » rapporte l’Agence Bloomberg.

La série de mutineries par des soldats en Côte d’Ivoire qui exigent le paiement de primes pour soutenir le président Alassane Ouattara ont humilié la Côte d’ivoire a déclaré le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro qui a autrefois commandé les troupes rebelles. Mais depuis le Président Ouattara a encore des difficultés à affirmer son autorité sur l’armée, qui a été regroupée dans une fusion entre les rebelles des Forces nouvelles du Nord qui l’avaient soutenu et des troupes professionnelles qui l’avaient combattues.

Le soulèvement régulier des soldats depuis plusieurs mois, alors que la plupart des ex-combattants rebelles se sont battus pour amener le président Alassane Ouattara au pouvoir, a paralysé plusieurs villes et entrainé de grande difficulté économique dans le plus grand pays producteur de cacao du monde. la cause de ce conflit, toujours la question du paiement d’arriérés de salaire et le versement des primes promises.

Ouattara choqué

Guillaume Soro a déclaré que pendant les mutineries il était en contact permanent avec le président. « Il a été choqué« , a-t-il dit à Bloomberg. « Il n’était pas content du tout« .

Pour Guillaume Soro les demandes des soldats n’étaient pas légitimes, et le gouvernement n’aurait pas du accepter de leur payer des primes d’une valeur de 12 millions de francs CFA (20 457) chacune après les premiers troubles de l’armée de cette année en janvier dernier. L’économie de Côte d’Ivoire a en effet ralentie, après une croissance importante ces dernière année, en raison d’une chute des cours du cacao de 36% au cours des 12 derniers mois.

La découverte d’un cache d’armes par les soldats mutins le 15 mai dans une maison qui appartient à Souleymane Kamarate Kone, chef du protocole de Guillaume Soro ont alimenté les soupçons qu’il soutenait les mutins (lire l’article : Côte d’Ivoire : Guillaume Soro sauveur de la mutinerie ?), mais Soro a refusé de commenter l’arrestation de son aide actuellement interrogé par la gendarmerie.

Réserves d’armes

Un groupe d’experts des Nations Unies a déclaré dans un rapport l’année dernière que Soro avait acquis environ 300 tonnes d’armes et de munitions en 2011 suite à la crise post-électorale. Soro a nié les accusations. « Je ne suis pas une personne qui peut poignarder dans le dos« , a-t-il dit. « J’ai toujours démontré ma loyauté envers le président Ouattara« .

Les mutineries ont montré que, malgré son économie relativement stable et en croissance, la Côte d’Ivoire était vulnérable aux troubles et la main-mise de Ouattara et de son Gouvernement sur l’armée fragile. Soro, qui était à la fois Premier ministre et ministre de la Défense jusqu’en 2012 quand il est devenu parlementaire, a déclaré qu’une partie du problème était que les anciens rebelles n’avaient pas suffisamment de formation et avaient peu à faire : « Même si j’avais laissé une armée mal disciplinée, des choses auraient pu être faites au cours des cinq dernières années pour améliorer » « Les causes doivent être trouvées dans la vie quotidienne des soldats« .

Quel avenir pour Soro ?

Ancien chef de l’union d’étudiants influents à l’Université d’Abidjan et du mouvement rebelle des Forces nouvelles de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro fût Premier ministre de Laurent Gbagbo avant de rallier le camp Ouattara après sa victoire à l’élection présidentielle de 2010.

De cette première expérience à la tête du gouvernement, Guillaume Soro dit ne rien regretter. « Je ne suis pas homme à renier mes amitiés », affirmait-t-il en 2016. Mais il assume les violences et renvoie la responsabilité à un Gbagbo arc-bouté sur le pouvoir.

Soro est considéré comme l’un des principaux prétendants capable de succéder à Alassane Ouattara, qui ne pourra se représenter en 2020 après deux mandats. Mais il fait face à des rivalités au sein du parti du président et de la coalition au pouvoir.

Guillaume Soro n’a pas encore fait part de ses intentions pour l’avenir : « Quand on me dit que je suis impatient, je suis choqué« , explique-t-il « Entre Emmanuel Macron, qui est président de la France à l’âge de 39 ans, et moi-même, qui a 45 ans et pas encore président, qui est impatient? J’ai commencé mon engagement politique et syndical en 1991. « 

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