Centrafrique : de l’insécurité à la guérilla urbaine


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L’insécurité qui gangrène la Centrafrique depuis l’arrivée au pouvoir de l’ex-rébellion Séléka s’est transformée en guérilla urbaine.

(De notre correspondant à Bangui)

Les ex-rebelles du Séléka incontrôlés ont changé leur tactique d’opérations. Désormais, ils pillent ponctuellement et tirent sporadiquement exécutant la population civile ou les soutirant de l’argent. Cette nouvelle situation n’est autre chose que la résultante directe des mesures vigoureuses prises par les autorités politiques, en vue de restaurer le plus rapidement possible la paix et à la sécurité sur toute l’étendue du territoire centrafricain.

La police militaire, cette troupe mixte composée des hauts gradés du Séléka et les éléments de la Fomac (Force multinationale de l’Afrique centrale) sillonne 24/24 heures la ville de Bangui, la capitale, à la traque des ex-rebelles qui détiennent encore illégalement d’armes en leur possession. Des armes qu’ils utilisent contre la population civile. Le renforcement de l’effectif des hommes de la Fomac qui a débuté augmentera la puissance de la traque.

Les ex-rebelles ont ainsi contourné la stratégie des autorités pour opérer sous une autre forme. Puisque les éléments incontrôlés de l’ex-rébellion n’ont rien pour assurer leur survie, c’est sur la population civile que la réponse doit être recherchée. Alors que le Premier ministre, Nicolas Tiangaye affirmait lors d’une conférence de presse que Bangui devra être déclarée « ville sans armes » d’ici la fin du mois de mai et que les combattants seront désarmés « de gré ou de force » avant d’être encasernés en dehors de la ville.

Une guérilla urbaine

En attendant, les pillages et exactions prennent désormais une forme de guérilla urbaine dans laquelle les auteurs jouent au chat et à la souris avec la police militaire. Ça tire, ça pille, ça tue, ça viole, encore de manière sporadique, au point de renforcer l’inquiétude des parents à laisser leurs enfants reprendre le chemin de l’école ; les fonctionnaires et agents de l’Etat à se rendre à leurs lieux de travail. Cela, en dépit de l’appel pressant des autorités centrafricaines à la reprise des activités. C’est d’autant plus périlleux que même les fonctionnaires qui ont tenté de reprendre le travail se font taper sur les doigts à l’image du commissaire de police du 6ème arrondissement de la capitale qui, en voulant sortir de sa cachette, est tombé sur les éléments incontrôlés du Séléka qui sont entrés dans sa maison. De quoi estomper l’élan de la reprise en dépit du bon vouloir du génie national, car il s’agit là d’une question de vie ou de mort.

L’on redoute ainsi de l’issue favorable de l’effort de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Ceeac) qui voudrait envoyer des troupes supplémentaires en Centrafrique, en vue de sécuriser le pays, car le nouveau mode opératoire des ex-rebelles risque de compromettre les actions qu’envisage d’entreprendre la Fomac.

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