Cameroun : à découvrir, les origines du « Ngondo »


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Le Ngondo est une fête traditionnelle et rituelle des peuples côtiers camerounais. Elle réunit les peuples sawa de la région du Littoral (Douala) pendant la première semaine du mois de décembre. C’est une très grande fête, belle et spectaculaire, qui marque ceux qui en sont témoins.

Le Ngondo est l’assemblée traditionnelle du peuple Douala. Il existe selon des sources attestées depuis 1830, bien avant que les premiers missionnaires n’arrivent au Cameroun, et surtout bien avant la mort en juillet 1845 de Ngando a Kwa, Roi des Akwa à l’époque. Mais c’est pourtant à lui que l’on accorde l’honneur d’être le « père » du Ngondo.

Les racines profondes du Ngondo

C’est à cause de Malobè Etamè originaire de Pongo (Nord-Ouest de Douala) que ce festival a commencé. En effet, c’était un colosse qui semait la terreur pendant les jours du marché. Il saccageait tout ce qu’il voyait, surtout quand les marchandises appartenaient aux Douala (Les Douala pur sang). C’était le sauve-qui-peut dès qu’il apparaissait. Les gens criaient : Malobè a o don ! Malobè a o don ! « Malobè est (là) au marché ! Malobè est (là) au marché ! » (sous-entendu : « Que chacun se tienne sur ses gardes ! » « Sauve qui peut ! »).

L’affaire arriva donc aux oreilles des chefs Douala qui ne pouvaient pas digérer ça. Pour résoudre cette situation, les chefs des 4 clans Douala et leurs notables s’étaient réunis afin de laver l’affront et trouver une solution à cette affaire qui n’honorait pas le peuple Douala. C’est donc cette assemblée du peuple qu’on appelle depuis ce jour le Ngondo. Rappelons aussi que le même mot désigne en langue douala le cordon ombilical qui relie le nouveau né et sa mère.

De cette image, les Douala décidaient dorénavant que l’idée du lien devant les unir était bonne. Ainsi le Ngondo est devenu le symbole de leur unité, la concrétisation d’un front uni appelé à défendre l’honneur du peuple, aussi bien à l’intérieur qu’à l’étranger.

Pendant ce temps, le même jour, les Douala choisissaient un Bakoko de Japoma, nommé Engômga, un colosse très fort, comme leur vengeur. Le gars affronta dans un combat à coups de poings le terrible Malobè Etamè. Après un combat engagé, Engômga l’emporta sur Malobè. Il l’attacha et l’envoya au “fin fond” de la cale d’une grande pirogue. Puis les Douala allèrent le chercher et le vendirent aux négriers. Dès lors, plus personne n’entendit plus parler de Malobè Etame.

Mais, aujourd’hui, on entend encore le refrain Malobè a si wèli Engômga : « Malobè n’a pas pu résister à Engômga » au cours de plusieurs cérémonies traditionnelles du peuple de la côte. Notamment à travers les tambours lors des compétitions sportives sur le Wouri ainsi qu’à l’occasion de la lutte douala. Un moment durant lequel deux hommes en sandja s’affrontent pour savoir qui est le meilleur.

On retrouve aussi ce refrain dans plusieurs contes des habitants des rives du Wouri, du Mungo, de Abô et de la Sanaga. Enfin, le nom de Mabè est surtout resté célèbre dans les circonstances suivantes : dans ces contrées, lorsque quelqu’un se trouve en présence d’une épreuve ou d’une difficulté majeure, ou devant un de ces multiples cas embarrassants de la vie, ou devant les conséquences (fâcheuses) de ses propres actes, il est courant d’entendre les autres le plaindre et lui dire, parfois en se moquant : « Malobè a o don ». « Malobè est là ! » (Prenez vos dispositions, faites tout pour vous tirer d’affaire !)

Le Ngondo est devenu l’assemblée traditionnelle de tous les peuples côtiers du Cameroun

Quoiqu’il en soit, le Ngondo est devenu la main vengeresse de leur humiliation à Pongo. Puis il est devenu très vite, l’organe qui devait réprimer les meurtres suivant la loi du Talion : « Vie pour vie, dent pour dent, œil pour œil… » Ceci, quel que soit le rang social de leur auteur. Plus tard, le Ngondo déborda le cadre douala « stricto sensu » et devint l’assemblée traditionnelle de tous les côtiers du Cameroun. A présent, en est membre naturel et de droit, tout natif de la région du littoral camerounais.

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