Crise touristique au Burkina Faso


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La relative instabilité politique du Burkina Faso de fin octobre 2015 a continué de plomber un secteur touristique déjà très affecté par les différents conflits sous-régionaux et l’épidémie de fièvre Ebola. De plus en plus le secteur touristique au Burkina Faso connait une crise sans précédent.

L’Observatoire national du tourisme diagnostique un malaise plus profond. « Le secteur a commencé à chuter en 2008 avec le début de la récession économique en France, de loin notre premier pourvoyeur de visiteurs étrangers », explique le directeur de l’Observatoire, Irénée Sawadogo. « La crise sociale de 2011 a également joué négativement, puis il y a eu le début de la guerre au Mali, l’émergence de la secte islamiste Boko Haram et l’épidémie de fièvre Ebola… »

Ce contexte sous-régional perturbé a notamment entraîné l’annulation, l’an dernier, de plusieurs manifestations d’envergure internationale – Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), Tour du Faso, Salon international du tourisme et de l’hôtellerie (SITHO)… Or, depuis plusieurs années, ces événements, et de façon plus générale les déplacements professionnels, sont devenus le premier motif d’entrée au Burkina Faso -représentant plus de 70% des arrivées, bien loin devant les séjours de vacances (11,8%), les visites à des parents ou amis (8,2%) ou bien les safaris et la chasse (3,1%)

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Ruines de Loropeni

La légère reprise de l’activité hôtelière observée au premier trimestre 2015 s’explique donc essentiellement par le succès du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco), et non par le retour des touristes dits « de loisirs ». Bien au contraire.

A Banfora dans l’ouest du Burkina Faso l’une des zones les plus touristiques du Burkina, près du lac de Tengréla, Seydou Tou attend lui aussi désespérément les clients. Pêcheur de métier, ce père de famille au regard dur et aux larges épaules a bâti de ses propres mains le « Campement du ciel ». En 22 ans, l’homme n’a jamais connu saison aussi blanche : ses 24 cases demeurent irrémédiablement vides. Pour lui, l’impact de la Transition est évident : les classes et les colonies de vacances françaises, qui avaient l’habitude de séjourner chez lui en décembre et en août, ont annulé leur venue à la dernière minute, faute d’autorisation de la part de leur gouvernement. Dans ce climat morose, même les hippopotames que nous espérions apercevoir au lever du soleil semblent avoir déserté les bords du lac.

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Collines de Fabedougou

Conséquence de ce climat anxiogène entretenu par les médias occidentaux : les Burkinabè sont aujourd’hui plus nombreux à visiter leur pays que les étrangers. Couplé à l’augmentation du niveau de vie local et l’explosion de l’offre touristique à destination du public national, le nombre total de touristes continue donc de croître chaque année. Mais, dans le même temps, leur pouvoir d’achat s’affaiblit. Pour remédier à cela et inciter les voyageurs internationaux à revenir au Burkina, Ouagadougou accueillera le 27 septembre prochain la Journée mondiale du tourisme, sous le thème « un milliard de touristes, un milliard d’opportunités ». Le but, selon Irénée Sawadogo : « Montrer au monde que le pays des hommes intègres est une terre paisible, un havre de paix au cœur de l’Afrique de l’Ouest. »

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Mosquée de Dioulassoba à Bobo Dioulasso

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