Congo, Constitution : le texte intégral de l’allocution de Denis Sassou N’Guesso


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Drapeau du Congo
Drapeau du Congo

L’allocution prononcée par le Président Denis Sassou N’Guesso le mardi 22 septembre 2015, par laquelle il annonce l’organisation d’un referendum sur l’évolution des institutions et de l’organisation des pouvoirs au Congo mérite d’être connue… Afrik.com la reproduit ici à titre de document.

Mes Chers compatriotes,

Depuis plus d’un an, le Congo est en débat sur une question qui occupe
largement l’opinion nationale et imprègne les consciences. Telle l’horloge de la
vie, ce débat s’est imposé à nous. Il s’était instantanément répandu à l’ensemble des couches de la population dès qu’il avait été soulevé, suscitant intérêt et passions. Aujourd’hui encore, il retient toute l’attention des hommes et des femmes politiques de notre pays.

Ce débat, c’est celui portant sur l’évolution des institutions de notre
République. Tout bien considéré, il se pose dans des termes simples, à savoir : faut-il changer ou non la Constitution en vigueur dans notre pays ?
Interpellé maintes fois par vous, mes chers compatriotes, j’ai appelé à des
consultations républicaines. Des dirigeants, délégués des partis politiques, des associations de la société civile et des autres forces vives de la nation, qui ont répondu nombreux à mon invitation, m’ont partagé leur conviction sur la question.

Une très large majorité a soutenu devant moi qu’il y a nécessité et urgence
à faire évoluer les institutions de la République aux fins de les adapter au
nouveau contexte socio-économique de notre pays. Selon les défenseurs de cette opinion, la poursuite harmonieuse du développement du Congo en dépend.

D’autres dirigeants, peu nombreux, m’avaient dit leur opposition à l’idée de
faire évoluer en profondeur les institutions de la République. Cependant, ils
n’écartaient pas la possibilité de procéder à quelques aménagements de celles-ci
en tant que de besoin.

Le débat engagé étant celui des Congolais, entre eux, il était de mon devoir
de créer les conditions pour qu’ils se parlent directement. Cela fut fait avec la convocation du Dialogue national, à Sibiti du 13 au 17 juillet de cette année, Dialogue consacré non seulement aux institutions, mais aussi à la problématique de la gouvernance électorale au Congo.

Comme tous vous le savez, les 629 participants au Dialogue ont, sur la
question de la gouvernance électorale, à l’unanimité, réuni de nécessaires
convergences sur la manière dont nous, Congolais, devons désormais organiser
les élections dans notre pays. Dans le même esprit fraternel et citoyen, les
participants au Dialogue « ont, par consensus, selon leurs propres termes, opté
pour les réformes institutionnelles, s’en remettant au Président de la République, initiateur du Dialogue, pour qu’il en tire les conséquences, conformément à ses prérogatives constitutionnelles ».

En observant l’évolution de la société congolaise, depuis plus de 50 ans, j’ai
retenu que les Congolais ne veulent pas que l’on décide à leur place. Ils ne
veulent pas qu’on leur impose un idéal. Ils ne veulent pas non plus qu’on
restreigne ou qu’on les prive de leur liberté.

Ils veulent être entendus sur les choix qui engagent leur avenir. Ils veulent
être libres de dire “oui” ou “non”, s’il y a un choix à faire les concernant. Ils veulent tous être respectés parce qu’ils sont Congolais et fiers de l’être.
Conscient de tout cela et dans la perspective d’apporter la réponse à la
sollicitation des participants au Dialogue national de Sibiti, j’ai interrogé la Cour
suprême, en sa qualité de conseil du gouvernement, et requis l’avis de la Cour
constitutionnelle sur la possibilité d’organiser un référendum sur l’évolution des
institutions de la République. Ces deux hautes juridictions m’ont répondu positivement.

Mes Chers Compatriotes,

En me fondant sur le premier alinéa de l’article 3 de la Constitution qui
stipule que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce au
moyen du suffrage universel par ses représentants élus ou par voie de
référendum », et sur le troisième alinéa de l’article 110 de la Constitution qui
attribue l’initiative des référendums au Président de la République concurremment avec le Parlement,

J’ai décidé de donner la parole directement au peuple afin qu’il se prononce
sur le projet de loi énonçant les principes fondamentaux de la République,
définissant les droits et devoirs des citoyens et fixant les nouvelles formes
d’organisation et les nouvelles règles de fonctionnement de l’Etat.
Après adoption du projet de Constitution qui sera élaboré par une
commission mise en place à cet effet, le gouvernement déterminera les modalités de convocation du scrutin référendaire qui aura lieu dans un proche horizon.

Congolaises, Congolais, mes chers compatriotes, allons donc aux urnes,
décider nous-mêmes de notre avenir ! C’est l’authentique exigence de la
démocratie que nous avons voulue et instaurée dans notre pays au début des
années 1990.

L’aventure et le désordre ne relèvent pas de la démocratie. Ils n’ont aucune
place dans la République et ne sauraient être tolérés.

Que tous les hommes et toutes les femmes politiques, retiennent, comme
moi, que les Congolais n’ont pas besoin de violence. Ils n’ont pas besoin d’être
instrumentalisés. Ils n’ont pas besoin de voir certains d’entre eux s’opposer à
d’autres dans des combats fratricides. Ils n’ont pas besoin de revivre les tristes et douloureux événements des années 1990.

Les Congolais ont besoin de vivre en paix. Une paix pérenne. Ils ont besoin
de travailler et de profiter, en toute sérénité, du fruit de leur travail. Ils ont besoin de partager leur bonheur en famille et leur joie de vivre avec les autres citoyens du monde bénéficiant de la paix.

Les Congolais ont besoin de jouir pleinement de leur droit à la liberté et à la
souveraineté, pour façonner, à leur manière, leur destin : en dehors de tout diktat, loin des égos suicidaires, des ambitions personnelles et des prétentions
partisanes.

Je veillerai personnellement à ce qu’il en soit ainsi. De la même façon, je
serai attentif au bon déroulement des scrutins à venir de sorte que, dans la
transparence requise, seule la volonté du peuple soit faite.

Vive la démocratie, Vive la paix, Vive la République.

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