Gaza : l’Egypte, silencieuse, ouvre sa frontière aux Palestiniens blessés


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L’Egypte, qui vient d’ouvrir sa frontière aux blessés palestiniens, n’a toujours pas activé son rôle de médiateur face à la répression meurtrière d’Israël sur Gaza. Parallèlement, des dizaines de Palestiniens continuent d’être tués alors que des centaines d’autres ont été kidnappés.

Alors que la campagne meurtrière israélienne s’est poursuivie sur la bande de Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi, Le Caire a annoncé l’ouverture du passage de Rafah afin d’accueillir les Palestiniens blessés, selon un responsable égyptien à la frontière. Le point de Rafah est l’unique point d’accès au territoire palestinien non contrôlé par Israël. Mais depuis la destitution le 3 juillet 2013 de Mohamed Morsi, les autorités égyptiennes le ferment très souvent et ne l’ouvrent que pour des occasions spéciales, notamment pour laisser passer des convois humanitaires.

L’agence officielle Mena a indiqué que les hôpitaux dans le nord du Sinaï étaient prêts à recevoir les blessés palestiniens. Hormis cette annonce, l’Egypte, habituée à jouer un rôle de médiateur, est restée très silencieuse depuis le début de l’opération baptisée « Bordure protectrice », lancée officiellement pour se protéger des roquettes qui tombent actuellement sur Israël et qui, rappelons-le, n’ont fait aucune victime à ce jour.

Un silence de marbre

Pendant des années, l’Egypte était habituée à jouer ce rôle de médiateur entre Palestiniens et Israéliens, y compris sous le règne du Président Morsi. Mais depuis l’accession au pouvoir de l’ex-maréchal Abdel Fattah al-Sissi, Le Caire semble avoir adopté une nouvelle posture, comme le souligne le New York Times. « Dans la dernière bataille, les Egyptiens semblent à peine soulever le petit doigt, laissant les combattants sans aucun intermédiaire », écrit le tabloïd américain.

Des officiels du Hamas ont d’ailleurs indiqué, mercredi à Gaza, qu’ils n’avaient vu presque aucun signe de la part des Egyptiens dans le but de désamorcer la crise. Sous la présidence de Mohamed Morsi, le Hamas avait trouvé en l’Egypte et tout particulièrement chez les Frères musulmans de fidèles alliés. D’ailleurs, de nombreux Palestiniens avaient pu bénéficier d’une carte d’identité égyptienne. Mais toutes ces actions en faveur du Hamas déplaisait à Abdel Fattah al-Sissi qui a qualifié ce mouvement de terroriste durant la sanglante répression contre les pro-Morsi. Un officiel du Hamas, qui requiert l’anonymat, a insisté sur le fait que dans d’autres conflits, les autorités égyptiennes « communiqueraient, interviendraient et se déplaceraient rapidement ».

70 Palestiniens tués

L’aviation israélienne affirme avoir visé 322 cibles du Hamas durant la nuit de mercredi à jeudi. « Nous avons visé 322 cibles durant la nuit à Gaza portant à 750 le nombre total de cibles du Hamas touchées par l’armée depuis le début de l’opération ‘Bordure de protection’ », a indiqué Peter Lerner, porte-parole de l’armée israélienne, dans un entretien avec des journalistes. « Nous poursuivons notre opération pour mettre la pression sur le Hamas », a-t-il précisé.

Une « pression » qui a officiellement coûté la vie à plus de 70 Palestiniens en trois jours, malgré le fait que Tel-Aviv affirme prendre soin de ne pas s’en prendre aux civils. Mais force est de constater qu’il s’agit bien d’une punition collective comme l’a relevé Mohamed al-Halabi, un habitant de Gaza. « Depuis 48h, toute la bande de Gaza est bombardée. Aussi bien les lieux publics que les habitations. C’est vrai que les bombardements sont ciblés mais lorsqu’un missile tombe sur un bâtiment public, les maisons aux alentours sont également touchées, raconte-il. Dans la bande de Gaza nous sommes bombardés tous les deux ans. La population a fini par s’habituer. On est prêts à affronter les raids », rapporte Reuters.

Pour rappel, les raids israéliens ont démarré après l’enlèvement en juin de trois colons israéliens tués en Cisjordanie (et non à Gaza). Le 2 juillet, un adolescent palestinien a été enlevé à Jérusalem-Est, avant d’être brûlé vif. Son corps a été retrouvé plusieurs heures après dans la partie ouest de la ville sainte. Il pourrait s’agir d’un acte de vengeance. Par ailleurs, selon des sources palestiniennes des droits de l’Homme, plus de 600 Palestiniens de Cisjordanie, dont de nombreux enfants, ont été enlevés depuis le début de la campagne répressive. Un communiqué du « Club des prisonniers palestiniens » classe Hébron au premier rang en termes de nombre de détenus (230 prisonniers), suivie de Naplouse (102 prisonniers) et de Bethléem (85 prisonniers).

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