Centrafrique : « Le Tchad sauve Bozizé avec la bénédiction de la France ? »


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François Bozizé et les rebelles du Séléka ont été contraints par le Tchad, qui contrôle la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC), de négocier. Sous surveillance de la France, qui a une base à Libreville la capitale du Gabon, le Tchad, ancien allié militaire de la Centrafrique, et les Etats de l’Afrique centrale ont fait comprendre à la rébellion que la ville de Damara était la ligne rouge à ne pas franchir. On se dirige tout droit vers un gouvernement d’union nationale assorti d’un départ négocié pour le président centrafricain garantissant sa sécurité, analyse pour Afrik.com Lydie Boka, manager du site Strategico.fr.

Le Tchad, la main invisible. En trois semaines, les rebelles du Séléka ont pris les 3/4 de la Centrafrique. Ils auraient pu prendre Bangui, la capitale. Postés à Sibut, à 160 km de la plus grande ville du pays -600 000 habitants-, les rebelles ont été contraints de ne pas franchir la ville de Damara. L’ultimatum a été donné par le Tchad, leur promettant des négociations avec le président François Bozizé.

« Ni Bozizé ni les rebelles avaient vraiment le choix. Les Etats de l’Afrique centrale, sans porter Bozizé dans leur cœur, ont peur que la même chose (le conflit) arrive dans leur pays. Par personne interposée, la France regarde ça de près, elle qui a une base à Libreville, la capitale du Gabon », confie à Afrik.com Lydie Boka, manager du site Strategico.fr.

Le Tchad, ancien allié militaire de la Centrafrique, commande en Centrafrique. « La Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC) sera constituée de 780 hommes dont 80% des militaires tchadiens. Le Tchad a laissé les rebelles prendre ville par ville avant de les prévenir que Damara était la ligne rouge à ne pas franchir, et a ainsi envoyé un message fort à Bozizé pour lui forcer à négocier avec les rebelles en tenant ses engagements promis à ces derniers qui l’ont aidé à prendre le pouvoir en 2003 », souligne la spécialiste de l’Afrique.

Bozizé dans la porte de sortie

Pour calmer le jeu, le président Bozizé a décrété le 2 janvier à la radio nationale le licenciement de son fils, Jean-Francis Bozizé, ministre délégué à la Défense. Une mascarade ?

« Un message à l’égard de l’opinion pour dire qu’on vous écoute, et on va remédier aux problèmes. Mais, c’est symbolique : son fils n’était que ministre délégué, et lui-même (François Bozizé) reste ministre de la Défense, or il aurait dû quitter ce poste car il bafoue la Constitution de son pays qui interdit d’occuper simultanément le poste de président et celui de ministre de la Défense », prévient à Afrik.com Lydie Boka, manager du site Strategico.fr..

L’intervention du Tchad assure, dans un premier temps, une sortie positive à François Bozizé, puisqu’il doit négocier avec les rebelles sur la nouvelle transition. Cependant, les rebelles vont exiger que cette transition politique se fasse sans le président centrafricain. « On se dirige alors tout droit vers un gouvernement d’union nationale assorti d’un départ négocié pour Bozizé garantissant sa sécurité ».

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