France 2 et le Gabon : Bourgi se met à table


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L’avocat Robert Bourgi n’en finit pas de régler ses comptes avec le Gabon : dernier épisode de la saga, le pseudo-documentaire diffusé par France 2 le jeudi 6 juillet 2017, qu’il a visiblement inspiré, et qui revient sur cinquante années de relations étroites entre France et Gabon…

Bizarre documentaire, racoleur et simplificateur, diffusé par France 2 ce jeudi 6 juillet 2017, encadré par une complaisante interview de l’homme qui l’a inspiré, et qui n’en finit pas de solder les comptes de la Françafrique dont il fut l’un des tenants : l’avocat Robert Bourgi.

Malaise

On éprouve une sorte de malaise à voir cinquante ans de relations diplomatiques et économiques intenses entre le Gabon et la France résumées par une succession de clichés convenus : valises de billet, grosses voitures, questions oiseuses posées au président Ali Bongo, images prétendument volées alors qu’elles sont partout sur Internet… Vraiment Complément d’Enquête nous avait habitués à mieux.

Cible principale de ce déluge d’images d’archives mettant en scène la vie d’Omar Bongo, l’actuel président du Gabon, son fils Ali Bongo, celui qui précisément a officiellement et courageusement mis un terme aux relations incestueuses qu’entretenait son père avec toute une partie de la classe politique française, dont l’activité fut longtemps subventionnée par les subsides gabonais.

Certes, le documentaire montre bien comment l’actuel président du Gabon a coupé court aux vieilles habitudes dont le parti gaulliste, puis l’UMP qui en était l’héritier, perpétua aussi longtemps que possible la pratique. Mais il fait l’économie de toute enquête sérieuse sur la destination des fonds et l’identité de ceux qui, peut-être, en profitèrent.

Des silences qui font sens !

Rien sur les profits colossaux réalisés sur le pétrole gabonais par Total, hier Elf Gabon, ni sur le sens réel de la saillie d’Omar Bongo qui lâche dans un sourire : « La France, sans le Gabon, c’est une voiture sans carburant… » Rien sur le fait que la fortune du « clan Bongo » n’est pas revenue à Ali, mais à sa soeur Pascaline, exécutrice testamentaire de son père, et de fait principale héritière, puisqu’il lui revient de gérer ces biens dont la dévolution et le partage successoral n’a toujours pas été réalisé !

Tout ce qui pourrait être dit des enjeux politiques réels qui sous-tendaient le soutien de la France et du Congo au principal opposant d’Ali Bongo, son beau-frère Jean Ping, principal collaborateur de feu Omar Bongo, est passé sous silence. Le service public français s’honorerait pourtant à révéler le dessous des cartes, plutôt que de prêter son antenne à ce réquisitoire imprécis où s’exprime simplement l’amertume de Robert Bourgi ! A quand une analyse sérieuse des enjeux politiques et économiques régionaux?

Sauf si le vrai objet de ce documentaire décousu était dans l’interview finale de l’avocat, qui lui permet de flinguer à la fois François Fillon, et Nicolas Sarkozy, dont Bourgi raconte comment il fut complice de la révélation de l’affaire « des costumes », qui contribua grandement à détruire l’image de celui qui était le candidat désigné des Républicains aux élections présidentielles françaises de 2017 ! Encore une fois, l’Afrique n’est qu’un prétexte à régler des comptes franco-français…

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