[CANNES 2014] Abdoul Karim Konaté : « La violence n’a jamais conduit à l’émergence d’un pays»


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Le comédien Abdoul Karim Konat? incarne le héros du film de Philippe Lacôte « Run », en compétition dans la section Un Certain regard au Festival de Cannes. Entretien

Abdoul Karim Konaté prête ses traits à Run dans la fiction éponyme de Philippe Lacôte. Le cinéaste, dans un long flashback, revient sur le parcours de celui qui vient d’assassiner le Premier ministre ivoirien. C’est la troisième fois, après « Le Djassa a pris feu » (2012) et « To Repel Ghosts » (2013), que Philippe Lacôte retrouve Abdoul Karim Konaté sur un plateau de cinéma.

Afrik.com : Chaque Ivoirien, y compris vous, a bien évidemment un avis sur la situation politique en Côte d Ivoire. Pourtant, le personnage de Run a un parcours politiquement très riche mais il paraît subi. Au début de son aventure avec les « Jeunes patriotes » (mouvement qui a soutenu l’ancien président Laurent Gbagbo, ndlr), il apparaît dépourvu de toute conscience politique mais il est porté par les soubresauts politiques de son pays. Comment arrive-t-on à incarner ce paradoxe ?

Abdoul Karim Konaté :
Run n’a peut-être pas de conscience politique mais, moi, Abdoul Karim Konaté j’en ai une parce que j’ai vécu la crise de ces quinze dernières années. Je ne suis pas sorti du pays. J’ai vu, écouté et vécu ce qui s’est passé. A l’instar de tous les autres jeunes de Côte d’Ivoire qui ont été manipulés sur le plan politique. Tout cela m’a imprégné et je m’en suis servi pour incarner Run. Avec Philippe Lacôte, nous avons beaucoup travaillé.

Afrik.com : La relation de Run avec Assa est très particulière, très forte. Comment avez-vous travaillé avec Isaac De Bankolé ? Comment s’est déroulée la rencontre avec la vedette du cinéma qu’il est pour un jeune acteur comme vous ?

Abdoul Karim Konat? :
Je connais Isaach De Bankol? depuis que j’ai 15 ans. Je me suis intéressé à lui parce que je le trouve très charismatique. J’ai vu ses films et j’ai suivi sa carrière. Quand Philippe Lacôte m’a dit que j’allais jouer avec Isaach De Bankolé, j’ai dit : « Waouh! ». J’étais impressionné. Mais c’est quelqu’un de très humble. Quand Isaach de Bankolé est arrivé sur le tournage, il m’a tout de suite mis à l’aise. Même s’il ne parle pas beaucoup. Run est orphelin de père donc Assa devient ce père qu’il n’a pas. La relation qu’entretiennent les deux personnages est par conséquent très forte. C’est lui qui soigne Run quand il le retrouve blessé, le prépare et le transforme en fou en vue de l’assassinat du Premier ministre. D’une certaine manière, Assa a quelque peu manipulé Run pour arriver à ses fins néanmoins leur relation reste sincère.

Afrik.com : La Côte d’Ivoire tente de se reconstruire aujourd’hui. Etes-vous confiant en son avenir ?

Abdoul Karim Konat? :
Sans paix, il n’y a pas d’avenir. La Côte d’Ivoire est bien partie pour renouer avec la paix. Tous les Ivoiriens souhaitent que leur pays retrouve la stabilité, moi y compris. Si la Côte d’Ivoire n’est pas stable, je ne pourrai pas y travailler alors qu’il est très important pour moi d’y avoir une carrière. La violence n’a jamais conduit à l’émergence d’un pays.

Afrik.com : Vos projets ?

Abdoul Karim Konat? :
J’ ai deux tournages prévus en Côté d’Ivoire : une sitcom et un long métrage, deux productions ivoiriennes.

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