Burundi : cadavres et douilles d’AK-47 jonchent les allées


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Près d’une quarantaine de corps de jeunes hommes ont été découverts, samedi matin, dans les rues des quartiers contestataires de la capitale. Si les douilles d’AK-47 qui jonchent les allées indiquent par endroits des combats intenses entre force de l’ordre et opposition armée, certaines victimes présentent des signes indéniables d’exécution extrajudiciaire.

A Bujumbura,

La capitale burundaise s’est réveillée ce samedi 12 décembre en redoutant le pire. Et avec raison. Les violents affrontements armés qui ont secoué Bujumbura dans la nuit de jeudi à vendredi ont ensuite laissé place à d’intenses combats de rue entre forces de l’ordre et opposition armée continuant jusqu’à la nuit tombée dans plusieurs quartiers contestataires de la capitale dont Nyakabiga, Jabeau Nord et Musaga au Sud.

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Terrés dans leurs domiciles, les habitants des ruelles où se sont déroulés les combats n’ont osé sortir qu’au lever du jour, ce samedi matin, après une nuit pluvieuse où seuls quelques tirs isolés ont été entendus. « Nous n’avons rien mangé depuis jeudi soir, explique Jeanne, une habitante de Nyakabiga, n’osant sortir de la parcelle (ndlr : terrain bordé et clôturé autour des habitations à Bujumbura) de peur d’être pris pour des rebelles ». Un voisin ajoute : « A Jabe, un enfant de 12 ans a été tué alors qu’il partait chercher du sucre. Chaque jeune homme en âge de se battre aperçu seul ou en train de fuir a été ciblé ».

Mais le petit quartier de Nyakabiga, au nord de la capitale, a indéniablement vécu le réveil le plus macabre. 21 corps y ont été retrouvés. « Certaines victimes ne sont pas d’ici », précise l’un des voisins attroupé autour du énième corps retrouvé au bord d’un fossé. Chacun y va de son explication : pour les uns, les forces de l’ordre ont apporté des prisonniers faits lors des affrontements de la matinée pour les exécuter et terroriser le quartier, d’autres estiment que des opposants ont cherché à se cacher loin de leur zone habituelle pour échapper, en vain, à la répression. Difficile pour l’instant d’en savoir plus sur l’origine de ces victimes.

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Depuis le début de la crise, l’identification des corps se fait laborieusement à coup de photos diffusées sur les réseaux sociaux. Pour le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée, « les corps retrouvés à Nyakabiga sont ceux des assaillants ayant attaqué plus tôt dans la matinée le camp de Ngagara, situé à quelques kilomètres et qui ont ensuite été poursuivis lors de leur repli dans ce quartier ».

A Nyakabiga comme Musaga, certaines victimes ont pourtant été tuées à leur domicile, abattues à bout portant. Deux corps ont mêmes été découverts encore ligotés à Nyakabiga ne laissant planer aucun doute sur l’existence d’exécutions extrajudiciaires. Une accusation que le porte-parole a pourtant refusé de commenter lors de la conférence de presse organisée ce samedi après-midi. Pour le gouvernement, le bilan des violences, qui durent depuis jeudi dernier, est le résultat d’une confrontation armée ayant donné lieu à « 79 assaillants tués et 45 capturés pour 8 morts et 21 blessés côté forces de l’ordre ».

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