Crise en RDC : Katumbi propose le plan de la dernière chance


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Invité à s’exprimer ce 29 novembre à Washington devant le très influent centre de réflexion The Atlantic Council, Moïse Katumbi a levé le voile sur les termes d’un possible plan de sortie de crise en RDC afin de garantir la tenue de l’élection présidentielle en 2017. Un scrutin auquel ne pourrait pas participer Joseph Kabila. Le dernier Gouverneur de l’ex-Katanga en a profité pour réaffirmer l’unité de l’opposition réunie au sein du Rassemblement, ainsi que sa détermination à ne pas laisser s’installer une « dictature » en RDC.

Moïse Katumbi est plus que jamais déterminé à se battre pour la démocratie et l’alternance en RDC. Invité du prestigieux think tank The Atlantic Council à l’occasion d’un séjour à Washington, il a délivré un message d’ouverture mais aussi de fermeté. En substance, le Rassemblement, dont il est avec Etienne Tshisekedi, la grande figure, serait prêt à proposer un plan « raisonnable » de sortie de crise à Joseph Kabila avant que n’advienne la date fatidique du 19 décembre, qui marque la fin du second et dernier mandat constitutionnel du Président actuel. Un texte très différent de l’accord politique conclu le 18 octobre dernier au camp militaire de Tshatshi, co-signé notamment par Samy Badibanga et Vital Kamerhe, qui fixe hypothétiquement la date de l’élection présidentielle à avril 2018 et offre ouvre à Joseph Kabila la possibilité de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

La présidentielle au plus tard en septembre 2017, pas de troisième mandat pour Kabila

Rien de tel en l’espèce. La proposition du Rassemblement vise en effet à limiter la violation de la Constitution en décalant de quelques mois seulement l’élection présidentielle (qui aurait lieu au plus tard en septembre 2017) et en garantissant l’alternance (à travers l’interdiction faite au chef de l’Etat de se représenter, conformément à la Constitution). C’est la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), actuellement à l’œuvre, qui est chargée de faire les bons offices entre les deux camps.

« C’est le plan de la dernière chance », affirme un professeur de droit public de l’UniKin. « Les termes proposés par le Rassemblement visent à préserver autant que faire se peut la Constitution, mise à mal par Joseph Kabila. Par rapport à l’accord politique du 18 octobre, il n’a rien à voir. Certes, Kabila est maintenu au pouvoir mais durant quelques mois seulement. En outre, il est encadré par un gouvernement et une Ceni à la composition renouvelée et dont le seul mandat est l’organisation des élections. Enfin, il lui est impossible de se représenter pour un nouveau mandat et donc de modifier la Constitution en ce sens. » « Là où les digues ont lâché lors du précédent dialogue du camp militaire de Tshatshi, nous les reconstruisons », résume en substance un responsable de l’Alternance pour la République, une plateforme membre du Rassemblement de l’opposition.

« La RDC n’est pas la propriété privée d’un seul homme »

Pour imposer ce scénario, Moïse Katumbi et le Rassemblement de l’opposition, « plus uni et soudé que jamais », compte sur la mobilisation populaire, que nombre d’observateurs pressentent forte à partir du 20 décembre, mais aussi sur la pression de la communauté internationale qui devrait aller en s’accentuant. « Le Président Kabila a déjà violé la Constitution et ne donne aucun signe de bonne foi. Nous devons donc le contraindre par tous les moyens appropriés à accepter cet accord. La mobilisation de la population en décembre sera très importante, malgré le risque de répression féroce. Mais pour réussir, nous avons besoin de l’action de la communauté internationale afin que la transition puisse débuter dès le 20 décembre 2016 et ne pas aller au-delà des élections en septembre 2017 », a indiqué l’homme le plus populaire de RDC (selon un sondage récent) devant l’Atlantic Council.

Concluant son propos, Moïse Katumbi, considéré par Joseph Kabila comme l’opposant le plus dangereux, a dénoncé la patrimonialisation de l’Etat congolais : « la RDC n’est pas la propriété privée d’un seul homme ; elle est le bien commun de tout un peuple. Le peuple congolais aspire à la démocratie, au respect de sa Constitution et à l’alternance. Il ne tolérera jamais qu’une dictature s’installe à nouveau dans son pays. Je ne le tolèrerai pas non plus. J’exhorte donc la communauté internationale, les Etats-Unis et les grandes démocraties en particulier, à tout mettre en œuvre pour aider le peuple congolais à ancrer la RDC dans le giron des démocraties. Il en va de la stabilité et de la paix non seulement de notre pays, mais également de toute une région – l’Afrique centrale et l’Afrique des Grands Lacs –, mais aussi du reste du monde. »

Une chose est certaine, le 20 décembre 2016, Joseph Kabila fera face à l’écrasante majorité des 80 millions de Congolais qui souhaitent son départ… de gré ou de force. Le président congolais rejoindra-t-il alors ses ex-pairs africains, le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, l’Egyptien Hosni Moubarak ou le Burkinabè Blaise Compaoré, chassés du pouvoir par la mobilisation populaire ? L’Histoire ne devrait pas tarder pas à nous le dire.

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